The Yale Anthology of Twentieth-Century French Poetry

(WallPaper) #1

part 6. 1981–2002: young poetry at the end of the millennium


L’Été


1
Bon, c’est la chaleur.
Tu vois le tableau: fenêtres ouvertes, les premières mouches et aussi les bruits de
motocyclettes
et le vent tiède avec des pointes de fraîcheur, les odeurs fraîches et pas encore
l’été
(herbe coupée, bêtes crevant de chaud, huiles solaires, flaques de mazout, pizza
brûlée).
Bouche contre bouche, jambes tordues, bras enlacés, mains collées, langues
molles
(«nous ne faisons, en cet instant, mon amour, sais-tu, qu’un, qu’un, qu’un!!!»
autrement dit cri de désespoir, d’enthousiasme & de jouissance).
Tu vois le tableau.


L’Été


2
Ce sont les premiers beaux jours.
Les premiers beaux jours.
Les beaux jours reviennent.
L’arbre lentement va se couvrir de feuilles.
L’arbre va noircir, carboniser sous nos yeux.
La lumière sera blanche. Les arbres seront noirs sur le blanc de la lumière.
Des fleurs rouges vont sortir de terre.
L’herbe sera verte, puis jaune.
Le ciel sera très bleu le matin, très blanc à midi, très bleu le soir
et noir, noir!!! la nuit.
L’air va s’épaissir, devenir très épais, lent et lourd à déplacer.
C’est pour cela que les branches s’agiteront lentement,
très lentement.
Ralentir.
Le ralentissement.
La douceur.
La lenteur.
Nous marcherons très lentement.
L’air sera doux, mou, lourd.

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