Aires marines protégées 217
Respectons les aires marines protégées
L’effet réserve, effet bien connu et décrit par les
scientifiques, indique que dans un espace protégé
par des interdictions de prélèvement :
- les stocks d’espèces halieutiques ( poissons,
crustacés, mollusques...) augmentent, - la proportion mâle - femelle des espèces
hermaphrodites ( presque tous les poissons)
devient équilibrée, - l’exportation (à l’extérieur de la réserve) de
larves, de juvéniles et d’adultes se fait ressentir en
périphérie et même loin de la réserve.
Cet effet réserve peut s’observer en moins de
5 années dans tous les sites protégés par des
interdictions de prélèvement... à condition que la
surveillance soit à la hauteur des surfaces concernées.
Cette protection des richesses halieutiques par la
mise en place d’un réseau de réserves de pêche
bien surveillées, représente la meilleure gestion
des stocks au profit de toutes les formes de pêche
en périphérie. L’abondance de poissons de grande
taille, pas effrayés par la présence de l’homme (il n’y
a plus de chasseurs sous-marins) représente aussi
un grand attrait touristique pour les plongeurs dans
les sites autorisés pour la plongée à l’intérieur des
espaces marins protégées.
Dans ce contexte, tout braconnage régulier ou
épisodique réduit vite à néant l’effort consenti pour
arriver à l’effet réserve. Tous les espaces marins
protégés par des interdictions de prélèvement
sont surveillés épisodiquement par les services de
l’Etat intervenant sur le domaine maritime (agents
des Délégations à la Mer et au Littoral - ex « affaires
maritimes » - , gendarmeries terrestre et maritime,
polices d’Etat ou municipales, douanes...), et par
certains pêcheurs professionnels (dans les réserves
de pêche). Mais ces institutions n’ont pas (ou très
peu) d’incitations pour redoubler de vigilance
dans les espaces protégés. Rares sont les espaces
protégés surveillés seulement par les services
d’Etat qui atteignent l’effet réserve. Ces zones sont
malheureusement souvent braconnées par des
chasseurs sous-marins et il est fréquent de trouver
au fond de ces espaces des filets perdus et des bas
de lignes ou palangres.
Pour atteindre l’effet réserve, certaines structures
de gestion d’espace protégé ont des agents qui
surveillent spécifiquement ces zones avec leurs
propres moyens (bateaux). Le nombre d’agents,
les pouvoirs qu’ils ont (commissionnés ou non
pour dresser des procès verbaux) et les moyens
d’intervention (bateaux) doivent être à la mesure
des richesses halieutiques convoitables protégées
par une réserve. Ces moyens mis en œuvre
(hommes et bateaux) peuvent facilement être
appréciés ou pondérés en fonction des surfaces à
surveiller.
D’autres paramètres améliorent ou rendent plus
difficile la surveillance (proximité ou non des lieux
à surveiller avec le port de départ des bateaux de
surveillance, présence permanente d’observateurs
dans un sémaphore, fréquentation faible ou forte
des parages marins ou terrestres). De même, une
bonne collaboration institutionnalisée (charte)
avec les utilisateurs habituels de l’aire protégée
( pêcheurs professionnels, clubs de plongée et
fédérations de pêcheurs amateurs) améliore aussi
le niveau de protection. Par contre, la complexité
de la règlementation spécifique de pêche est
perçue par les agents de surveillance comme
une difficulté supplémentaire surtout dans le cas
des règlementations discriminatoires. En effet, le
contrôle est rendu beaucoup plus laborieux si un
grand nombre d’individus sont des ayants droit
de pêche dans une zone règlementée (habitants à
proximité ou inscrits sur une liste).
Niveaux de surveillance labellisés « Méditerranée Mer Vivante »
Alexandre Meinesz, professeur émérite, Patrice Francour, professeur, Paolo Guidetti, professeur.
Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS ») [email protected]
[email protected] [email protected]