J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

des aléas suivant la manière dont vous le ressentez – du voyage. Donc
ce matin départ humide.
En continuant ma route je rencontre de plus en plus de gens
ressemblant à des touristes. Je croise bientôt des cars remplis de ces
humains en quête de je ne sais quelle nouvelle sensation. Pourquoi se
sentent-ils obligés de se suivre d’aller tous dans la même direction? La
foule des grands jours est au rendez-vous je me demande quelle en est la
raison. Certains sont affublés d’une excroissance une canne avec à son
extrémité un objet sophistiqué les autorisant à partir à la pêche aux

images aux égoportraits^22 pour prouver qu’ils étaient bien là et se
mettre en valeur pour exister. Une manifestation? Une fête? Une grève?
Je vais découvrir la réponse au détour d’un virage : j’ai rejoint les chutes
du Rhin et je ne le savais pas... Une petite pause s’impose! Je vais
admirer cette curiosité qui semble unique. Dans un bruit assourdissant
des tonnes d’eau s’écrasent en contrebas des rochers après un saut
magistral d’une seule traite de vingt-trois mètres. J’en sens le souffle et
les gouttelettes en déambulant sur le sentier. Elles dégagent une force
incroyable propulsant plus de 600 000 litres en moyenne à la seconde
durant l’été.
Je parcours les étages du musée dans le château de Laufent sur la rive
gauche où l’histoire de cette chute – la plus grande d’Europe sur un
fleuve – est expliquée en détail. Elle s’est créée dans sa configuration
actuelle il y a plus de 15 000 ans. Cette curiosité a suscité la polémique
car au XIXe siècle des décideurs politiques bien intentionnés avaient le
projet de la détruire par souci d’éviter une perte de temps. On peut
comprendre leur motivation quand on sait que les bateliers étaient
obligés de décharger et recharger toutes les marchandises transportées
par voie fluviale en vue de la contourner. Fort heureusement des
habitants précurseurs soucieux de leur environnement et écologistes
avant l’heure se sont battus afin de protéger ce milieu naturel et nous le
laisser en héritage.

(^22) Terme québécois pour le selfie.