J'irai manger des khorovadz

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J'irai manger des khorovadz

4° du matin – s’approche de moi pendant que je roule et me tend une
pomme. Ravitaillement en vol! Je le gratifie d’un grand merci sans
m’arrêter. Au-delà de la pomme c’est un geste symbolique et
compatissant dont il n’imagine pas la portée. Il manifeste le don d’une
partie de ses biens l’attention envers l’autre pour le soutenir en plein
effort. Comme si une simple pomme tendue par cette main magnanime
représentait le concentré de l’ensemble des gestes de générosité dont j’ai
été le témoin et le bénéficiaire tout le long du parcours depuis la France.
Un marqueur de la fin du voyage. En souvenir de tous ceux qui m’ont
nourri accueilli logé et encouragé.


Me voilà enfin en vue de la ville.
Au loin mon regard se fixe sur sept lettres : Y E R E V A N.
J’en suis tout bouleversé. Comment aurais-je pu imaginer un jour
partir de chez moi à vélo et me retrouver deux mois plus tard en
Arménie?
Après 115 km 1 000 mètres de dénivelé et sept heures de pédalage –
sans compter toutes les pauses – je décroche les pieds des pédales et
foule la poussière de la capitale devant le panneau convoité... cinq
petites minutes avant l’heure prévue abasourdi par l’émoi du rêve
accompli!
Au téléphone Harout qui s’inquiétait de mon arrivée me déclare sa
stupéfaction quand il apprend que je suis à l’heure. La mienne n’est pas
moindre...



  • Ce n’est pas dans la tradition arménienne! me fait-il observer...
    Ils sont tous là : les jeunes cyclistes le photographe le cameraman et
    Samuel le responsable vélo. Ils m’attendent sans oublier la police
    donnant sens à la remarque d’Harout un peu plus tôt au téléphone. C’est
    un cortège qui se forme en vue de traverser la ville. On me donne des
    instructions. Un groupe de cinq cyclistes devant moi et autant derrière
    moi. Pas plus pas moins. Je n’ai qu’à les suivre. Deux énormes
    drapeaux arménien et français émergent des vitres d’une voiture restée
    en arrière pour nous filmer. Enfin un véhicule de police ouvre le convoi
    et un autre le clôt. J’ai de la peine à tenir le rythme. Premier carrefour je

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