J'irai manger des khorovadz

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J'irai manger des khorovadz

remède qui m’entraîne dans un sommeil réparateur sans que je m’en
aperçoive allongé sur mon matelas et pas encore déshabillé. Je vais me
réveiller au milieu de la nuit dans cet état.


Douzième jour.
La lumière du soleil embrasse la toile de tente. Les quelques nuages
présents papotent doucement espérant me réveiller en douceur. Beau
temps gargantuesque et revigorant ce mercredi. Les petites fourmis
rouges ont laissé sur mes pieds des traces de leur passage. Je n’aurais pas
dû les déranger. Tout est de ma faute. Après la routine du matin je
reprends tranquillement la route direction le « R1 ». Je vis une aporie.
Alors que j’expérimente une forme de liberté sans contraintes sans
agenda sans impératifs sinon celui d’arriver au jour prévu il y a tout de
même des habitudes qui s’installent sans générer de lassitude. Peut-être
par souci d’efficacité? Probablement car l’objectif est de ne pas perdre
de temps dans des pratiques désordonnées ou désorganisées : il y a une
méthode dans le pliage de la tente un ordre pour ranger les affaires une
procédure dans la préparation des repas par exemple. Ce rituel peut
représenter une aspiration inconsciente à la sécurité une recherche


d’équilibre dans notre existence bousculée^30. La vie a parfois besoin de
repères.


Dans la traversée de la ville d’Ingolstadt je passe près du château fort
qui a servi de prison à un certain Charles de Gaulle pendant la Première
Guerre mondiale. Je retrouve plus loin la voie vélo sur quelques
centaines de mètres. Fin de parcours. Une barrière stoppe net ma
progression des panneaux indiquant des travaux en cours. Je ne repère
aucune autre issue. « Interdiction de passer ». Je rebrousse chemin et
trouve sur la droite derrière les arbres un petit sentier désert bordé de
buissons. En avançant je débouche sur un chemin plus large et devant


(^30)
Claude Marthaler - Le chant des roues - Éditions Olizane.
« Si la route a plus de chance d’offrir l’imprévu qu’une vie sédentaire le plus souvent
le quotidien est conditionné d’abord par les besoins vitaux : boire manger et dormir. C’est
ce rituel ...qui m’enchante. »

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