Espèces protégées La Faune 103
Protégeons ces espèces menacées
Maremma en Toscane) collaborent depuis 2005
pour rétablir la présence de l’aigle pêcheur en
Toscane où le rapace n’a plus été vu depuis 1960.
Depuis 2005, tous les mois de juin, entre six et
huit poussins de balbuzards sont prélevés en
Corse dans les nids où ils sont trop nombreux
(faible chance de survie pour toute la portée).
Cette capture est extrêmement délicate car tous
les nids sont construits sur des pitons rocheux
très difficiles d’accès. Ils sont ensuite exportés
avec soin en Toscane. Pour les acclimater en
douceur dans leur nouveau milieu sans l’aide de
leurs parents, une vieille technique mise au point
par les fauconniers a été utilisée : le « hacking ».
Cette technique a déjà fait ses preuves dans la
réintroduction de balbuzards dans d’autres pays.
Elle nécessite en premier lieu d’installer les jeunes
balbuzards dans des nids artificiels construits avec
les mêmes matériaux utilisés pour le nid où ils
sont nés. Ensuite, les poussins sont nourris avec
du poisson local avant et après l’envol. Les eaux
de la lagune étant très poissonneuses, les jeunes
balbuzards arrivent vite par instinct à capturer des
proies tout seuls et ainsi devenir indépendants.
Les jeunes, une fois adultes, reviendront nicher
sur leur lieu de naissance.
Cinq années plus tard, en 2010, c’est au total
trente trois poussins qui ont été installés dans des
nids artificiels dans la lagune de la Maremma. Au
printemps 2010 pour la première fois, deux couples
sont revenus à Maremma et l’un d’entre eux a
pondu et a couvé des œufs. Malheureusement il y a
eu un échec à la reproduction car le couple n’avait
pas atteint sa maturité sexuelle. Mais au printemps
2011, une première reproduction effective du
balbuzard a été observée. Par la suite le nombre de
jeunes à l’envol a augmenté : 2 en 2012 et 2013, 3 en
2014 et 6 en 2015. Ces résultats consacrent tous les
efforts de réintroduction de l’aigle pêcheur.
L’établissement des balbuzards en Toscane est
désormais assuré. En 2019, 4 couples y ont niché
avec 8 juvéniles à l’envol. Il est projeté d’implanter
des nids sur l’île de Capraia (entre la Toscane et le
Cap Corse) afin de créer un lien entre la population
de Toscane et celle de la Corse.
Jean-Marie Dominici au cours d’une opération de baguage d’un jeune balbuzard
© Jean-Marie DOMINICI