EN COUVERTURE
« Emmanuel Macron a institutionnalisé
le bordel. » Un participant à un groupe de travail
Piliers. En 2017, avec Pierre-André Imbert et Anne de Bayser, alors secrétaire générale adjointe de l’Élysée.
Médiatique. Rachel
Khan est consultée sur
les thèmes de la laïcité
et de l’intégration.
Intime. Marc Ferracci
chapeaute le groupe de
réflexion sur le travail.
brasse pas moins de
700 000 jeunes par an, est dans
toutes les têtes, malgré les ajuste-
ments de Blanquer. Actuellement
chargé de mission interministé-
rielle pour faciliter les entrées en
apprentissage, Guillaume Houzel
coordonne une réflexion sur ce su-
jet crucial pour l’insertion des
jeunes dans la vie active. L’auto-
nomie des établissements sco-
laires, expérimentée à Marseille,
pourrait être étendue.
Plusieurs proches de Macron
assurent que l’économiste Jean
Pisani-Ferry, « chef économiste »
de la campagne de 2017, est de re-
tour. « En 2017, j’ai assez donné pour
plusieurs quinquennats. Je ne rempile
pas, même s’il m’arrive de discuter
avec les uns ou les autres », dément-il
pourtant. David Amiel, proche
de la bande des « Mormons » et
ancien collaborateur à l’Élysée,
est en revanche à la manœuvre,
en lien avec Pierre Bouillon, re-
cruté côté LREM sur la réflexion
programmatique. Pour coordon-
ner le tout et gérer les salariés,
Grégoire Potton, un historique
de la macronie, a été engagé dès
la fin de l’été.
Retour des « technos ». Ce
casting ne fait pas l’unanimité dans
les couloirs du QG de campagne,
adossé au siège du parti LREM, où
l’on s’inquiète du « grand retour des
technos ». Pire, le fonctionnement
agace franchement certains élus
qui se sentent tenus à distance.
« C’est simple : David Amiel a placé
Pierre Bouillon au parti. Celui-ci re-
prend le volet des idées, place des tech-
nos à la tête des groupes, tout ça en
accord avec Alexis Kohler qui veut
rester la tour de contrôle », grimace
un cadre macroniste. « Les députés
râlent parce qu’ils se rendent compte
de la reprise en main du volet idées.
Si les stratèges de la campagne pensent
que le projet sera l’œuvre des technos,
ils se trompent! »
Plusieurs parlementaires nous
ont expliqué avoir été mis de côté
dans la structuration de la cam-
pagne, en dépit de leurs compé-
tences ou de leur expertise sur une
ou plusieurs thématiques. « Mon
groupe de travail était prêt, on avait
planché sur plusieurs propositions, et
on m’a fait comprendre qu’on n’avait
pas besoin de moi », confie, amère,
une cadre du groupe LREM à l’As-
semblée. « Ils ont clairement et sciem-
ment exfiltré les élus. On nous demande
d’être sur le terrain, de rapporter les
parrainages, mais de ne surtout pas
nous mêler de la réflexion program-
matique, éructe une figure des Mar-
cheurs au Parlement. On me déclare :
“On compte sur toi pour aller voir les
acteurs, mais pas sur les idées.” Ça
en dit long sur comment sont considé-
rés les députés. On a besoin de gens
qui grattent de la note, OK, mais il
faut aussi des parlementaires poli-
tiques, on a quand même tenu la ma-
jorité pendant cinq ans. »
Laurent Saint-Martin, député
du Val-de-Marne, rapporteur gé-
néral de la commission des Fi-
nances et, par ailleurs, trésorier de
la campagne serait le seul parle-
mentaire recruté à la tête d’un
groupe de travail. Selon nos infor-
mations, l’élu s’occupe de la thé-
matique des « finances publiques
et de la puissance publique ».
« Si on commence à placer plein de
parlementaires, on politise trop le tra-
vail. Les députés doivent être sur le ter-
rain », réplique un membre de
l’équipe de campagne. Pour un
connaisseur de la machine, qui
doute que le président lira vraiment
les notes qui lui sont remontées,
« Emmanuel Macron a institutionna-
lisé le bordel ». « C’est sa manière de
décider au dernier moment. »
En sus du travail purement
théorique, une trentaine de per-
sonnalités, « relais » de la société
civile, ont été sélectionnées pour
sonder les différents écosystèmes
ou corps de métier, à la fois pour
valoriser le bilan d’Emmanuel
Macron et identifier d’éventuels
« trous dans la raquette ». Ils sont
orientés par Roland Lescure, dé-
28 | 6 janvier 2022 | Le Point 2578
MICHEL EULER/AFP – AFP – AURELIEN MORISSARD/IP3 PRESS/MAXPPP
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