Moldavie insaisissable
Iulian est chef de gare sa femme est sans emploi en ce moment. Ce
matin le menu du dernier petit déjeuner roumain bouscule mes envies : il
est composé de produits de leur potager cultivés avec un savoir-
faire évident. Tomates pain maison fromage fabriqué sur place
poivrons Åufs plus une sorte de purée ressemblant à celle quâAdalbert
mâavait proposée le premier soir. Aucun liquide ne permettant de
réchauffer et de lubrifier nos corps engourdis les bols sont encore vides.
Pour les remplir Iulian mâinvite à le suivre sur le terrain derrière la
maison. Drôle dâidée. Où allons-nous? Il va mâinitier à la traite des
blanches : ses chèvres! De retour dans la cuisine avec le précieux
liquide il dispose un linge au-dessus des bols en vue de filtrer le lait de
ses éventuelles impuretés. Nous nous délectons ensuite de ce délicieux
breuvage encore imprégné de la chaleur libérée par le ruminant. Plus
nature que ça difficile à trouver! Après un échange mutuel sur nos
pérégrinations « biclounesques » il me confie à demi-mot telle une
énigme que même si nous ne nous connaissons que depuis peu il est
marqué par ma démarche et par mon personnage qui sortent de
lâordinaire tout comme il lâa été par Claude Marthaler un autre cycliste
quâil a accueilli quelques mois auparavant. Je nâen saurai pas davantage
à ce sujet.
Je lui montre sur la carte la direction que jâenvisage de prendre. Il me
dévisage avec un sourire qui devient un petit éclat de rire compatissant et
amusé...