J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
De l’élégance du pardon

Je peux rentrer chez moi.

Mais la vraie mission est ailleurs et m’attend à Chirakamout...

Le lendemain Sophie vient me rejoindre pour saluer le maire avant
mon départ. Elle n’a presque pas dormi ces derniers jours en raison d’un
déplacement son travail de professeur de français ne lui permettant pas
de subvenir à tous ses besoins. Elle m’explique la difficulté de survivre
en Arménie et la nécessité d’additionner les petits boulots. Malgré tout
elle est ravie d’accomplir sa tâche et passionnée de transmettre son
savoir à ses élèves.
Avant de reprendre la route vers le lac Sevan situé à près de
2 000 mètres d’altitude je fais une halte sous la plaque « rue de
Valence » accrochée au mur afin d’immortaliser ce moment. Souvenir
symbolique.
Avec plus de deux heures de retard sur le programme envisagé je
tourne le dos à Idjevan en m’esquivant par une allée de hauts sapins.
J’emprunte une voie secondaire qui me séduit par son charme et me
permet de rouler dans une sérénité que j’aurais crue difficile à trouver.
Pas de camions et les voitures se font discrètes sur cette voie qui suit la
rivière Getik. Elle quitte l’axe principal pour se tapir au fond d’une
vallée abritée par des sommets spectaculaires qui culminent parfois à
plus de 2 000 mètres. Le silence est troublé par le bruit lointain de la
rivière qui s’ennuie la vue par la silhouette d’un oiseau qui s’agrippe au
ciel ; le vélo décomplexé trace sa route comme s’il était déjà passé par là.
Une balade intemporelle.
Au moment où j’interromps ma progression pour prendre une photo un
homme âgé m’interpelle et me fait signe en haut d’un chemin qui
conduit à sa maison. Son allure élancée et sa voix forte ne passent pas
inaperçues. Je le salue de loin. Alors que je m’apprête à repartir il
descend dans ma direction. Je ne sais pas s’il vient me voir mais afin de
ne pas paraître impoli je l’attends. Arrivé à ma hauteur il me propose de
venir boire un verre chez lui. La légendaire hospitalité arménienne!
J’accepte la proposition avide de rencontres et non mû par la soif bien

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