J'irai manger des khorovadz
va illuminer la suite. Car cette journée sera un mélange de hauts et de
bas : le terrain le moral la météo. Comme quoi une simple rencontre
peut procurer du bien-être. Jâespère quâun jour je pourrais aussi à mon
tour être source de réconfort pour quelquâun dâautre.
Je décide de quitter cette route vraiment trop fréquentée et de circuler
sur une voie plus étroite longeant la côte qui mène à Yalta. Elle serpente
descend et remonte à flanc de colline traverse tous les petits villages où
les hordes de touristes en vacances â la population est multipliée par six
pendant la haute saison â se baladent engoncés dans leurs bouées drapés
de serviettes multicolores tartinés de crème solaire. Je me retrouve
plongé dans le Palavas-les-Flots des vacances de mon adolescence! Le
long de la route se succèdent dâimmenses hôtels luxueux des bâtisses en
construction et des villas cossues appartenant sans doute à lâoligarchie
russe. Bétonnage sans vergogne heureusement dissimulé par un rideau
dâarbres en deçà de la plage. Cette carte postale ne va pas durer
longtemps. Une nouvelle ondée plus drue que les précédentes se met Ã
dégringoler. Elle se mue en déluge et mâoblige à mâabriter sous le porche
dâune petite boutique. Le jeune commerçant du stand de primeurs dâen
face vient bavarder et prendre une photo. Je vais ensuite lui acheter des
fruits et je repars sans payer car il refuse dâaccepter mon argent.
Profitant dâune petite accalmie je poursuis ma route. Sous une pluie
qui maintenant ne sâarrête plus je parviens à Koreiz un autre village très
fréquenté. Tous les vendeurs de rues ont couvert leurs étals dâune bâche
en plastique. Les passants se protègent comme ils peuvent avec
parapluie poncho imperméable ou sac-poubelle. Vu lâheure et en
attendant que le ciel ait fini de se déchaîner je décide dâavancer la pause
repas. Après avoir remarqué deux restaurants mon choix se porte sur
celui qui se trouve au bord de la route. Il a lâavantage dâavoir une
terrasse ouverte dâoù je pourrai surveiller mon vélo. Je prends place sur
une des banquettes (où lâon est semi-couché) qui servent de sièges dans
une moitié de la salle. Nouvelle expérience. Concernant le choix dâun
plat sur la carte à laquelle je ne comprends rien je fais confiance au
jeune serveur à la trentaine épanouie en veste de cuir marron. Deux
variétés de friands à la viande atterrissent dans une assiette sur ma table.