en présence.
En effet les mots n’ont pas ou plus le même
sens pour tous les acteurs concernés, d’au-
tant plus que se cache souvent sous les
mots la confrontation d’une culture urbaine
et d’une culture rurale. Il est dès lors urgent
de négocier le contenu sémantique du projet
avant que la crise n’éclate. L’expression
même de protection de la nature suscite
souvent dans le monde rural une incompré-
hension : protéger veut en effet dire implici-
tement protéger contre quelque chose ou
quelqu’un. Si on ne précise pas ce quelque
chose ou ce quelqu’un, on ne peut empê-
cher les acteurs ruraux traditionnels de pen-
ser qu’ils sont vus comme des agresseurs de
la nature, et que les citadins, les « gens
d’ailleurs », cherchent à protéger les terri-
toire ruraux contre ceux qui y vivent et y
travaillent.
Très rapidement, le débat sombre dans l’al-
ternative manichéenne classique où chacun
est sommé de choisir entre l’homme et la
nature ; les protecteurs de la nature sont
alors perçus comme fondamentalement hos-
tiles à l’homme. Les ruraux se proclament
souvent « espèce menacée » et refusent
catégoriquement ce qu’ils dénoncent comme
une création de « réserves d’indiens ».
Pour éviter cette incompréhension, Henri
OLLAGNON et son école de stratégie patri-
moniale proposent de parler en terme de «
qualité d’un territoire », et en particulier de
« qualité du vivant » du territoire. De fait
les acteurs ruraux peuvent adhérer à la
nécessité de maintenir ou restaurer un haut
niveau de qualité du vivant naturel et
humain sur leur territoire de vie.
History, cculture aand cconservation
Figure 5.Figure Plant d’Arnica dans le parc
national du Mercantour : image de la biodiversité
perçue comme utile par tous (Courtoisie Parc
National du Mercantour & Gilbert Rossi)
La gestion patrimoniale selon Henri OLLAGNON
La question est celle du mode de réduction, légitime, de la complexité des problèmes, en prônant
l’alliance d’une intelligence intuitive et d’une intelligence universaliste.
L’enjeu est de refuser aussi bien une approche de la nature en tant que « res nullius », qui fonde
la croyance qu’on trouvera toujours des solutions plus tard, qu’une approche qui ne s’exprime qu’en
normes et contraintes, et qui conduit les partenaires les plus proches du problème à se rebeller.
L’objectif est de susciter les conditions qui permettent une appropriation, par les partenaires poten-
tiels identifiés, d’un patrimoine commun qui fonde l’identité de chacun dans un monde en évolution,
et qu’il convient dès lors d’agir ensemble.
Le moyen est une gestion adaptative par objectif de qualité, et surtout pas une gestion fixiste qui
prétend mettre en œuvre des outils valables en tous lieux et en tous temps.
La condition, dans une société de droit, est de garantir à la fois l’envie et la sécurité des acteurs, ce
qui n’est possible que dans un processus qui privilégie le contrat et le suivi de la mise en œuvre de
ce contrat.
Il convient de ne pas sous-estimer les diffi-
cultés d’une telle approche qui comprend:^7
Q un processus d’appropriation du territoire
par les populations, qu’il faudra inviter à