J'irai manger des khorovadz
dehors de mes habitudes et de ma routine loin de mon environnement
familier et de ses repères rassurants. Mais quâen restera-t-il lorsque je
serai rentré?
Je mâinterroge sur lâorigine de cette envie dâaventure sur cette volonté
dâabandonner le quotidien â tout au moins provisoirement â et de partir
sans attache loin du cadre et sur un cadre.
Cela vient-il des randonnées-nature vécues lors de mémorables
colonies de vacances?
Pendant treize années mon père a dirigé des colonies de vacances en
Alsace et dans les Cévennes. Mes frères et moi nâavions pas dâautre
choix que dây participer. Ce sont des souvenirs fondateurs. Je me
souviens que pour certaines activités nous étions livrés à nous-mêmes
avec notre groupe. Pas dâadulte pour nous surveiller tout au moins de
manière visible. On nous donnait de lâargent destiné à nous nourrir (cinq
francs si mes souvenirs sont bons) et nous devions rejoindre un lieu en
fin de journée. Il fallait trouver son chemin se nourrir avec le pécule
reçu et arriver avec tout son groupe. On était libres responsables grandis
de la confiance que lâon nous accordait. Un mode de fonctionnement
impensable aujourdâhui avec toutes les normes et les contraintes qui
encadrent la moindre animation. On peut se demander si le prix à payer
pour la sécurité et son corollaire le principe de précaution ne conduisent
pas dâune certaine manière à vider lâaventure de ce qui en est lâessence
même sa substance dans la liberté et le risque. Je me souviens aussi de
ces grands jeux de piste qui duraient des heures dans les champs et les
forêts. Des moments de découverte de la nature et de construction dâun
esprit dâéquipe.
Cela vient-il de mes lectures?
Il me revient en mémoire une semaine de vacances à la Toussaint. Ã
cette période jâétais en classe de cinquième. Il faisait un froid piquant en
ce mois de novembre même si à lâépoque nous habitions Agen dans le
Sud-Ouest. Nous logions dans une belle maison ancienne un petit