De lâélégance du pardon
le village de ce qui sâest déroulé ici aujourdâhui. Jamais je nâaurais pu
imaginer me trouver à cet endroit dans ces circonstances!
Il ne faut pas imposer de contraintes ou de barrières à ses rêves et à ses
projets. Lâextraordinaire peut faire partie de la vie câest à nous de le
décider. Parfois nous limitons nous-mêmes nos ambitions et créons nos
propres murs alors que ce qui paraît impossible est à portée de main Ã
portée de pas à portée de roues. Il faudra probablement surmonter ses
peurs et ses appréhensions ne pas craindre le regard de lâautre et oser se
jeter dans le vide avant de découvrir sous ses pieds un monde
insoupçonné de valeurs et dâespoir de talents et de richesses.
Ce nâest pas tout à fait la fin. Jâai encore une dernière étape Ã
parcourir. Le tour dâhonneur en quelque sorte toutefois plus quâune
formalité : je dois rejoindre à plus de 100 km la capitale de lâArménie où
lâon mâattend avec impatience.
à 6 heures du matin par une température descendue à 4° bien
emmitouflé et les yeux embrumés de sommeil jâabandonne Chirakamout
et ses enfants et je mâenfonce dans la nuit qui se dilue. Direction Erevan.
La lumière jaune rasante de lâaube renaissante efface les étoiles et
projette sur la plaine des ombres allongées qui sâétirent reflétant les
montagnes dénudées. Afin dâhonorer lâheure du rendez-vous je dois
pédaler avancer. Les premiers kilomètres sont consciencieux mais jâai
pourtant lâintention de vivre à fond cette dernière journée sur le vélo
dâen user les ultimes secondes comme pour retarder mon arrivée. Peut-
être par désir inconscient de poursuivre ce voyage par envie de ne pas
me confronter à lâépilogue de cette aventure.
Hier jâai eu une conversation assez symptomatique avec ma femme :
- Es-tu content que ce soit la fin?
Après un instant dâhésitation je lui ai répondu « non » redoutant sa
réaction. Heureusement elle a tout de suite enchaîné par une seconde
question : - Tu aurais voulu continuer?
Et je lui ai encore répondu « non ».