38 // PLACEMENTS Lundi 14 octobre 2019 Les Echos
rées sur mesure. « Nos gammes H
ont dix ans d’existence et, entre 2009
et le 30 juillet dernier, 44 supports
sur 75 ont été remboursés, avec une
moyenne de rémunération nette de
frais, mais avant prélèvements
sociaux et fiscalité, de 8,01 % et une
durée de deux ans », renchérit-on
chez Hedios Gestion Privée dont
l’une des dernières offres, H Perfor-
mance 26, ciblait un coupon annuel
de 11 %. —Laurence Delain
gagnants. « Les investissements en
produits structurés représentaient
13 milliards d’euros fin 20 17 en
France et, depuis 20 07 , 75 % des stra-
tégies “a utocall” lancées ont servi une
performance annuelle supérieure à
6 %, la performance moyenne s’éta-
blissant à 5,65 % », précise Julien
Marette, cofondateur de Feefty, une
plate-forme 100 % digitale qui per-
met aux professionnels de la
finance de bâtir des offres structu-
chés p our doper les coupons poten-
tiels. « Ces offres reposent sur des
ventes d’options qui s’avèrent
d’autant plus chères, donc rentables,
que les places financières sont volati-
les et permettent de saisir des oppor-
tunités sur certaines niches dont on
anticipe l ’évolution à la hausse o u à la
baisse », indique Brice Gimeno.
Les résultats affichés par cette
catégorie de produits en témoi-
gnent, ces paris sont souvent
société du groupe Primonial dédiée
aux produits structurés.
La plupart des offres du marché
sont donc désormais non plus
garanties, mais protégées jusqu’à
un certain seuil de baisse de leur
indice de référence. O n s’engage par
exemple à vous rembourser l’inté-
gralité de votre capital sous réserve
qu’à échéance, le CAC 40 n’enregis-
tre pas un repli de plus de 30 % par
rapport au niveau initial affiché au
moment du lancement du fonds
structuré. En contrepartie, la pro-
messe de gain potentiel se fait plus
alléchante.
« Indexée sur l’Euro STOXX 50 et
déclinée sur différentes échéances de
5, 6 ou 7 ans, n otre g amme Conserva-
teur Double Opportunité permet
non seulement de profiter de la
hausse boursière mais également de
la baisse car, tant que le seuil de pro-
tection n’est pas dépassé, le souscrip-
teur t ouche la valeur a bsolue de l’évo-
lution constatée. Ainsi, que l’indice
monte ou baisse de 35 % on empo-
chera 35 % », explique par exemple
Thibault Guénée, directeur innova-
tion produits du groupe mutualiste
Le Conservateur.
Fenêtres
de remboursement
Nombre d’offres dites « autocall »
(au sens de rappel) sont par ailleurs
dotées de fenêtres anticipées de
remboursement et parviennent à
tirer parti de l’instabilité des mar-
tal et générer du rendement. Bien
sûr, l’efficacité de cette structura-
tion dépend du contexte financier
dans lequel elle s’inscrit.
Garantie coûteuse
Avec la chute des taux, la garantie
totale du capital à échéance est
devenue extrêmement coûteuse en
termes de rentabilité. « Les offres
qui s’engagent à rembourser 100 %
du capital à terme sont difficiles à
construire. Elles exigent des maturi-
tés très longues et même si elle
n’intervient que dans quatre ou cinq
ans, la remontée des taux pourrait
avoir des effets très néfastes sur la
valeur liquidative de ces montages »,
analyse Brice Gimeno, président de
DS Investment S olutions, une
S
ouvent proposées dans le
cadre de l’enveloppe fiscale
de l’assurance-vie ou du
PEA pendant une période limitée,
toutes les offres de fonds structurés
ont pour objectif de restituer, à une
échéance fixée, la mise de départ
(nette des frais de souscription)
majorée d’une performance condi-
tionnée par l’évolution d’un indice
boursier, d’une obligation ou, c’est
plus rare aujourd’hui, d’un panier
de valeurs.
Pour ce faire, les montages pro-
posés reposent tous, peu ou prou,
sur une même mécanique com-
plexe qui consiste à associer l’achat
de produits de taux à des prises
d’options à terme pour faire d’une
pierre deux coups : protéger le capi-
INGÉNIERIE FINANCIÈRE// Les produits structurés sont susceptibles de délivrer de belles performances
tout en protégeant le capital. Mais de telles promesses ne sont pas sans contrepartie.
Protéger son
capital avec la
gestion structurée
Quid de la fiscalité?
Elle dépend de l’enveloppe dans laquelle le fonds est
logé. S’il est souscrit dans le cadre de l’assurance-vie, les
gains seront capitalisés au sein du contrat et soumis à
l’imposition uniquement en cas de rachat partiel ou
total du contrat, sur la base d’un prélèvement libératoire
dégressif selon l’ancienneté du multisupport. Si le fonds
est éligible au PEA, les gains capitalisés seront exonérés
au bout de cinq ans (mais les prélèvements sociaux
seront dus). Et s’il transite par un compte titres
classique, son régime d’imposition sera celui
des valeurs mobilières détenues hors PEA : prélèvement
forfaitaire unique (PFU) de 30 % – dont 17,2 %
de prélèvements sociaux – sur les revenus touchés
et les plus-values.
« Nous ne sommes pas réellement
pessimistes sur les marchés, indique
Sophie Duval, responsable adjoint
du conseil chez Portzamparc. Avec
leurs taux bas, les banques centrales
alimentent la recherche de rendement
ce qui est un facteur de soutien, mais
le marché risque de connaître plus
d’à-coups. » Bien évidemment, le
moyen le plus sûr de se protéger est
de vendre ses titres, la complication
étant alors de savoir retrouver
ensuite un point d’entrée.
Les produits dérivés fournissent
une alternative. Une première solu-
tion est d’acquérir une option de
type put, spécialement construite
pour évoluer en sens inverse du
sous-jacent, qui peut être une action
ou un indice. L’investisseur va payer
ce qu’on appelle une prime pour
acheter le droit de vendre une cer-
taine quantité du sous-jacent (par
exemple le CAC 40, si l’on veut proté-
ger un portefeuille d’actions à domi-
nante française) à un cours (par
exemple 5.200 points) et une date
d’échéance fixée à l’avance (par
exemple, décembre 2019).
A mesure qu’on va se rapprocher
de l’échéance, la valeur de ce droit va
tendre vers zéro si le CAC reste signi-
ficativement supérieur aux 5 200
points, comme actuellement. Mais
s’il venait à plonger sous cette barre
pour flirter avec le niveau des 5.000
points, la valeur de ce droit grimpe-
Avec un CAC 40 en hausse
de 17 % depuis janvier, les
investisseurs peuvent être
tentés de se protéger d’un
éventuel reflux. Le timing
est-il bien choisi?
Couvrir son portefeuille
avec des dérivés
PROTECTION
Avant de céder à cette martingale, il
convient toutefois de ne pas perdre
de vue que les produits structurés
ne sont évidemment pas sans ris-
ques et qu’ils constituent des solu-
tions de diversification à manipuler
avec précaution. On n’est en effet
jamais totalement à l’abri d’un
défaut soit « de l’établissement qui
porte la d ette o bligataire d ont dépend
la protection du capital, soit du sous-
jacent sur lequel s’appuie la pro-
messe de gain », note Julien Marette,
cofondateur de Feefty, une plate-
forme 100 % digitale qui p ermet a ux
professionnels de l a finance de bâtir
des offres structurées sur mesure.
Plus prosaïquement, le principal
risque que l’on court en souscri-
vant un fonds structuré, c’est tout
simplement de ne rien comprendre
au produit lui-même!
Certes, comme le remarque
Julien Marette, « on n’a pas forcé-
ment besoin de savoir comment fonc-
tionne un moteur à explosion pour
profiter d’une voiture qui roule ». Il
n’empêche, il est recommandé
avant souscription de soulever à
minima le capot, pour saisir l’essen-
tiel de ces offres qui s’appuient en
général sur quatre composantes
principales : la durée de placement
(plus l’échéance est lointaine, plus
on d ispose d e marge pour a ssurer l a
protection du capital) ; l’indice de
référence du montage (souvent
Les produits structurés ne
sont pas sans risques. Avant
de s’engager, il faut entre
autres comprendre le
sous-jacent auquel ils sont
adossés et les limites de
protection du capital.
Fonds autocall : les précautions à prendre
COUPONS
rait et tendrait vers 200 points, géné-
rant pour le porteur un gain qui
compensant la baisse de valeur de
son portefeuille.
« L’intérêt des options est que la
prime payée est le maximum que
puisse perdre l’investisseur sur le
dérivé, explique Sophie Duval. Une
autre solution pour protéger son por-
tefeuille est de vendre à découvert des
futures sur le CAC 40, mais dans ce
cas, tant le potentiel de gain que le
potentiel de perte est illimité. »
L’investisseur doit donc effectuer un
dépôt de garantie chez son courtier
et peut faire l’objet d’« appels de
marge » : autrement dit, on peut lui
demander de remettre de l’argent,
faute de quoi ses positions seront
coupées. Si options et futures sont
accessibles aux particuliers, ils
nécessitent l’ouverture de comptes
spécifiques et sont à réserver à des
investisseurs avertis ayant des por-
tefeuilles conséquents (plusieurs
centaines d e milliers d’euros, d e pré-
férence). Pour les autres, les pro-
duits de Bourse comme les war-
rants, dont le fonctionnement est
similaire à celui des options, ou les
turbos, moins techniques, ont un
double intérêt : ils sont accessibles
sur un compte titres ordinaire et la
perte est limitée au montant investi
dans le dérivé. —E. Sch.
Si options et futures
sont accessibles
aux particuliers,
ils nécessitent
l’ouverture de
comptes spécifiques.
« retravaillé » afin d’intégrer les divi-
dendes et de tirer le meilleur parti
de l’univers d’investissement
auquel il est corrélé) ; la barrière de
rappel (quand et à quel niveau de
valorisation boursière s’enclenche
la possibilité de remboursement
anticipé) et le niveau de protection
du capital (jusqu’à –50 % parfois).
Précautions d’usage
« Actuellement, une fois passée une
franchise d’un an d’immobilisation,
les offres actuelles ont tendance à
augmenter la fréquence potentielle
des remboursements en se référant à
l’évolution quotidienne de l’indice
sous- jacent », remarque Brice
Gimeno. Dans la même logique,
certaines offres prévoient le verse-
ment du coupon même si l’indice
de référence est en léger repli par
rapport à son niveau initial (95 au
lieu de 100), tandis que d’autres à
l’inverse exigent qu’il ait progressé à
minima (+5 % ou plus par exemple)
pour enclencher le rembourse-
ment. « On trouve toutes sortes de
propositions sur le marché, mais
quelles que soient ces variantes,
l’investisseur doit garder à l’esprit
que l’espoir de gain est associé à la
probabilité q u’il se réalise » , conseille
Julien Marette. Plus celle-ci est
forte, moins le coupon est élevé.
Pour bien saisir toutes ces subtili-
tés, le néophyte n’a d’autre choix que
de lire avec attention la notice
d’informations du fonds qu’il envi-
sage de souscrire aussi rébarbative
soit-elle! Fort détaillé, ce document
liste les avantages et inconvénients
du produit, décrypte le mécanisme
de remboursement, précise les con-
ditions de sortie avant terme et sur-
tout simule plusieurs configura-
tions de gains selon l’évolution des
marchés. —L. D.