Le bonheur est dans la fève
Sillonnant un paysage monotone et banal et poussé par un vent arrière
compatissant jâatteins Mykolayiv (en ukrainien) Nikolaev (en russe) le
plus grand centre de construction de bateaux de la mer Noire. Cette cité
abrite aussi le plus ancien club de football professionnel du pays et le
centre de lâindustrie ukrainienne du mariage. Aucun lien entre les deux!
Jây croise un Allemand à vélo qui roule léger : il doit avoir au maximum
douze kilos de bagages. Le rêve! Il a 70 ans et pour lui fini de traîner sa
maison. Il roupille à hôtel et mange au restaurant tous les jours. Dans ces
conditions le poids réduit trouve son explication. Il compense assurément
avec un portefeuille plus lourd. Lâaventure et les surprises sâil y en a
doivent prendre une autre dimension. Le vélo est juste son moyen de
déplacement. à chacun son voyage question de choix! Il revient de
Géorgie où il a été refoulé. La situation géopolitique de cette région est
complexe voire instable. Mon projet initial était de longer la côte
septentrionale de la mer Noire. Impossible. La guerre en Abkhazie
province de Géorgie et devenue depuis république autonome mâoblige Ã
mâarrêter à Sochi. Passer les frontières au bon endroit demande une
attention préalable réfléchie sinon une fois sur le terrain on risque de se
faire éconduire et de se retrouver à chercher des solutions dans lâurgence.
Aujourdâhui la recherche de lâescale nocturne est ardue. Après mâêtre
fait chasser avec rudesse (une première !) par une grand-mère à qui je
demandais calmement de squatter un petit bout de son terrain je
débarque finalement au bord de lâestuaire du Doug Meridionnal.
Lâendroit nâest pas propre et je monte la tente à la lumière de la lampe
frontale. Deux voitures arrivent un peu plus tard et se garent à une
quinzaine de mètres de mon emplacement derrière les arbres. Je reste sur
mes gardes ne connaissant pas les intentions de leurs occupants. Je vais
rapidement être fixé : ambiance discothèque jusquâau milieu de la nuit!
La musique va résonner à fond dans les baffles des voitures.
Tôt le lendemain je vais sympathiser avec ces jeunes Tchèques
inoffensifs qui ont eux aussi passé la nuit sur place. Trois chiens
abandonnés viennent rôder autour de ma tente et mettent le bazar dans
ma poubelle. Je ne vais pas traîner dans ce quartier.