La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

beau à voir, car rythmé par celle qui tape cette eau chaude, tout un art, cela pouvait même s’accompagner
des chants.
La Njejae se lave au minimum trois fois par jour ; le grand bain du jae se déroule très tôt le matin. Les
coépouses de sa mère, les tantes et autres viennent aider à puiser de l’eau, à ramasser du bois et apportent
de la nourriture.
C’est seulement pendant le bain du soir qu’elle peut s’oindre avec de l’huile moderne. Tout ceci se
déroule sous le regard attentif de la mère qui veille à ce que sa fille se lave trois fois par jour, qu’elle
mange convenablement et qu’elle ait en permanence son baa et l’huile rouge, son honneur en dépend,
car à la sortie du jae si la njejae n’est pas belle, propre, dodue ainsi que son bébé, on va déduire que le
jae s’est mal déroulé et par conséquent, sa mère ne s’est pas bien occupée d’elle. Ne perdons pas de vue
que la Njejaé s’enduit du baa seulement pendant le bain du matin.
De même, le feu qui sert à chauffer l’eau du jae et même sa cendre ne doivent en aucun cas sortir de la
cuisine, et chaque fois qu’on se rend compte qu’il y a déjà beaucoup de cendres ou même quand on
nettoie le foyer, le matin, cette cendre est directement jetée sous le lit et toute personne venant de
l’extérieur ne doit en aucun cas prendre le feu du jae et ceci jusqu’à la fin du jae. Pendant le jae, la Njejae
ne sort pas, elle et son bébé restent dans la cuisine pendant tout le temps que durera le jae (un à trois
mois). Pendant ce temps, elle ne fait absolument rien à part manger, se laver et s’occuper de son bébé.
Aucune tache à remplir à part la lessive du bébé et la sienne propre.
A la fin du jae on ramasse toute la cendre et on prend également la grande marmite qui a servi à chauffer
de l’eau puis on prend un doigt de plantain « Akos Ekon » qu’on prépare dans cette marmite, ensuite on
le fait manger à la Njejae. Au moment de sortir de la cuisine, on lui fait encore aspirer la prise du lit du
départ. Puis on récupère toute la cendre amassée qu’on va enterrer sous le pied d’un bananier prêt-à-
porter le régime, c’est pour que la femme continue à accoucher, et après enterrement de ces cendres, la
femme peut déjà sortir, vaquer à ses occupations en attendant que son mari vienne la chercher avec
beaucoup de cadeaux pour ses belles mères. On dit alors qu’il vient « casser la marmite du jae » « e boé
mvé/vie’e jae », ce que certains appellent aujourd’hui le « voir bébé ».


Le Veuvage (Akus) dans la tradition Beti

S’il est des pratiques de plus en plus contestées dans la société moderne, le Veuvage en est bien une
sinon la première. Cette mauvaise impression est due en partie aux exactions de toutes sortes commises
par les officiantes et d’autre part aux sévices dont étaient victimes les veuves (car le veuvage pour les
hommes était bien plus souple) de la part des belles-sœurs-officiantes.
Bien que l’impression générale et habituelle présente la femme chez les Beti comme un être de moindre
valeur, quel élément positif peut-on tirer de l’Akus? Mieux quelle est sa signification pour les Beti?


Préliminaires

Partie intégrante des mœurs et coutumes beti, l’Akus/Veuvage renvoie à la situation d’une personne qui
a perdu son ou ses conjoint (s) d’une part, mais également et surtout l’ensemble des rites, croyances et
pratiques qui entourent l’événement, de la mort du conjoint à la levée complète du deuil, d’autre part.
De manière générale, les acteurs/officiants étaient les sœurs du défunt ; jamais un homme. L’officiante
principale doit présenter des qualités morales acceptées et approuvées de tous : elle doit être bien
intentionnée, elle-même veuve, efficace. Elle peut venir d’un autre lignage à condition de remplir ces
qualités. Les officiantes en principe ne réclamaient rien ou presque ; la plupart des cadeaux étant
consommés en communauté après les cérémonies. Dans le cas où c’est l’homme qui est veuf, ce sont
les sœurs de sa défunte femme qui officient. C’est tout le contraire de ce que l’on peut remarquer
aujourd’hui où le concept de « veuve joyeuse » a introduit un véritable marchandage dans les rituels de
veuvage.


Sont soumis au veuvage, tout homme sans discrimination aucune qui a perdu sa femme et toute femme
qui a perdu son mari. Même une femme séparée de son mari, si elle en fait une demande et que celle-ci
est acceptée par la famille du défunt peut subir le rituel du veuvage. La croyance générale est que toute

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