French Grammar in Context

(lu) #1

13 Articles and quantifiers


TOUR DU MONDE
Mon cher Guillaume,
Tu me demandes, à moi qui ai bourlingué dans tous les pays, ce que j’ai retenu
de mes expériences et qui pourrait te servir à toi , dans ta petite affaire désireuse de
sortir de sa province. Souviens-toi , cependant, qu’il n’y a pas de«trucs» dansla
5 gestion desentreprises. La plupart des méthodes qui réussissent n’y parviennent
que parce qu’elles correspondent àla culture dupays. Déracinées, elles peuvent se
révéler stériles ou dangereuses. Te voilà prévenu.
ÉTATS-UNIS. Aucun pays ne marie, comme celui -là, leprofessionnalisme dans
l’action etla capacité de remise en cause radicale. En général, lesgens que nous
10 connaissons chez nous pour prendre brusquement desvirages à 90 degrés, sont des
instables, destouche -à-tout, en résumé desamateurs. Eh bien , auxÉtats-Unis, ce
sont despros! Lavie desaffaires n’a pas d’a priori. Surveiller l’évolution dela
technique , lesvariationsdu marché,la sophistication desmoyens financiers, est
l’obsession de l’entrepreneur américain. Il est prêt à tout – se déplacer, s’endetter, se
15 vendre, racheter, licencier, embaucher... – pour s’adapter, et vite, à desréalités
nouvelles.
JAPON. Que n’a -t-on dit et écrit sur lesrecettesdu miracle japonais! L’obsession
dela qualité. Lacontinuité dans desprojets à long terme. Ladiscipline dansle
travail. L’essentiel est ailleurs: lasubordination naturelle de l’individu à toute
20 collectivité, qu’il s’agisse de lafamille , de lanation ou de l’entreprise.Le toutvaut
toujours infiniment plus que lesparties qui le composent. Et ces parties ne se sentent
valorisées que par leur appartenance à untout. Lereste découle de cela. Ce
n’est évidemment pas facile à transposer chez nous. Si l’Amérique organisele règne
du plus fort,le Japon , lui , se soumet aurègne desensembles sur lesindividus.
25 ALLEMAGNE. Il y a aussi un certain patriotisme d’entreprise dans ce pays, mais la
racine dela réussite me paraît être ailleurs: dansle sensdu métier. UnAllemand, à
quelque degré dela hiérarchie qu’il se situe, ale sentiment d’exercer unmétier,
dont il a appris lesrègles et qu’il accomplit scrupuleusement. Cela explique les
efforts déployés par toutes lesentreprises pourla formation de leur personnel. Il ne
30 viendrait pas à l’idée du syndicaliste que cette formation va aliénerle salarié. Ni à
l’idéedu patron qu’elle va pousserle salarié àla revendication.
ITALIE. Voilà unenation sans État.C’est-à-dire sans règlesstables dont
l’application serait rigoureusement contrôlée. Chacun est donc encouragé, en
permanence, à s’adapter auxréalités lesplus changeantes, en particulier auxgoûts

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