Destructions et restauration^197
Défendons la biodiversité marine
est restreint à la zone de balancement des eaux
(ce sont les rares espèces marines adaptées aux
grandes variations de température et de salinité).
Des techniques de transplantation sont à l’étude,
elles ont pour objectif de faire développer ces
algues sur les digues artificielles en rochers ou en
béton qu’elles ne colonisent pas naturellement
(hormis quelques rares exceptions). Il s’agit bien
là d’une tentative de rendre plus naturel le rivage
artificiel. Cependant les premiers essais, menés
par des universitaires restent décevants (voir
p. 202-203). Des poissons (les saupes Sarpa
sarpa) ou des patelles (arapèdes) de différentes
espèces broutent et détruisent les boutures fixées
difficilement sur les substrats. Il est cependant
utile de persévérer dans ces recherches car
si une marée noire ou une pollution majeure
de substances flottantes arrive à la côte, les
ceintures de cystoseires seraient alors détruites
avec une recolonisation naturelle extrêmement
lente. Dans une telle situation des techniques
éprouvées de transplantation de cystoseires
permettraient de restaurer cette frise d’algues
buissonnantes du bord de mer.
Les cages protectrices de poissons juvéniles
dans les ports. L’initiative vient d’un constat :
les courants côtiers font toujours entrer des
multitudes de larves de poissons littoraux dans
les plans d’eaux artificiels des ports (2 584
hectares pour les côtes françaises). Dans ces
plans d’eaux, les larves ou juvéniles piégés n’y
trouvent pas les supports ou habitats des petits
fonds naturels leur permettant de se développer.
Pour pallier cette carence en « nurseries »
naturelles, des cages contenant
des coquilles d’huîtres (appelées
« biohuts »), sont installées à fleur
d’eau, accrochées le long des
quais ou pendues sous les pontons
flottants (p. 204-205). Les larves,
post larves ou juvéniles de poissons,
piégés dans les eaux portuaires,
trouvent en entrant dans ces cages
non seulement un abri contre
les prédateurs mais aussi de la
nourriture sous forme de multiples
organismes qui se développent sur
ou entre les coquilles d’huîtres.
C’est certain, ces petites nurseries
artificielles fonctionnent bien et c’est
souvent spectaculaire. Mais, par la
suite, les petits poissons issus de ces
biohuts pourront-ils sortir du port?
S’ils réussissent, ils trouveront sans
transition un environnement hostile
© Sandrine RUITTON sans abris naturels calmes pour
Murène (Muraena helena) sur fond de coraligène