J'irai manger des khorovadz

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J'irai manger des khorovadz

poires qui reposent bien au chaud en attendant d’être rangés sur les
étagères. Sa fournée du matin.
Il me demande si je ne veux pas rester chez lui. Je lui explique que je
ne suis pas encore arrivé et que la route est longue très longue avant
d’atteindre l’Arménie. Je termine de ranger mes affaires et il
m’accompagne tandis que je pousse mon vélo dans le jardin. Je reste
secoué et émerveillé par l’intensité d’une telle rencontre.
Un homme en short sac de courses à la main nous rejoint devant le
portail. Adalbert une barbe de quatre jours est tout fier de raconter notre
rencontre à son voisin de lui montrer mon vélo de lui expliquer d’où je
viens et où je vais. Fier de m’avoir accueilli moi l’inconnu qui ai fait
irruption dans son histoire bousculant son train-train quotidien! Nous
échangeons encore quelques mots et signes de la main et puis il faut se
résoudre à partir malgré l’envie de prolonger ces moments. L’émotion est
là l’émotion est palpable. Il m’entoure affectueusement de ses gros bras
de nounours et m’embrasse comme si l’on se connaissait depuis toujours
comme si je faisais partie de la famille! Je sens son désir d’allonger la
durée de ces instants peut-être dans l’espoir secret d’atténuer sa solitude.
C’est étonnant comme une relation peut naître en quelques heures en
dépit de la langue qui nous sépare!
Le cœur bouleversé je quitte Adalbert. Il m’a ouvert les yeux et
l’esprit sur les Roumains.


Je me réapproprie le tracé de la Nationale 19 qui me ramène et
m’entraîne vers ma destinée. Je croise des habitants assis sur des chaises
ou sur le rebord des murets devant chez eux. Ils se distraient en
contemplant le passage sur la route. Sont-ils là tous les jours ou
seulement aujourd’hui dimanche quand l’activité s’arrête? Comme ces
deux dames dans la soixantaine en pantalon et pull fichu sur la tête avec
un grand tablier uni s’étalant jusqu’à leurs genoux. Elles me dévisagent
courtoisement d’un regard complice et furtif quand je les prends en
photo.
Je croise avec étonnement des charrettes tirées par un cheval
emmenant toute la famille pour les travaux aux champs.

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