des éléments des latrines ; comme quoi les clients vont défiler dans son établissement ou devant son
étable comme les hommes défilent aux latrines, ou encore comme les selles attirent les mouches.
Autre exemple, certaines personnes vont utiliser des phalanges de gorille pour confectionner un charme
utilisé dans la lutte traditionnelle, pour être aussi fort que le gorille et ne jamais perdre dans un combat
et même en cas de rixe avec un ennemi ou un adversaire. De tels exemples sont bien légion dans les
villages beti. Et la nature des éléments qui entrent dans la confection d’un charme dépend du pouvoir
ou de la puissance du charme, mais aussi de l’usage qu’on en fera.
Les Types D’Interdits
C’est de même que les interdits inhérents aux charmes dépendent du charme et de sa puissance.
L’observation et le respect des interdits assurent la pérennisation du charme acquis. Nous précisons
cependant que tous les interdits observés chez les Beti ne se réfèrent pas aux charmes. Nous pouvons
donc dire qu’il existe plusieurs types d’interdits.
Les Interdits de Contact
Il y a d’abord un interdit qui renvoie au renoncement, à une interdiction de toucher un objet qui
entrainerait la déchéance du fautif. C’est le cas de toucher le sexe d’une femme avec une main charmée,
utilisée soit pour la lutte, le jeu, la chasse. Ou encore le cas de l’interdiction de commettre l’acte sexuel,
de jour, ou pendant une certaine période. C’est le cas encore de l’interdit de manger un certain animal
ou une partie précise d’un animal pour un chasseur possesseur d’un charme de chasse.
Les Interdits Alimentaires
D’autres interdits, alimentaires pour la plupart, sont plutôt imposés par la volonté sociale, pour la
préservation d’un certain ordre social. C’est le cas de l’interdit de consommer le gosier du poulet ou du
coq pour les enfants et les jeunes ; ou encore l’interdit de consommer la viande de l’antilope sô pour les
non-initiés et les femmes, ou le « kabad » ou « kabat » ou encore « kaban » (bovin, caprin) ou la viande
du serpent python (Mvom).
D’autres interdits, alimentaires aussi avaient pour but d’éviter que le caractère de l’aliment (viande,
poisson, herbes, arbres) ne soit transmis à la personne qui l’a consommé, ou alors à son bébé pour les
femmes enceintes : c’est le cas du serpent pour une femme enceinte, dont le bébé risque de copier les
contractions de corps du serpent, le cas aussi du lièvre rouge qui après avoir parcouru une grande
distance à grande vitesse tombe souvent épuisé, la gueule bavante ; ce lièvre consommé par une femme
enceinte, le bébé risque souffrir de l’épilepsie. C’est encore le cas de l’interdiction aux jeunes de manger
de la viande de vipère, qui leur transmettrait sa lenteur à réagir, sa lourdeur, alors qu’il est permis de
consommer le serpent cobra ou encore le mamba ; rapide, leste, vaillant et prompt à réagir ; toutes
qualités que les jeunes doivent posséder.
Conséquences du Bris D’un Interdit
Si le bris d’un interdit imposé par la manducation d’un charme, de loin le plus rigoureux, entraine
souvent des conséquences fâcheuses pour le fautif, parfois mortelles, le bris d’un interdit imposé par
respect de l’ordre social est souvent sanctifié, lavé, soigné par des rituels propres à chaque interdit.
L’ordre social bouleversé se retrouvant aussitôt rétabli. C’est ce qui explique la multitude de rituels
d’expiation observés.
Dans la société beti. Il est donc clair que la manducation d’un biañ est un risque énorme dont l’issu est
presque toujours fatal. Les anciens Beti sont bien formels sur ce point.