Destructions et restauration^203
Défendons la biodiversité marine
mal ; de grande taille, ils ont tendance à couler,
n’ensemençant ainsi que les zones très proches
de leur émission. Les rares œufs de cystoseires
qui arrivent à se déposer naturellement loin
de leurs géniteurs sont tout de suite grignotés
par les arapèdes qui pullulent sur les roches
artificiellement amoncelées pour protéger les
ouvrages. La reproduction végétative est nulle : les
pieds de cystoseires en place ne se propagent pas
par leur base, celle-ci ne sert qu’à la fixation.
Ces constats nous ont conduit depuis une dizaine
d’années à tenter de restaurer ces ceintures de
belles algues brunes. De nombreuses tentatives
de plantation de cystoseires ont été réalisées. Il a
surtout fallu inventer des techniques appropriées
de fixation des boutures. La principale difficulté
est de fixer des «branches» de cystoseires sur la
roche. Pas facile lorsque l’on sait que ce sont les
milieux les plus exposés à l’hydrodynamisme qui
conviennent le mieux à la plante. Il a donc fallu
forer les roches avec un marteau piqueur à air
comprimé branché sur une bouteille de plongée.
Dans l’orifice nous avons introduit la branche de
cystoseire enrobée d’une pâte qui se solidifie en
une heure.
Dans les zones où les cystoseires poussent
naturellement, toutes les boutures ainsi fixéessurvivent et se développent. Par contre, nous avons
rencontré des échecs sur les roches artificielles.
Des centaines de branches ont été fixées sur des
roches des digues de ports. Certaines boutures
ainsi fixées ont été protégées de diverses façons
pour éviter que les mollusques brouteurs d’algues
(comme les arapèdes ou patelles) les dévorent.
Aucune réussite! Les moindres végétaux nouveaux
qui se fixent au fil de l’eau sur les digues et épis
sont broutés par des poissons herbivores (les
saupes : Sarpa salpa), il en est ainsi des boutures
de cystoseires.
Les recherches se poursuivent pour trouver une
parade à l’appétit des animaux herbivores...Surveiller et éviter de détruire les ceintures
de cystoseires existantes, espèces protégées,
reste toujours le meilleur moyen pour pallier la
régression de ces espèces.Pour fixer les cystoseires il faut forer la roche avec
un marteau piqueur pneumatiqueBouture fixée de Cystoseira amentacea var. stricta© Luisa MANGIALAJO
© Luisa MANGIALAJO