J'irai manger des khorovadz
imprévues à affronter le quotidien devant des événements parfois
déstabilisants. Notre relation avec lâautre en est transformée sublimée.
Paul semble se réjouir de cette conversation et notre échange se
prolonge. Je regarde lâheure qui tourne et jâentends mon Azub^51 qui
piaffe dâimpatience dans la cour. Je lui fais comprendre avec tact quâil
est temps pour moi de repartir. Jâai alors droit à une ultime visite guidée
de son atelier vélo. Quel grand bricoleur des rayons et des patins! Je
prends congé de cet artisan-voyageur et je continue mon aventure sous
dâautres cieux pas très cléments ce matin-là .
Après la traversée de la ville jâemprunte la direction de la route 17 en
vue de franchir la chaîne des Carpates. Enfin de vraies montagnes! Jâai
dépassé le panneau de sortie de Britista depuis une dizaine de kilomètres
lorsque je repère sur le bord de la chaussée en face sur la gauche
quelquâun agitant ses bras. Je lui réponds habitué à voir et à entendre les
gens me saluer tout le long de la route. Il me hèle à nouveau. En
approchant je crois saisir quâil me fait signe de venir vers lui. Je lui
réponds par un geste de la main. Il a lâair insistant au point quâaprès
lâavoir dépassé pris de remords ou dâune intuition je fais demi-tour et je
le rejoins. Devant moi un grand panneau « Old Sheriff » signale lâhôtel-
restaurant du même nom au-dessus de la photo dâun shérif. Celui qui me
faisait de grands signes nâest autre que le shérif lui-même en chair et en
os chapeau de cow-boy vissé sur la tête! Une image surprenante au beau
milieu de la Roumanie... Je mâapproche de lui et cale mon vélo sur la
béquille.
- Tu as faim? Viens prendre un repas!
Sans attendre ma réponse il mâattrape par le bras et me force presque
à entrer dans le restaurant. Devant son insistance je le suis consentant et
curieux de voir comment va finir cet intermède.
9 h 45 du matin. Je viens dâengloutir un petit déjeuner consistant
moins de deux heures auparavant. Je pénètre dans la salle de lâauberge
déserte à cette heure. Ambiance plutôt froide avec ses tables en marbre
son sol de la même matière et peu de fioritures. Pas de bruit pas de
(^51) Mon vélo couché tchèque...