Libération - 25.11.2019

(Michael S) #1

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qui utilise l’IOT pour produire du mobilier de
bureau en bois 100 % personnalisable et recy-
clable, «il s’agit d’un domaine très transversal,
avec des débouchés potentiels dans tous les sec-
teurs d’activité ou presque. En faisant dialo-
guer entre eux les objets via des capteurs archi-
miniaturisés, on peut optimiser notre
production, le tout pour un coût de plus en
plus faible». A l’origine de l’IOT Valley, le PDG
de Sigfox, Ludovic Le Moan, entendait susci-
ter des vocations en faisant éclore des appli-
cations autour de son réseau «0G». Persuadé
que l’Internet des objets se trouve alors dans
la même phase que le Web en 1994, il s’agissait
d’attirer des entreprises partenaires (ETI et
grands comptes) en les aidant à réfléchir sur
les applications IOT susceptibles de les aider
à résoudre leurs problèmes.

Appel à projets. La SNCF, qui exploite un
réseau d’environ 30 000 kilomètres, sera
parmi les premières à ouvrir des locaux au
sein du campus naissant. Un espace dédié à
l’innovation baptisé le «574» (le record de vi-
tesse du TGV) y voit le jour pour explorer le
potentiel des objets connectés et des capteurs
dans le cadre de la maintenance industrielle.
D’autres grandes entreprises (20 à ce jour) sui-
vront comme Intel, Cap Gemini, le groupe
Carrefour ou encore le groupe aéronautique
Daher qui viennent suivre des «formations
IOT» lors de journées d’immersion à Labège.
Des simulations baptisées «ateliers catastro-
phes» permettent d’identifier les difficultés

A Labège,


une couveuse


de start-up


L’association


IOT Valley aide les


projets à éclore.


auxquelles ces industriels doivent faire face
(pannes, contrôle de la qualité et de l’optimi-
sation de la production pour les usines) et
d’élaborer des cas d’usage. «On s’est rendu
compte que, dans nombre de cas, ces solutions
n’existaient pas sur le marché et qu’il fallait
donc créer les start-up qui allaient pouvoir les
résoudre», explique Bertran Ruiz, le directeur
depuis 2015 de l’association IOT Valley.
D’où le lancement d’un incubateur cette an-
née-là, afin «d’accélérer» des projets de
start-up à partir des besoins identifiés par les
industriels partenaires dans une logique de
cocréation. «Le projet est allé au-delà du plan
initial, on a été dépassés et c’est tant mieux,
­témoigne Ludovic Le Moan. Après avoir rap-
proché le monde industriel de l’IOT, il fallait
trouver les entrepreneurs qui allaient donner
vie à toutes ces solutions. Aujourd’hui, pour-
suit-il, les trois quarts des start-up nées au sein
de l’IOT Valley sont toujours en activité.»
En septembre, un nouvel appel à projets pour
la création de dix nouvelles start-up en 2020
a d’ailleurs été lancé avec 2,5 millions d’euros
d’investissements à la clé. «Nous avons au-
jourd’hui plus de projets que de personnes pour
les réaliser, poursuit Bertran Ruiz, dont
l’équipe de permanents de l’IOT Valley com-
prend 35 salariés avec un budget annuel de
2 millions d’euros. Que ce soit dans l’industrie,
les services ou encore la construction, certaines
des problématiques pour lesquelles nous avons
des clients parmi nos partenaires n’attendent
qu’à être résolues et développées.»
Cette approche très empirique, c’est celle qui
a guidé Arnaud Huvelin, le fondateur de la so-
ciété Declique tout juste née. En étudiant les
«micro-arrêts» qui sont le lot commun de tou-
tes les chaînes de fabrication et diminuent
d’autant la productivité et la qualité des pièces
produites, ce dernier a mis au point une mé-
thode pour les quantifier et les analyser avec
l’introduction de boutons sur lesquels les opé-
rateurs doivent appuyer à chaque défaillance.
«Cela permet de détecter l’origine des problè-
mes et d’en mesurer l’impact financier, dit cet
ingénieur de formation dont la solution est

déjà expérimentée par le groupe Spie ou Lieb-
herr Aerospace. Le parallèle est peut-être au-
dacieux mais l’IOT a le potentiel de révolution-
ner l’industrie comme le taylorisme l’avait fait
en son temps. A condition que l’on ne se con-
tente pas d’accumuler des tonnes de données
en truffant les usines de capteurs mais de créer
les services qui vont autour.»

Agrandissement. Si peu d’entreprises de
l’IOT Valley dépassent les 50 salariés, la noto-
riété et la croissance sont déjà au rendez-vous
pour certaines d’entre elles comme Flipr (un
objet connecté pour piscines), Ubigreen (ges-
tion de l’énergie des bâtiments) ou encore
­Cenareo (affichage dynamique des écrans).
En échange de l’hébergement et de l’accès
aux différentes prestations de l’IOT Valley
parmi lesquelles un soutien financier d’amor-
çage de 250 000 euros apportés par la BPI, les
élus s’engagent à reverser 4 % de leur chiffre
d’affaires au-delà de 500 000 euros.
Présente sur trois sites totalisant 13 000 mè-
tres carrés, l’IOT Valley, à l’étroit, va s’agran-
dir prochainement avec la construction d’un
nouveau campus de 20 000 mètres carrés qui
pourra accueillir 1 200 personnes pour un in-
vestissement de 42 millions d’euros. «Ce sera
le grand lieu de la transition des entreprises
vers les objets connectés», assure Bertran Ruiz,
selon lequel il est vital que les entrepreneurs
sélectionnés réinvestissent dans le tissu lo-
cal. Pour Sigfox, qui occupera un tiers du
nouveau bâtiment, le fait de pouvoir réunir
tout le monde au même endroit permettra de
multiplier les synergies. «La France et l’Eu-
rope ne pourront jamais concurrencer la
Chine et les pays émergents en termes de coûts,
conclut Ludovic Le Moan, l’homme à l’ori-
gine de l’IOT Valley. En revanche, et grâce aux
apports de l’Internet des objets, il y a un coup
à jouer pour réindustrialiser la France en fai-
sant le pari d’une montée en gamme avec une
meilleure maîtrise des coûts de production.
C’est ce à quoi l’on va continuer de s’employer
à Labège.»
Christophe Alix

«L’


essor de l’IOT Valley, c’est
la preuve que l’on peut
sortir à Toulouse des deux
grands poumons écono-
miques locaux que sont l’aéronautique et l’aé-
rospatiale.» Ce cri du cœur, c’est celui d’un
jeune créateur de start-up de l’écosystème de
référence français – et même européen – de
l’Internet des objets (abrégé IOT en anglais).
Ses applications quasi infinies – surtout pro-
fessionnelles – sont promises à un bel avenir
à l’ère du tout-connecté avec notamment l’ar-
rivée prochaine de la téléphonie mobile à ul-
tra-haut débit 5G.
Situé à Labège, à la limite des champs, sur un
ancien site du laboratoire pharmaceutique
Sanofi, cet ensemble de 40 jeunes entreprises
et 700 personnes n’est qu’à une dizaine de
­kilomètres du centre-ville, au sud-est de la
métropole toulonnaise. Et depuis sa création
en 2011 dans le sillage de Sigfox, l’opérateur
du principal réseau cellulaire mondial à bas
débit pour l’Internet des objets déjà présent
dans 65 pays avec plus de 300 millions d’eu-
ros levés, ce projet n’a cessé de prendre
de l’ampleur à la faveur de débouchés dans
l’industrie mais aussi les services. Comme le
dit Thomas Devineaux de la start-up Louis,

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