Espèces protégées La Faune 71
Protégeons ces espèces menacées
interdiction a été étendue à toutes les formes de
pêche à l’hameçon. Pour mesurer l’impact de ce
moratoire, les membres du GEM (voir encadré p. 73)
et du laboratoire ECOSEAS réalisent régulièrement
des missions de recensement des mérous. Ces
missions dans le Parc national de Port-Cros, à
Monaco et à La Ciotat sont devenues des rendez-
vous incontournables pour les membres du GEM.
La règlementation, bien appliquée dans les espaces
protégés, ainsi que les moratoires successifs sur
le prélèvement d’Epinephelus marginatus ont
permis de constater une évolution régulière et
spectaculaire des effectifs de mérous dans les aires
marines protégées. Que se passe-t-il en dehors,
avec comme seule protection le moratoire? C’était
l’objectif principal des missions organisées tous les
deux ans à La Ciotat depuis 1997. Ces missions ont
permis de constater que la population de mérous
est en constante augmentation, mais les effectifs
rencontrés sont encore bien inférieurs à ceux
d’un espace protégé comme Port-Cros. A Monaco,
une partie des eaux sont sous statut de protection
(réserve du Larvotto) et le mérou est protégé par
une ordonnance souveraine en date du 29 janvier
- Toutefois, la pression urbaine ne permet pas
de retrouver des conditions aussi privilégiées qu’à
Le mérou brun Ba II Be II Epinephelus marginatus
Patrice Francour, professeur à Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS ») patrice.
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Leur biologie est étonnante : les mérous changent
de sexe au cours de leur vie. Femelles pendant leurs
premières années, ils deviennent mâles entre 9 et
12 ans et le resteront tout le reste de leur existence
( jusqu’à 50 ans pour certains individus de plus de
1,2 m de long).
Au Sud de la Méditerranée, les petits mérous sont
plus fréquents qu’au Nord. À la fin des années 80,
quelques mérous de taille moyenne (30 à 40 cm)
ont fait leur apparition sur la Côte d’A zur. À partir
de 1991-92, de très petits (moins de 7 cm) étaient
observés : premier signe d’une reprise de leur
reproduction au Nord de la Méditerranée. Depuis
1998-99, tout laisse à penser que la reproduction
a lieu régulièrement tous les ans ou tous les deux
ans. Ces jeunes grandiront essentiellement dans les
zones littorales peu profondes jusqu’à l’âge de 5 ou
6 ans avant de gagner des zones plus profondes.
Proie facile des chasseurs et des pêcheurs, le
mérou méritait une protection pour assurer son
« retour » le long de nos côtes. C’est partiellement
fait depuis 1980 en Corse et 1993 le long des côtes
continentales de la Méditerranée française grâce
à un moratoire qui interdit la chasse sous-marine
du mérou. Depuis le 31 décembre 2002, cette
Magnifique mérou brun Epinephelus marginatus
© Patrick LOUISy