Libération - 25.11.2019

(Michael S) #1
Par
VIRGINIE BALLET
Photos
ÉDouard Caupeil

49 000 personnes selon le cabinet Occurrence,


100 000 selon les organisatrices, ont défilé


dans la capitale, samedi, contre les violences


faites aux femmes. Des mesures doivent être


annoncées ce lundi par le Premier ministre.


A Paris,


la déferlante


#NousToutes


france


D


e mémoire de militante, elle n’a «ja-
mais vu de manif aussi énorme». «Voir
ça de mon vivant, c’est tout simple-
ment extraordinaire», s’enthousiasme-t-elle,
émue. Et d’ajouter : «Enfin #MeToo arrive en
France.» A 71 ans, l’écrivaine et militante fé-
ministe Florence Montreynaud, initiatrice,
entre autres, du manifeste des Chiennes de
garde, paru il y a vingt ans, s’est jointe à la
marche contre les violences sexistes et
sexuelles organisée samedi à Paris par le col-
lectif #NousToutes. Dans l’imposant cortège,
elle a vu une «fantastique relève pour le
­combat féministe». Et en effet : c’est une véri-
table déferlante violette, code couleur de
cette cause, qui a envahi les rues de la capi-
tale samedi.
Selon le cabinet de comptage indépendant Oc-
currence (mandaté par un collectif de médias,
dont Libération), ce sont pas moins de
49 000 personnes qui ont marché dans Paris.
Les organisatrices évoquent pour leur part
150 000 manifestants sur tout le territoire,
dont 100 000 dans la capitale, ce qui en fait,
selon #NousToutes, «la plus grande marche de
l’histoire de France contre les violences». A titre
de comparaison, l’année dernière, pour la pre-
mière édition de cette manifestation contre les
violences sexistes et sexuelles, les organisatri-
ces estiment que 60 000 personnes avaient ré-
pondu présentes, dont la moitié à Paris.
«On marche aujourd’hui, mais s’il le faut, on
marchera encore demain. Etre ici, c’est comme
un cri de rage pour mettre la pression au gou-
vernement», explique Noël Agossa, président
de l’Association des familles de victimes de fé-
minicides. Depuis le meurtre de sa nièce Aïs-
satou, tuée à l’âge de 21 ans en octobre 2016,
ce quadragénaire se bat pour alerter sur le sort
des femmes victimes de violences. Avec son
collectif, baptisé «Plus jamais ça», il in- lll

tervient dans les établissements scolai-
res pour sensibiliser à l’égalité et lutter contre
les stéréotypes sexistes. En juillet déjà, il avait
co-organisé un vaste rassemblement contre
les féminicides dans Paris. Depuis, le gouver-
nement a lancé un Grenelle interministériel
des violences faites aux femmes, à l’issue du-
quel des mesures doivent être annoncées ce
lundi par Matignon. «Il faudrait surtout enga-
ger des moyens pour mener de vastes actions
de prévention. C’est essentiel d’éduquer les gé-
nérations d’aujourd’hui, mais aussi celles de
demain», espère-t-il. Pour autant, comme
beaucoup de manifestants présents samedi,
Noël Agossa dit craindre que ce Grenelle n’ac-
couche que de «mesurettes».
A ses côtés, en tête de cortège, d’autres fa-
milles de victimes de féminicides avaient fait

lll

16 u Libération Lundi^25 Novembre 2019

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