J'irai manger des khorovadz
du commerce du sel de Salzburg. Je mâarrête un instant devant la
cathédrale Saint-Ãtienne une de ses trente-six églises. Une
impressionnante horloge en chiffres romains verte et bleue trône sous
lâinscription de la façade « 1675 »... et me rappelle quâil est temps de
chercher à nouveau un endroit qui pourra mâaccueillir pour la nuit.
Premièrement je dois remplir les réserves dâeau. Ma préférence se
porte sur une maison choisie au hasard dans le village de Jochenstein :
après avoir franchi le jardin bien fleuri qui mâinvitait à le traverser je
sonne. Une petite dame toute menue ouvre. Elle ne comprend ni le
français ni lâanglais. Je lui présente mes gourdes et lui fais signe que jâai
besoin dâeau. Elle mâemmène aussitôt dans sa cuisine. Je la remercie de
son amabilité et je retraverse le jardin. Alors que je remets en place sur le
vélo les bouteilles et gourdes remplies la petite dame arrive derrière
moi. Avec la grâce et la discrétion caractéristique de ces populations de
culture protestante elle me tend gentiment un sac. Il contient quelques
pommes de son jardin accompagnées dâun gâteau au kiwi emballé. Elle
prononce dans sa langue des mots que je ne comprends pas avec un
grand sourire en prime. Un sourire rare qui vous fait croire en vous.
Malgré la barrière du langage la communication sâétablit. Quelle
attention délicate! Pas besoin de mots. Une attitude un geste
attentionné un regard apaisant suffisent à révéler son cÅur et partager
ses intentions. Un vrai réconfort après une longue journée. Ce petit geste
tout simple qui paraît anodin en soi est plein de gentillesse et de
tendresse et va droit au cÅur. Câest lâun de ces bons et courts souvenirs
de voyage qui montrent que la bonté humaine est une réalité. Il y a des
gens serviables et généreux dans tous les pays. Je la quitte en la
remerciant chaleureusement sous le charme de sa prévenance amène.
Avant mon départ je ne me suis jamais interrogé sur de possibles
problèmes de communication liés aux différentes langues jâimaginais
quâil y aurait toujours un moyen de se faire comprendre et de
comprendre.
Lâallemand est une langue que je ne maîtrise pas du tout. Je lâai
pourtant étudiée au lycée pendant neuf années. La raison qui mâa poussé