J'irai manger des khorovadz

Le bonheur est dans la fève

juste pour conserver l’équilibre. Encore sous le choc j’arrive sain et sauf
à vitesse timide au camping indiqué.
Il est presque vide. Tout est sec la verdure est rare sur cet espace de
villégiature. Des arbres esseulés sont disséminés sur le terrain. Certains
sont mal en point. Les douches sont sommaires et l’eau est froide très
froide. Trop froide à mon goût. Je renonce à une vraie douche. Je me
dirige ensuite vers l’endroit où il est prévu d’alléger ses intestins. Après
la visite des lieux la main sur le nez malgré les grandes ouvertures
puisqu’il n’y a ni portes ni fenêtres je préfère choisir le champ d’à côté
en pleine nature. Ce sera certainement beaucoup plus propre et moins
risqué que le site dédié. Un simple conteneur rouillé qui déborde de
partout fait office de poubelle le surplus s’étalant dans ce qui reste
d’herbe aux alentours. Réflexion faite je pense que j’aurais été plus à
l’aise en bivouac qu’en payant pour un tel accueil. Je ne pouvais pas
savoir au préalable que je tomberai sur cet environnement sans parler de
la voiture qui à 4 heures du matin va débouler vitres ouvertes et radio à
fond! Animation surprise. Le chauffeur qui devait finir sa vodka n’a
sans doute pas remarqué l’heure tardive. Belle ambiance.
Sur le site qui le présente l’établissement garantit à ceux qui viennent
en villégiature « un séjour mémorable ». La promesse n’est pas usurpée.
Communication pertinente...

Unique consolation de ce séjour je vais méditer au petit matin sur le
bord de mer proche du campement et je jouis de la vue sur ces petites
criques. Debout sur les rochers un pêcheur essaie d’amadouer le poisson
et cherche à le piéger au bout de ses cannes. Le poisson est comme dans
tous les pays : méfiant et parfois malin. Glissant et muet. Il sait profiter
de la nourriture sans se laisser prendre. Un bateau chargé de touristes
passe à quelques encablures. Peut-être sont-ils allés au large taquiner du
poisson moins rusé.
La journée de pédalage sera courte et facile mais les rencontres au
hasard de la route vont me réserver une surprise. Alors que je me suis
arrêté à un stand de fruits sur le petit marché d’un village je suis abordé
par Andrei un cyclovoyageur ukrainien. Il vient d’effectuer des achats