J'irai manger des khorovadz

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De l’élégance du pardon

national avant de connaître une histoire mouvementée. Il n’abrite plus
d’activité religieuse depuis le XIXe siècle monastère perdu dans les
montagnes à la beauté sauvage dans un écrin de forêt à côté duquel se
trouve un musée créé en 1972 et composé de deux salles exiguës. La
responsable qui s’en occupe depuis l’origine est fière de me présenter la
collection d’objets locaux liés à la vie rude d’antan.


Nous retournons ensuite à Idjevan où nous allons prendre un repas
dans la salle au-dessus d’un petit restaurant une frétillante cantine du
centre-ville. La vodka de midi arrive en premier lieu sur la table suivie
par le vin rouge local – la production viticole est une activité en pleine
croissance dans la région – accompagnée d’un peu d’eau quand même
sans oublier le fameux pain lavash et des légumes. Par l’ouverture dans
le mur de l’autre côté de la table les effluves de viande grillée
enveloppée d’épices montent à l’étage. Ces irrésistibles exhalaisons nous
chatouillent le nez et nous mettent l’eau à la bouche. Elles nous
préparent à une expérience arménienne inédite pour moi mais commune
pour eux.
Notre repas est en train de mitonner en bas. Enfin le serveur arrive et
dépose le plat sur la table.
« Ils » sont là devant moi tout chauds grillés à la perfection au
barbecue.
On ne conçoit pas de visiter Toulouse sans se régaler d’un cassoulet ni
de déambuler dans Strasbourg en échappant à la tarte flambée. On ne
peut pas visiter l’Arménie sans manger les fameux khorovadz emblème
séculaire de la cuisine de ces montagnes caucasiennes! Voilà 67 jours
que j’attends ces brochettes que j’en rêve que j’en salive. Jean Chardin
en consignait déjà l’éloge au XVIIe siècle et mentionnait cette manière
particulière de cuire le mouton. Difficile chez les Arméniens d’imaginer
une fête une cérémonie un mariage ou un baptême sans khorovadz!
C’est un pan entier de la tradition culinaire de la culture et de la vie
familiale! C’est plus que de la nourriture! Partager cette viande c’est un
moment unique de convivialité un rituel initiatique un cérémonial qui a
ses codes et ses coutumes dans la commensalité. Un repas de fête qui

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