Lâcher-prise
bourg lové entre deux collines boisées quelques habitants sont là devant
leur maison échangeant sur la météo du lendemain ou alors sur lâavenir
présidentiel du François récemment élu. Des sujets récurrents et
sempiternels.
- Bonjour auriez-vous de lâeau sâil-vous-plaît?
- Oui bien sûr pas de problème me répond une sexagénaire avec un
grand sourire. Elle me regarde avec insistance me dévisage fixe mon
vélo. - Câest bien vous que jâai vu sur la route à la sortie de Lons-le-
Saunier dans la montée? Je vous ai doublé! Vous allez où comme ça? - En Arménie!
- Comment en Arménie? à vélo?
Avec cette fois un air complètement ahuri : - Vous nâêtes pas encore arrivé! Et vous pensez dormir où ce soir?
- Je ne sais pas je cherche justement un emplacement en vue de poser
ma tente. - Si vous voulez nous avons un bout de terrain derrière la maison
vous pouvez vous y installer...
Elle me montre dâun geste la zone en contrebas.
Jâétais en train dâexplorer le secteur pour dénicher un coin tranquille et
voici que Josette me propose spontanément de rester chez eux. Je
savoure rassuré cette première invitation sans lui laisser paraître mon
soulagement. Une nouvelle expérience. Avant mon départ je me
demandais comment faisaient tous ces cyclonomades invités durant leur
périple et je ne me voyais pas quémander tous les jours un emplacement.
Je me rends compte que ce nâest pas si difficile et quâil y a encore des
gens bien intentionnés.
Son beau-frère Ãdouard me rejoint pendant que je mets en place mon
campement. Il a envie de me confier un peu de sa vie son origine
portugaise sa vision de la société ses soucis et préoccupations. Il a
besoin dâéchanger. Jâécoute. Câest davantage dans mes cordes que de
parler. Son épouse a subi un AVC le matin même elle est encore Ã
lâhôpital en observation mais heureusement après examens son état ne
semble pas si grave quâon aurait pu lâimaginer. Lui est un bricoleur