SOCIO-ANTHROPOLOGIE DU PEUPLE FANG-BETI-BULU
De l’Origine des Beti-Fang : Tradition d’Origine et Données Historiques
L’origine des Beti-Fang
ou « Pahouin » est
marquée du sceau de
l’incertitude et relève
d’un ensemble mystico-
hypothétique. Un nombre
important de chercheurs
ont tenté d’expliquer
l’origine du peuple Ekañ,
mais ils n’ont pas pu
atteindre cet objectif sur
le plan scientifique tant
les données historiques,
les épopées et légendes
divergent.
Cette difficulté tient
certainement de ce
commentaire fait par
l’explorateur Savorgnan De Brazza qui écrit lors de ses contacts de 1876 avec les « M’Fans » que ces
peuples peuvent « s’accumuler, prospérer et disparaître sans laisser d’autres traces de leur passage
qu’une vague tradition affaiblie par le temps » (Savorgnan De Brazza & Ney, 2018).
Chaque sous-groupe Pahouin privilégie une version tirée d’une « pseudo-tradition » autochtone. De
manière générale, les traditions historiques assez précises des Beti-Fang permettent en réalité de situer
leur origine au nord de leur habitat actuel ; probablement de l’Egypte ancienne, où ce peuple aurait
séjourné pendant des millénaires.
Avec la décadence de l’Egypte, ajouté à cela l’assèchement total du Sahara, les Beti descendent au
niveau de l’Adamaoua. Ils y seront repoussés par la pression de l’Islam à travers les conquêtes de Osman
Dan Fodio, ainsi que celle des autres groupes humains en déplacement perpétuel à cette époque. Décidés
à fuir cette mouvance envahissante, les Beti descendent plus au Sud. Le Yom ou la Sanaga leur parait
un obstacle infranchissable. C’est finalement à une date située vers 1790 que cette traversée est rendue
possible. Selon la tradition orale, elle se serait déroulée sur le dos d’un mythique serpent : le Ngân
Medza. Cette traversée est cependant un fait historique. D’ailleurs chaque grand groupe peut dire et
montrer l’endroit précis où il a pu traverser la Sanaga :
Ebebda pour les Eton, les Ewondo et les Menguisa,
Les chutes de Nachtigal pour les Bene,
Le voisinage de Mbandjock pour les Emveng
Le côté de Nanga Eboko pour les Bulu et les Yebekolo etc...
Les Fang seraient cependant les premiers à avoir traversé la Sanaga.
La Sanaga traversée, les Beti-Fang se sont dispersés dans la forêt, une partie se retrouve aujourd’hui au
Nord Gabon, une autre en Guinée Equatoriale et une partie à Sao Tomé et Principe (Obenga, 1985).
Les causes de cette grande migration sont de deux ordres :la fuite des dangers externes tels les étrangers
et les animaux menaçants ; les querelles intestines suite à la croissance démographique. L’on y adjoint
l’attrait du sel et la course vers la mer.
Figure 1 : Illustration de la traversée de la Sanaga