J'irai manger des khorovadz
leur territoire et de sâimposer socialement. Ville parmi les plus
pittoresques de la Suisse Stein-am-Rhein a été implantée à lâendroit où
lâon voit le lac de Constance se rétrécir pour laisser le Rhin prendre son
indépendance.
En fin dâaprès-midi jâatteins Radolfzell-am-Bodensee (jumelée avec
Istres la méridionale) située sur la partie inférieure de ce fameux lac
après avoir (re)mis les roues en territoire germanique. Je me dirige vers
le centre et mâimmobilise au milieu de la MarktPlaz dans lâintention de
faire une pause regarder la carte et grignoter. Généralement dans un
laps de temps assez court il y a toujours quelquâun qui mâaccoste
curieux dâen savoir plus. Je vois donc sâapprocher un homme dans la
soixantaine sâappuyant sur sa béquille célibataire les yeux pétillants de
joie. Il commence à me parler en français. Il est Allemand et a vécu six
ans en Bretagne. Sâil le pouvait Gérard souhaiterait vraiment retourner
vivre en France. Il me raconte ses histoires de voyage à vélo : Istanbul le
tour de Bali cet endroit du monde où une partie de son cÅur est restée.
Son visage sâillumine son récit sâemballe les mots se bousculent dans sa
bouche les phrases sâentrechoquent et un sourire jubilatoire éclaire son
visage. Il nâa rien perdu de son français savoureusement cabossé par son
accent croustillant. Il a envie de tout me raconter et je discerne dans son
regard complice la nostalgie de ces années enchanteresses. Il serait prêt Ã
des sacrifices sâil pouvait revivre ces moments de sa jeunesse. Il vit dans
son passé le temps ne peut pas se racheter puisquâil nâa pas de prix.
Câest ce que nous y mettons qui en détermine la valeur.
- Et où vas-tu ce soir?
- Je cherche un coin tranquille.
Une pensée me traverse lâesprit entrevoyant peut-être la possibilité
dâêtre hébergé. - Tu peux continuer par cette route tu arrives à la sortie de la ville.
Après les dernières maisons tu verras des champs et une petite forêt. Tu
trouveras certainement par là -bas un endroit où tu pourras planter ta
tente.
Dommage. Ce ne sera pas lâaccueil espéré. Peut-être la rigueur et la
distance du caractère germanique qui ressortent. Nous nous séparons