J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

Triomphe construit en 1840 souvenir de la victoire russe sur l’armée
turque. Une cloche de plus de six tonnes y est installée détournée de son
usage initial puisqu’à l’origine elle avait été fabriquée pour la cathédrale.

Je traverse rapidement ce petit pays – quatre millions d’habitants – le
plus pauvre d’Europe et j’arrive devant une frontière étonnamment
sécurisée. Militaires chiens d’attaque barbelés blocs de béton. Je me
crois donc aux portes de l’Ukraine. Je franchis la frontière change les
devises et satisfais la demande administrative d’immigration provisoire.
J’en informe ma femme qui suit ma progression sur internet grâce à la
balise GPS installée sur mon vélo destinée en priorité aux appels
d’urgence. Elle me soutient que je me trouve toujours en Moldavie. Je ne
comprends pas. Déroutant.
Je découvrirai un peu plus tard que je suis dans un pays... fantôme!
Un pays de 500 000 habitants qui possède son armée sa monnaie sa
propre Constitution son drapeau son hymne national ses frontières son
Parlement son président et son gouvernement. Un pays grand comme un
département français coincé entre le fleuve Dniestr et la frontière
ukrainienne qui a autoproclamé son indépendance en 1991. Il est
invisible sur les cartes du monde car il n’est reconnu par aucune nation!
Rien de tel que ce genre de périple pour contribuer à réviser sa
géographie!
Bienvenue en Pridnestrovskaï Moldavskaïa Respublica (République
Moldave de Pridnestrovié) la Transnistrie le pays qui n’existe pas!
Et c’est dans ce pays mystérieux un musée à ciel ouvert que j’ai vécu
l’un des moments les plus intenses de mon parcours.
Il est difficile d’établir une hiérarchie des meilleurs souvenirs car il y
en a beaucoup chacun ayant sa propre raison d’être. L’intensité des
rencontres spontanées le long de la route a été mémorable. Elles nous
inventent les souvenirs de demain. Ce jour-là en sortant d’un magasin où
j’avais fait des emplettes je réponds à un appel téléphonique de Gilbert
l’un des membres du Conseil d’Administration de l’Association « Espoir
pour l’Arménie ». Il voulait prendre de mes nouvelles et me
communiquer des informations par rapport à mon arrivée en Arménie.