30 Méditerranée - Mer vivante
Gardons la mer vivante
et de Provence-Côte d’A zur on trouve des
« ceintures » au niveau de la mer constituées
par l’espèce Cystoseira amentacea var. stricta.
Cette espèce est remplacée à partir de la côte
du Roussillon (la côte rocheuse des Albères) par
l’espèce C. mediterranea.
Beaucoup d’espèces de cystoseires constituent
des peuplements denses assimilés à des « forêts »
miniaturisées. Les pieds de cystoseires, fermement
attachés à la roche par des disques, crampons et
excroissances, sont prolongés par un ou plusieurs
axes dépassant rarement les 40 cm de hauteur. A
partir des axes verticaux, des multitudes d’axes
secondaires plus ou moins ramifiés constituent,
tout comme les forêts terrestres, une canopée
abritant algues et organismes animaux.
Les espèces de cystoseires qui vivent en
profondeur ont une caractéristique exceptionnelle
pour les algues : une grande longévité. A la suite de
campagnes de marquage des pieds de cystoseires
et leur suivi sur plus de 20 années dans la Réserve
naturelle de Scandola en Corse, nous avons mis en
évidence que les cystoseires profondes atteignent
les records de longévité mondiaux attribués aux
algues marines. En effet nous avons pu démontrer
que leur espérance de vie peut dépasser les 50
années.
Lorsque les « forêts » denses de cystoseires
profondes sont âgées et bien établies, le
recrutement des petites cystoseires est impossible
sous la canopée ( pas assez de lumière). Ainsi les
« forêts » de cystoseires âgées ont une dynamique
très semblable à celle des forêts terrestres.
Des perturbations naturelles, comme un
hydrodynamisme extrêmement violent ou un
« surpâturage » par des oursins en trop grand
nombre (un oursin dévore son propre poids
d’algues en une semaine), peuvent entraîner la
disparition des individus âgés, le recrutement des
nouveaux individus est alors rendu possible et, si
les causes de disparition ne se renouvellent pas, la
forêt de cystoseires se reconstitue peu à peu.
Des perturbations anthropiques peuvent aussi
détruire les forêts sous-marines de cystoseires.
Axes et ramifications de Cystoseira spinosa
© Enric BALLESTEROS