100 Méditerranée - Mer vivante
Gardons la mer vivante
Le balbuzard Ba Bo Wa Na F Pandion haliaetus
Jean-Marie Dominici, conservateur de la Réserve naturelle de Scandola
(Parc naturel régional de la Corse)
La lente reconstitution des
effectifs autour de la Corse...
Dans les années 1950, le balbuzard
pêcheur était commun en Corse avec une aire
de répartition s’étalant sur toute la côte ouest,
avec même une présence à l’intérieur de l’île le
long des rivières. Le balbuzard quitte la Corse en
période automnale pour se décaler vers le Sud
de la Méditerranée afin d’éviter les intempéries
hivernales perturbatrices pour son nourrissage.
Mais les régions de Sardaigne et d’Afrique du Nord,
où ce rapace passe l’automne et l’hiver, et la Corse,
où cet aigle pêcheur se reproduit, étaient sujettes
à une pratique cynégétique des plus archaïque et
anarchique : les tirs sur toute cible mobile, dont
faisait partie le balbuzard, y étaient assez courants.
Des collectionneurs d’œufs pillaient les couvées et
des photographes peu scrupuleux occasionnaient
des échecs de nidification en perturbant les
oiseaux. De tels comportements ont entrainé le
déclin de cette espèce en Méditerranée.
Ainsi, en Corse, dans les années 70, il ne restait
plus que deux couples de balbuzards sur la côte
ouest (entre Porto et Galéria). Dès la création du
Parc naturel régional de Corse au début des années
1970, et de la Réserve naturelle de Scandola (en
1975), un des objectifs prioritaires fut la protection
du balbuzard de Corse. La surveillance des nids de
balbuzard existants et une règlementation adaptée
Le retour réussi du balbuzard pêcheur en Corse
Sur le littoral rocheux de Corse, il n’est désormais pas rare de voir ce magnifique rapace qui
construit de grands nids en branchages sur des pitons rocheux en à pic sur la mer. C’est un oiseau
de taille moyenne (54 à 58 cm, pesant entre 1,4 et 2 kg avec une envergure de 150 à 180 cm), situé
génétiquement entre l’aigle et la buse. Ses parties inférieures sont blanches, ainsi que la tête avec
sur les yeux une bande sombre. Il tournoie au dessus des eaux littorales puis fond sur ses proies :
des poissons de belle taille nageant près de la surface. Ce spectacle magnifique est en grande partie
dû à l’effort récurrent de quelques hommes qui se sont consacrés à la sauvegarde de cette espèce
remarquable et protégée. Parmi eux, il faut citer Jean Marie Dominici, conservateur de la Réserve
naturelle de Scandola depuis 1984 qui s’est passionné pour la protection de cet oiseau en Corse et
qui a permis sa réinstallation dans une lagune littorale de Toscane. C’est l’histoire du repeuplement
du balbuzard pêcheur en Corse puis en Italie qu’il nous rapporte
Alexandre Meinesz
Portrait de balbuzard
© Jean-Marie DOMINICI