EN COUVERTURE
Le cercle des « Mormons » disparus
PAR MATHILDE SIRAUD
O
n les appelle les « Mormons ».
Ismaël Emelien, Sibeth
Ndiaye, Stéphane Séjourné,
Benjamin Griveaux traînent cette
image depuis quinze ans. Ils
doivent ce sobriquet à Jean-Chris-
tophe Cambadélis, peu avare de
bons mots. Quand Dominique
Strauss-Kahn se préparait à exer-
cer le pouvoir, ces militants, déjà,
se coupaient du monde pour se
consacrer à leur chef, ce qui ne
manquait pas d’amuser l’ex-diri-
Clan. En 2017, ce « commando » fut la cheville ouvrière
de l’élection de Macron. Cinq ans plus tard, que sont-ils devenus?
Quel rôle pourraient-ils jouer cette année?
geant du Parti socialiste. « Ils ont
un côté “totalement dépendants les
uns des autres”. Leur étoile Polaire,
ce n’est ni le peuple, ni le pays, ni la
gauche. C’était DSK, c’est désormais
Macron », cingle Cambadélis. Les
« Mormons » disent ne pas aimer
ce surnom. Par coquetterie. Car
tous savent que l’étiquette confère,
en macronie, un statut d’intou-
chable.
Ce groupe secret, une bande
d’amis au départ, a forgé l’épopée
macronienne. Aux avant-postes au
cabinet de Bercy ou en première
ligne aux prémices de l’aventure
d’En marche !, ces jeunes stratèges
ont porté l’ancien ministre de l’Éco-
nomie au pouvoir, déjouant tous
les pronostics. On se souvient de la
photo de leur arrivée triomphante
en rang serré sur le tapis rouge de
la cour d’honneur de l’Élysée, le
jour de l’investiture d’Emmanuel
Macron, avec Jean-Marie Girier et
Sylvain Fort, les plus récents du
clan. Les mousquetaires d’Emma-
nuel Macron vont-ils reprendre du
service pour faire réélire leur cham-
pion? Officiellement, ceux que l’on
Triomphe. Le 14 mai
2017, la garde rappro-
chée d’Emmanuel
Macron arrive à l’Élysée.
De gauche à droite,
Arnaud Leroy, Benjamin
Griveaux, Sibeth
Ndiaye, Richard
Ferrand, Jean-Marie
Girier, Julien
Denormandie,
Stéphane Séjourné
et Sylvain Fort.
38 | 6 janvier 2022 | Le Point 2578
JACQUES WITT/SIPA