Destructions et restauration^199
Défendons la biodiversité marine
L’herbier de posidonie c’est la forêt sous la mer :
cela a été exposé dans les pages précédentes. Sa
destruction et sa régression s’observent dans de
nombreux endroits. Le recul des posidonies peut
être ponctuel mais concerne aussi de vastes surfaces :
l’herbier a disparu, laissant le biotope des posidonies
couvert de matte morte. Ce tapis de rhizomes morts
est souvent érodé par l’hydrodynamisme ou devient
plus ou moins ensablé ou envasé.
Pour comprendre l’importance des destructions de
la forêt sous la mer nous vous proposons un petit
exercice.
Voici l’énoncé : soit un recul de 100 m des limites
d’un herbier (souvent constaté dans la limite la plus
profonde à cause des rejets des émissaires anciens
dans les années 1950 à 70). Si la cause du recul
est éliminée la plante va repousser. Sachant que
la plante ne pousse que de 3 cm par an, combien
de temps faut t-il pour qu’elle arrive à reconquérir
l’espace perdu? Bien entendu, il faudra que dans
tout ce temps l’herbier soit « bichonné » : il faudra
veiller à ce qu’aucune intervention négative due à
l’homme ne puisse gêner ou freiner sa progression
naturelle.
Hum... 3 cm par an? Cela fait 30 cm en 10 ans, 3 m
en 1 siècle, 30 m en mille ans, 90 m et 3000 ans...
Bref, il faudra plus de 30 siècles pour reconquérir
l’espace perdu... à condition que les caractéristiques
du milieu restent optimales pendant tout ce temps.
Mais il y a pire : leur biotope est aussi atteint
par des « pollutions » physiques. Le lieu et les
conditions idéales pour leur développement
sont irréversiblement détruits par endigage ou
recouvrement par les ouvrages gagnés sur la mer.
Chaque construction de port, de plage artificielle ou
de terre-plein sur un herbier supprime pour toujours
un espace favorable à celui ci. On ne détruira jamais
un port pour que les posidonies puissent repousser
sur leurs terres favorites!
L’idée de replanter les posidonies est ainsi venue
naturellement. Elle a été initiée par un pêcheur
professionnel de Giens (M. Georges Cooper)
puis affinée par des scientifiques dans les années- Le laboratoire Environnement marin littoral
Replanter des posidonies : c’est possible?
Alexandre Meinesz, professeur émérite et Heike Molenaar, docteur en Sciences (biologie et écologie)
Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS »)© Alexandre MEINESz
Champ de plantation expérimentale de boutures de posidonies fixées à plat sur des
grillages