64 Méditerranée - Mer vivante
Gardons la mer vivante
blancs et sur d’autres balanes. Ces conditions
écologiques particulières sont sans doute la
cause de la distribution discontinue de l’espèce.
En effet, la pachylasma géante est présente en
Méditerranée autour de la Sicile et de Malte, dans
le détroit de Gibraltar et dans l’océan Atlantique
en Macaronésie.
Depuis la description de Darwin, l’espèce n’avait
pas été signalée pendant un long laps de temps
ce qui a laissé penser qu’elle était rare ou qu’elle
avait disparue. En fait, cette balane n’est pas
menacée, elle n’est pas rare du tout, puisque des
travaux récents ont montré sa présence, parfois en
grand nombre, dans les eaux profondes au large
de Gibraltar, de Malte et aux Açores. Sa rareté
supposée s’expliquerait comme pour beaucoup
d’autres animaux de profondeur par les difficultés
d’accès à son habitat nécessitant des techniques
de récolte ou d’observation robotisées et par
l’insuffisance des spécialistes des balanes. Il n’y a
donc aucune raison d’inclure les balanes ou autres
animaux des profondeurs sur les listes d’espèces à
préserver car il est difficile ou impossible d’évaluer
les densités et les fréquences des populations dans
ces zones. La protection de cette espèce ne semble
pas justifiée et elle serait donc à retirer de la liste
des espèces « menacées ou en voie de disparition »
de la Convention de Barcelone et de la liste des
espèces à « protéger strictement » de la convention
de Berne
La grande cigale de mer Ba II Be II F
Scyllarides latusLa grande cigale de mer ne chante pas!
C’est une cousine des langoustes, avec des pattes
courtes et des antennes aplaties. La femelle qui peut
atteindre quarante-cinq centimètres est beaucoup
plus grosse que le mâle (vingt-sept centimètres
maximum). L’animal peut se rencontrer dans les
posidonies et les rochers. Il se déplace lentement et se
nourrit de faune fixée ou peu mobile. De nombreux
aspects de sa biologie sont encore inconnus ; en
particulier, on ne sait rien des jeunes et de la phase de
croissance, ni de ses migrations. Le développement
larvaire est particulièrement long chez cette espèce,
avec une quinzaine de stades différents et une durée
de neuf à onze mois. Les poulpes sont des prédateurs
des grandes cigales de mer, de ce fait elles cohabitent
parfois avec des murènes (friandes de poulpes).
Ce crustacé, aussi recherché que le homard ou la
langouste avait presque complètement disparu des
côtes françaises de Méditerranée (à l’exception de la
Corse) ; mais, depuis quelques années, il réapparaît
sur ces mêmes côtes.© David LUQUETLa grande cigale de mer