Espèces à découvrir 129
Découvrons les richesses de la mer
Le poulpe Octopus vulgaris
Alexandre Meinesz, professeur émérite à Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS »)
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Depuis quelques siècles, l’homme a distingué
deux catégories d’animaux : d’un côté ceux qui
ont une colonne vertébrale et de l’autre ceux
qui n’en n’ont pas ; aux premiers, les vertébrés,
l’intelligence et le qualificatif de supérieur ; aux
seconds, les invertébrés, le statut d’organismes
inférieurs. Parmi les représentants de la catégorie
mineure des vers, mollusques, échinodermes,
coraux, méduses, anémones, se trouvent des
animaux remarquables par leur intelligence.
Le poulpe en est certainement la meilleure
illustration.
Parmi les mollusques on classe le poulpe dans
les céphalopodes : ce qui signifie tête-pieds. Un
poulpe, c’est tout à fait cela : il présente une tête
volumineuse pourvue d’yeux expressifs... et de
bras que certains qualifient de tentaculaires.
La bête peut, sous certaines latitudes, être très
grande. La pieuvre géante sortie des ténèbres
d’une mer déchaînée engluant de ses tentacules,
pourvus de ventouses, marins et navires a fait
fantasmer tant d’écrivains et est à l’origine de
tant de légendes!
Le poulpe n’est rien de tout cela. Il est câlin, il est
joueur, il est curieux, il est malin. Il faut d’abord
vaincre toute appréhension face au poulpe : non
il n’attaque pas, il ne mord pas, ni n’entraîne
dans les abîmes de l’océan. Si vous surprenez
un poulpe dans vos promenades sous-marines,
le poulpe est le plus souvent terrifié. Il a peur,
très peur de vous. Vous êtes plus gros que
lui. Il vous a vu et il a évalué le danger, vous êtes
perçu comme un prédateur potentiel. Surpris
à découvert, il utilisera diverses ruses pour se
cacher ou vous intimider.
Le poulpe est casanier : il a sa maison préférée.
Si les fonds sont monotones sans anfractuosités
© Alexandre MEINESz
© Alexandre MEINESz
Poulpe curieux sortant de sa maison
Poulpe terrifié, prenant la couleur du sable et
imitant sa texture