J'irai manger des khorovadz

De l’élégance du pardon

de l’espérance s’affranchir de la réalité pénétrer dans un espace
intemporel s’évader dans un monde où le mystère côtoie la
magnificence. Il ne s’agit pas seulement d’écouter de la musique mais de
ressentir l’esprit de la nation arménienne. Les mélodies qui s’échappent
de cet instrument ne s’entendent pas avec les oreilles mais elles se
vivent avec le cœur et les tripes. Impossible de tricher. Elles rythment la
vie des familles : mariages funérailles baptêmes et bien d’autres
événements.
Manger des khorovadz en écoutant du doudouk c’est peut-être aussi
ça le bonheur!

Je traverse à nouveau la ville de Dilidjan par laquelle j’étais passé en
partant de Vanadzor et je remarque l’hôtel où ma femme va séjourner le
lendemain. Je vais enfin la revoir après plus de deux mois de séparation.
En vingt-six ans de mariage c’est la première fois que nous sommes
éloignés l’un de l’autre sur une si longue période!
Dans cette zone montagneuse il s’avère difficile de repérer un endroit
où planter la tente en sécurité. Finalement en contrebas de la route je
trouve un abri qui devrait convenir sur un espace de parking proche
d’une habitation. Un chien va venir renifler ma présence et son
aboiement va résonner pendant des heures dans la petite vallée.
Heureusement il n’est pas trop agressif. Décidément ces braves toutous
arméniens m’ont tous à l’œil.

Le matin je me réveille en prenant conscience que je vais bientôt
toucher au but de ce voyage de mon aventure. Déjà la fin? Je me suis
habitué sans simulacres et sans peine à cette vie de nomade à cette vie
au milieu de la nature à cette vie proche des gens. Il faudra que je me
prépare à une existence différente dans peu de jours. Vais-je pouvoir me
réadapter? De toute façon je n’ai pas le choix.
Encore une fois je me retrouve à Vanadzor ex-Kirovakan où je longe
les usines dépecées d’une industrie chimique autrefois florissante. Leurs
grandes cheminées vétustes et les kilomètres de tuyaux en voie de
décomposition sont les vestiges de la période bolchevique. À la sortie de