Le Monde - 26.10.2019

(Wang) #1

Réservationobligatoire


surticketlouvre.fr


LÉONARD


DEVINCI


Exposition


jusqu’au 24 février 2020


Léonard de

Vinci,

Portrait de femme

,dit àtort

La Belle Ferronnière

(détail)©R

MN-GP(musée du Lou

vre) /M.U

rtado

En 1968,AlAin DElonfAit cE qu’illui
plAît.Ce n’est pasuneffet de larévolution
étudiante de Mai, cont re laquelle l’acteur,qui
n’ajamaisfait mystèr edeson engagement
gaulliste,asongéàorganiser une manifes­
tation.Mais plus simplementdustatut
patiemmentbâtipar l’acteur français depuis
une petitedécennie :Plein soleil,de René
Clément, puis Luchino Visconti et
MichelangeloAntonioni,unpassagepar
Hollywood,puis saréinstallation de plain­
pied dans le cinéma français qu’il s’apprêteà
marquer de son empreinte.LeDelon de
La Piscineagit àlaf ois en star et enchef d’or­
chestre, le signe d’un acteur maîtrisantson
destin, œuvrantàl’écrituredesapropre
mythologie. Il est sur lepointdedevenir le
comédien emblématique du cinéma français
des années 1970,àune périodepourtant de
l’histoiredupays, celle du gaullisme finissant,
que Deloncomprend de moins en moins.
La Piscineabeauêtretiréd’un scénario
d’AlainPage et deJean­Claude Carrière,réa­
lisé parJacques Deray,qui porteraleprojet
sur ses épaules, duchoix de son sujetàla
quêted’un acteurprin cipal, le filmpossède
de bout enbout l’ADNdeDelon.Soudain, il
ne s’agit plus d’un acteurpassantd’un film à
l’autre, mais d’une starcherchantà

SuRtouS VoSéCRANSLa marque DELON.


communiqueràl’intérieur decesmêmes
films,comme s’ilexistait un univers Delon,
un tout cohérentpour,enfait, toujours
racont er la même histoire. Lareconstitution,
avec MauriceRonet, du duo dePlein soleil
permettaitàDelon dereprendreson rôle
d’oisif spleenétique du film de Clément. Figé
au bord d’une piscine de Ramatuelle, comme
autrefois sur lacôte Amalfitaine, englué
encoredans la médiocritédeson existence
et cont raintpar les limites de sontalent–il
joue un agentpublicitairequi serêvait autre­
fois écrivain. Le personnage incarnépar
Delon ne se laisse plus d’autrechoix que d’as­
sassiner,par désespoir,MauriceRonettout
simplementcar ce dernierpossède laclasse
et le bagout qu’iln’aurajamais.
Àlajoie hédonistedes années 1950 succé­
dait, surcetteCôted’Azur de carte postale,
transformée enclub privé pour nantis, l’idée
souterraine que, derrièreMai 68, se cachait
l’ennui d’une génération quin’avait connu
que la croissanceetignoraittout de la crise.
Lesretrouvailles de Delonavec Romy
Schneider–une réunionvoulue etrevendi­
quéeparlepremier,autour d’unecomplicité
amoureuse nousrappelantque ce couple
langoureux,àlavitalit ésexuelle ostensible,
ne joue jamais lacomédie–inscrivent d’em­
blée le film dans lapostérité.
un couple uniàl’écranparsa
forteattraction etparle
secretpartagé d’un meurtre
commis dans le film qui
cimente leur relation.Loin
de Ramatuelle, le 1eroctobre
1968, lecorps de Stevan
Markovic, l’ancien garde du
corps d’Alain Delon, est
retrou vé décomposé dans
une décharge publique près
de Paris. Despoliciersinter­
rogentDelonàSaint­tropez
en marge dutournage de
La Piscine.L’affaire, pour
laquelle il se trouverainno­
cent é, lepoursuivradelon­
gues années.Mais c’est une
autrehistoire.
La Piscine(2 h2), de jacques
deray, estéditédans uncoffret
Blu-ray et dVdpar M6 Vidéo.

texteSamuel
BLuMENFELD

Rue des archives/Diltz

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