Destructions et restauration^193
Défendons la biodiversité marine
© Coralie MEINESz
Trop, c’est trop! Plusieurs dizaines de bateaux de plus de 10 m mouillent
chaque jour sur l’herbier de posidonies (été 2015 - Baie de Beaulieu-sur-
Mer)
Pour en savoir plus : cahier de surveillance
MEDTRIX - n°6 - avril 2019
tranchées sont creusées par les ancres des
bateaux de grande taille lors du mouillage ou du
relevage, ou par traction de l’ancre sous l’effet
de la houle et du vent sur le navire. Les chaînes
de grande dimension dégradent également
les herbiers en les recouvrant ou par le ragage
induit par la dérive des bateaux. Les tranchées
se croisent et s’agrandissent laissant un fond
ravagé. Or les posidonies ne pourront jamais
récupérer leur état initial à l’échelle humaine :
horizontalement elles ne gagnent que 3 cm par
an (en moyenne). A ce rythme, des tranchées
de 1 m de large ne seront comblées qu’en près
de 25 ans à condition qu’aucun autre bateau ne
perturbe le développement des plantes et que
l’érosion liée à la déstabilisation des fonds ne soit
pas trop importante.
C’est donc une alarme majeure qu’il faut lancer
et relayer pour sauvegarder la biodiversité des
zones de mouillage.
Des solutions existent. D’une part, en terme
de sensibilisation car les techniques d’ancrage
et de relevage peuvent être améliorées pour
réduire les atteintes. Dans ce sens, il convient
de diffuser les bonnes pratiques. Dans le même
sens, l’application « Donia » ( p. 177), permet de
connaître la nature du fond situé sous le bateau
et incite le plaisancier à mouiller sur le sable
plutôt que sur les posidonies.
D’autre part en termes d’aménagement, des
zones de mouillage organisé (aménagé) peuvent
être créées. C’est beaucoup moins « sexy »
pour les plaisanciers aspirant à la liberté : le
capitaine est invité à amarrer son bateau sur une
bouée généralement moyennant finances (les
installations sont coûteuses). De même, pour
éviter de dégrader les sites de plongée, des
bouées d’amarrage sont mises en place sur les
secteurs les plus fréquentés. Bien entendu la
fixation des bouées doit être réalisée de façon à
éviter toute destruction. Il convient absolument
de bannir les gros corps morts avec des chaînes
qui ripent autour et de privilégier les ancrages
à vis ou scellés sur de la roche avec un flotteur
relevant la chaîne du fond (voir photos).
Enfin en termes de règlementation, le mouillage
peut être limité ou strictement interdit, mesure
la plus coercitive. Ces mesures sont prononcées
par des arrêtés du Préfet
maritime et peuvent être
matérialisées par un balisage.
Certains secteurs sont interdits
au mouillage la nuit (Réserve
naturelle de Scandola),
d’autres aux grands navires. Le
mouillage est règlementé, il est
limité ou totalement interdit
dans certains secteurs des deux