Les Echos - 14.10.2019

(Ron) #1

Les Echos Lundi 14 octobre 2019 PLACEMENTS// 37


un adhérent décède avant cette
dissolution, ses primes s’ajoutent
au pot commun).
Chaque année, Le Conservateur
crée une nouvelle association tonti-
nière pour une durée de 25 ans.
L’épargnant tenté par ce placement
singulier a alors le choix entre
s’engager sur ce terme ou adhérer
à une association lancée anté-
rieurement s ous réserve d e bloquer
son investissement au minimum
10 ans (15 ans en cas de versements
périodiques). Il peut également
répartir ses primes dans différentes
associations pour échelonner les
échéances de son placement. On
parle alors de tontines « en cas-
cade ». A l’adhésion, les versements
sont imputés de frais forfaitaires et
uniques de 18,5 %. Cette ponction
peut sembler bien lourde. Mais lis-
sée sur la durée, elle se révèle moins

pénalisante que les frais de gestion
(contractuels et propres aux fonds
constitutifs des UC) prélevés au fil
de l’eau sur l’e ncours d’un multi-
support classique.

La force du temps
La durée de la tontine fait sa force.
Sur le plan financier tout d’abord,
étant libérés de toute contrainte
de liquidités, les gestionnaires
disposent d’une belle marge de
manœuvre pour chercher des
opportunités de marché avant
de sécuriser leurs portefeuilles
au fur et à mesure que la date de
liquidation de la tontine approche
(gestion à horizon).
La part d’exposition a ux marchés
actions, de private equity et immo-

biliers peut ainsi passer, progres-
sivement, de plus de 75 % dans les
deux premières années à 0 % au
bout de 25 ans. Résultat, sur 15 ans,
on peut pratiquement doubler sa
mise et, « pour un placement effec-
tué en 2004 par un épargnant âgé de
45 ans et échu en 2019, la rentabilité
annuelle nette de frais de gestion de
la tontine a atteint 4,5 %, soit 3,3 %
net d’inflation », indique Thibault
Guénée, directeur innovation pro-
duits du groupe Le Conservateur.
Par ailleurs, l’adhérent peut jouer
la montre sur le plan fiscal.
A échéance, il récupère en effet
son capital majoré de revenus peu
fiscalisés, voire net d’impôts, s’il
a souscrit des tontines « en cas-
cade », afin d’optimiser l’abat-

tement de 4.600 e uros (ou
9.200 euros pour un couple) au gré
de leurs dénouements successifs.
« Cette approche est particulière-
ment adaptée pour profiter de reve-
nus complémentaires à la retraite »,
remarque Thibault Guénée. En
outre, s’il souhaite protéger ses
héritiers, le souscripteur a la possi-
bilité de contracter avant 70 ans
une assurance temporaire décès,
dont le capital reversé au(x) bénéfi-
ciaire(s) désigné(s) profitera du
régime successoral dérogatoire de
l’assurance-vie (prélèvement for-
faitaire de 20 % ou 31,25 % après
abattement de 152.500 euros par
bénéficiaire) et sera taxé sur une
assiette imposable limitée à la seule
prime d’assurance-décès. —L. D.

dans le Code des assurances, ce qui
lui confère un double avantage :
celui de profiter du même régime
fiscal que l’assurance-vie (revenus
soumis au bout de 8 ans à un
prélèvement libératoire de 7,5 %
ou 12, 8 % après abattement de
4.600 euros ou 9.200 euros pour
un couple) tout en offrant des
options complémentaires.

Mutualisation
Définie comme « une association
collective d’épargne viagère »,
la tontine réunit des adhérents
qui investissent des fonds en com-
mun sur un horizon de placement
déterminé (aucune sortie anticipée
n’est e nvisageable). A rrivée à terme,
l’association est dissoute et son actif
(cotisations majorées des fruits
de la gestion) est intégralement
réparti entre ses souscripteurs (si

Vieille dame d’origine italienne,
créée en 1653 par le banquier
Lorenzo Tonti, la tontine n’a pour-
tant pas pris une ride sur le plan
de la pertinence patrimoniale. Sou-
vent considérée, à tort, comme une
variante de l’assurance-vie, cette
forme atypique et confidentielle
d’épargne occupe u n chapitre à part


La tontine est un produit
de niche distribué de façon
quasi exclusive par le
groupe Le Conservateur.


Elle puise son efficacité
financière dans sa
singularité et une gestion
méthodique consistant
à désensibiliser son
portefeuille au fil du temps.
Explications.


La mécanique


de la tontine pour


écraser les risques


LE PRODUIT DE NICHE


A


ctions, obligations, SCPI,
fonds indiciels, structurés,
patrimoniaux, or... L’assu-
rance-vie en UC (unités de compte)
est o uverte sur pratiquement t outes
les classes d’actifs sous réserve
qu’ils offrent « une protection suffi-
sante de l’épargne investie » (articles
L.131-1 du Code des assurances).
Appelée à se renforcer avec l’entrée
en vigueur de la loi Pacte, qui pré-
voit plusieurs mesures en faveur
des fonds euro-croissance ( garantis
uniquement à terme), de l’investis-
sement socialement responsable
(ISR) et du « private equity »
(valeurs non cotées), l’accès à cette
riche palette de valeurs mobilières
(et immobilières) est d’autant plus
appréciable qu’il se fait dans un
cadre fiscal privilégié.
Tant qu’elles sont capitalisées au
sein du contrat, les plus-values
dégagées par les UC échappent à
l’impôt et aux prélèvements
sociaux (et en cas de sortie au-delà
de huit ans, prélèvement libératoire
de 7,5 % o u 12, 8 % a près abattement
de 4.600 euros ou 9.200 euros pour
un couple). Par ailleurs, si l’assuré
décède, ce placement, non compta-
bilisé dans l’actif successoral, sera
transmis aux bénéficiaires dési-
gnés (parents ou pas) en franchise
partielle de droit jusqu’à
152.500 euros. « Aucun autre outil
patrimonial ne concentre à ce jour
autant d’atouts », confirme Thierry
Chouvelon, responsable de l’ingé-
nierie patrimoniale d’UBS France.
En prendre conscience est une
chose. Mais décider d’en profiter
en acceptant une dose de risques
(les UC, contrairement aux fonds
en euros, n’offrent aucune garantie
en capital) en est une autre. C’est
d’ailleurs ce qui explique que, mal-
gré l’érosion continue de leur ren-
dement moyen (appelée à s’accen-
tuer cette année), les fonds en
euros captent toujours presque
80 % des 1.700 milliards d’euros
d’encours de l’assurance-vie et
plus de 70 % de l a collecte
annuelle. Quelques réflexes de bon
sens permettent pourtant de profi-
ter de la dynamique des UC avec
mesure.


1 SEGMENTER
SON MULTISUPPORT
C’est l a première chose à faire. I l faut
ajuster le curseur de sa prise de ris-
ques à son profil d’investisseur et à
son horizon de placement sachant
que, sur une durée de huit ans, les
professionnels préconisent fré-
quemment un taux d’unités de
compte (UC) de l’ordre de 30 %, une
fraction qui doit repasser sous le
seuil des 10 % si l’on pense avoir
besoin de son épargne dans les
deux ans. On peut bien sûr s’expo-
ser davantage à condition toutefois
de moduler la partie diversifiée de
son contrat. « L’an dernier, nos allo-
cations équilibrées, qui compor-
taient 50 % de fonds en euros, 15 % de
fonds diversifiés, 15 % d’immobilier
et 20 % de fonds actions purs ont
dégagé une rentabilité légèrement
positive de 0,58 %, alors que le CAC
40 perdait près de 11 % », indique
Nadine Trémollières, chargée du
pôle Primonial Portfolio Solutions
du groupe Primonial.

2 GESTION PILOTÉE
DE QUALITÉ
Pour Aurore Gaspar, directrice
générale adjointe de Boursorama,
la gestion déléguée reste « pour les
épargnants peu avertis ou qui n’ont
pas beaucoup de temps à consacrer
au suivi de leurs placements, le
meilleur moyen de profiter du dyna-
misme des marchés financiers tout
en évitant d’être à contre-courant
dans ses arbitrages ». Proposées
dans tous les réseaux, ces gestions
« clefs en main », déclinées en pro-
fils de risque plus ou moins offen-
sifs selon les objectifs et horizons de
placement de chacun, ne se valent
pas toutes pour autant.
Certaines, encore composées de
fonds de fonds « maison » coûteux
en frais peu visibles, sont même à
bannir au profit d’offres construites
sur la base d’une identification affi-
née du degré d’aversion au risque
du souscripteur et ouvertes sur les
meilleures signatures de la gestion
d’actifs. En ce sens, les offres pilo-
tées des contrats Internet (de Bour-
sorama, Fortuneo, Altaprofits, ING
Direct, etc.) confiées à des partenai-

res de renom (Lazard Frères Ges-
tion, Edmond de Rothschild AM,
DNCA, etc.) ou bâties avec des sélec-
tionneurs de fonds indépendants
sont à privilégier pour leur rapport
qualité-coût.

3 GESTIONS
STRUCTURÉES
OU FLEXIBLES
Construits pour générer de la per-
formance tout en protégeant le
capital initialement investi, les
fonds structurés sont actuellement
portés par la volatilité des marchés
et sous réserve de bien en compren-
dre le fonctionnement et de les
doser avec soin, ils peuvent générer
un surplus appréciable de perfor-
mance (lire page 38). Fortement

pénalisés par la chute des marchés
l’an passé, l es f onds f lexibles d e type
patrimonial retrouvent quant à eux
des couleurs et une place dans une
stratégie de diversification de
moyen terme. Mieux vaut toutefois
identifier précisément leur c ontenu
et regarder leurs performances
annualisées sur cinq ans mini-
mum, ainsi que les volatilités et per-
tes maximales associées.

4 OPTIONS DE GESTION
AUTOMATIQUE
Pratiquement tous les contrats
diversifiés proposent des outils de
« pilotage automatique » destinés
à amortir les à-coups boursiers.
Parmi les plus connus on peut
citer la sécurisation des plus-va-

lues (écrêtage régulier sur le
fonds en euros des plus-values
générées par les UC à partir d’un
seuil de valorisation prédéfini) ; l e
« stop loss » (désinvestissement
des supports en UC à partir d’un
seuil de moins-value préfixé avec
le client) et son pendant le « stop
win » (sécurisation à partir d’un
certain seuil de plus-values) ou
encore l’investissement pro-
grammé.
Ces options exigent un suivi
attentif lorsque les places boursiè-
res sont volatiles. « Leur caractère
rigide peut se révéler pénalisant et
nous avons par exemple dû décon-
seiller le recours aux options de
stop-loss devenues contre-producti-
ves dans des contextes de marché
trop turbulents », remarque
Thierry Chouvelon.
Dans l a conjoncture a ctuelle, les
mécaniques les plus pertinentes
sont l’écrêtage des plus-values et
l’investissement progressif. Ce
dernier, qui permet d’arbitrer sur
la base d’une périodicité prédéfi-
nie un même montant de son
fonds en euros vers une ou plu-
sieurs UC, a pour principale vertu
« de lisser le prix d’entrée sur les
actions puisqu’on achète automati-
quement plus lorsque les cours sont
bas et moins lorsqu’ils remontent »,
rappelle Latifa Kamal, directrice
ingénierie patrimoniale du
groupe Primonial.
—Laurence Delain

4
À NOTER
Des formules de prévoyance
(garantie plancher, majorée,
indexée.) sont prévues afin que,
en cas de décès de l’assuré
intervenant en période de
dégringolade des marchés,
ses bénéficiaires touchent a
minima un capital équivalant
aux primes versées.
D’un coût variable selon l’éten-
due de la couverture et l’âge de
l’assuré, elles sont le plus sou-
vent proposées en option mais
parfois automatiquement
incluses dans le contrat.

ASSURANCE-VIE//Les contrats d’assurance-vie ménagent, dans leur version multisupport, de belles marges


de gestion active. Comment engranger ses performances sans prise de risques excessive?


Assurance-vie : quatre solutions pour


maîtriser les risques des unités de compte


« Pour les
épargnants qui
n’ont pas de temps
à consacrer
au suivi de leurs
placements, la
gestion pilotée est
le meilleur moyen
de profiter
du dynamisme
des marchés
financiers. »
AURORE GASPAR
Boursorama
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