Aires marines protégées 215
Respectons les aires marines protégées
L’utilisateur de la mer est amené à se déplacer sur
le littoral. Qu’il soit pêcheur amateur, chasseur
sous-marin ou plaisancier, il souhaite respecter
les interdictions de prélèvement ou de mouillage
dans les espaces marins protégés. Il trouvera
localement des dépliants ou des affiches donnant
ces renseignements mais chaque fois, il aura
bien du mal à comprendre les présentations des
niveaux d’interdictions de pêche. En effet, chaque
gestionnaire d’espace marin protégé a sa propre
charte graphique et façon de présenter son
domaine. C’est dommage car l’application d’une
charte commune serait utile pour une lecture aisée
concernant toutes les côtes.
Depuis la première édition de Méditerranée
Mer Vivante nous avons refait toutes les cartes
proposées par les gestionnaires des espaces marins
protégés et initié une charte normalisée. Avec cette
20 ème édition cette charte est finalisée et appliquée
pour toutes les cartes des espaces marins protégés
présentées dans l’ouvrage.
Chaque zone a été tracée sur nos cartes par nos
Réserves sous réserves... Pour y voir plus clair
La charte graphique de « Méditerranée Mer Vivante » des espaces marins
protégés par des limitations ou interdictions de pêche.
Alexandre Meinesz, professeur émérite, Aurélie Blanfuné*, ingénieur et Euriell Bertaud du Chazaud,
ingénieur d’études, Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS »)
[email protected]
*Actuellement, au CNRS - MIO - Institut Méditerranéen d’Océanographie Aix-Marseille Université
[email protected]
font prendre par les mêmes hameçons! Il est ainsi
préférable d’interdire toutes formes de pêche
dans une zone et de l’autoriser dans d’autres sans
discrimination de la position du pêcheur.
Les deux types d’Aires Marines Protégées
décrites ci-dessus se distinguent des « zones
marines de développement durable cogérées ».
Pour les zones Natura 2000, le Parc naturel marin du
Golfe du Lion et les zones - sans règlementation de
la pêche - des parcs nationaux (zones adjacentes) et
des réserves naturelles (englobant plusieurs zones
règlementées comme la Réserve naturelle des
Bouches de Bonifacio), nous proposons le terme de
zone marine de développement durable cogérée.
C’est factuel : la pêche professionnelle s’y pratique
partout et elles ne sont pas des zones tampons,
la chasse sous-marine et la pêche de loisir y sont
autorisées partout. Elles ne doivent plus être
dénommées « aires marines protégées ». La cogestion
a pour objectif d’améliorer les connaissances sur
la biodiversité de ces zones ou pour y créer une
animation et une sensibilisation à l’environnement.
Les gestionnaires de ces zones peuvent aussi œuvrer
pour limiter les impacts anthropiques et mieux gérer
les conflits d’usage entre plaisanciers, pêcheurs
professionnels, pêcheurs amateurs, chasseurs sous-
marins et plongeurs. Tout dépendra de l’implication
- souhaitée par l’Europe - et de la participation
aux côtés des services de l’Etat, des collectivités
territoriales et des représentants des usagers de
la mer ( prud’homies de pêches et fédérations de
pêcheurs, de chasseurs sous-marins, de plongeurs
et de plaisanciers). L’ensemble devrait aboutir à une
gestion intégrée de ces zones côtières tant souhaitée
par l’Europe (une nouvelle directive va être publiée
dans ce sens) et par l’Etat dans sa politique affichée
de « croissance bleue ».
Mais cette gestion intégrée d’une zone marine ne
peut être assimilée à une protection en faveur de la
pêche ou de l’ensemble de la biodiversité. Elle doit
prendre en compte de façon équilibrée les deux
aspects : protection du milieu et développement
économique.