Les Echos - 22.10.2019

(avery) #1

26 // PME & REGIONS Mardi 22 octobre 2019 Les Echos


innovateurs


Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier


L’histoire continue. Fondée en 1988
et installée à Mauguio, à l’entrée de
l’aéroport Montpellier Méditerra-
née, l’Ecole supérieure des métiers
de l’aéronautique (Esma), en redres-
sement judiciaire depuis juillet, est
reprise par le britannique Airways
Aviation Group. Ce dernier, jugé
plus solide financièrement, a été
préféré par le tribunal de commerce
de Montpellier à deux autres candi-
datures, portées par un ancien pré-
sident de l’Esma et de l’Institut tech-
nologique de Qingdao (Chine). De
source proche, HNA, l’ancien
actionnaire chinois, qui avait acheté
l’Esma en 2013, « a vendu à perte des
formations de pilotes pour sa propre
compagnie aérienne, mettant en diffi-


culté l’Esma ». « HNA a concentré la
stratégie sur les étudiants chinois,
ajoute Didier Cerutti, directeur des
opérations de l’Esma. Airways Avia-
tion va nous ouvrir sur d’autres par-
ties du monde. »

Projets de modernisation
Avec cette acquisition, Airways
Aviation Group, déjà présent au
Royaume-Uni, e n Espagne, au Mon-
ténégro et en Australie, signe sa pre-
mière implantation en France, dans

un marché mondial en pleine
expansion. La base espagnole pour-
rait être rapatriée à Mauguio.
« La plupart des compagnies
aériennes manquent d’effectifs »,
souligne Emmanuel Brehmer,
directeur de l’aéroport Montpellier
Méditerranée. « L’acquisition de
l’Esma est une étape pour répondre à
la croissance du secteur au cours des
quinze prochaines années, notam-
ment en Asie, en Afrique e t au
Moyen-Orient », détaille Romy

concevoir et réaliser le programme
avec les s tations de réception au sol, u n
record dans le spatial », se félicite T hi-
bery Cussac, responsable de la mis-
sion Angels au CNES. Hemeria a
conçu la plate-forme, assemblé le
nanosatellite et développé le centre
de contrôle avec l’aide d’entreprises
comme CS, Erems, Steel Electroni-
que, Mecano ID, etc. L’instrument
Argos-Neo, d ix fois p lus léger (1,5 kg),
a été réalisé par Thales Alenia Space
et Syrlinks. Le programme a coûté
10 millions d’euros et le CNES en a
financé la moitié.

Cap sur l’export
« Le CNES continuera de nous accom-
pagner pendant deux ans pour struc-
turer une filière de nanosatellites ven-
dus à l’international », indique
Nicolas Multan, directeur général

Date de création : 2010
Président : Nicolas Kerbellec
Effectif : 11 personnes
Secteur : sécurité

Stanislas du Guerny
— Correspondant à Rennes

Pour lutter contre les contrefa-
çons, Olnica a inventé un traceur
moléculaire contenant plus
de 1,3 milliard de codes uni-
ques créés à partir d’un mélange
de terres rares. Le principe? Sur
les bijoux ou les billets de ban-
que, la société applique une pou-
dre aux fluorophores spécifi-
ques, visibles ou invisibles, qui
permet d’identifier les produits,
voire de confondre les contre-
facteurs. Une version liquide de
son traceur moléculaire protégé
par trois brevets, indétectable,
vient d’être mise au point pour
l’encre d’écriture. Quelques
gouttes sont ajoutées dans une
réserve de stylo à plume sans
aucune modification de la cou-
leur, ni de la densité. « Nous
démarrons la vente d’un stylo
haut de gamme accompagné de
sa cartouche d’encre sécurisée
pour une clientèle étendue », pré-

cise Nicolas Kerbellec, président
d’Olnica. Elle va du notaire à
l’avocat en passant par le parti-
culier qui veut authentifier son
testament, mais aussi l’assureur
pour lever le moindre doute sur
un contrat. En fonction du
modèle d e stylo à plume c hoisi, il
est vendu avec la cartouche
d’encre entre 915 et 1.500 euros.
L’utilisateur pourra acheter des
recharges avec le même traceur
moléculaire.

La bière chinoise tracée
Selon son dirigeant, Olnica est la
seule entreprise à déployer ce
stylo sécurisé qui pourrait inté-
resser ses principaux clients
industriels en France et à l’étran-
ger, notamment en Corée du
Sud où il est très présent, mais
aussi en Chine. A la demande
des autorités gouvernementa-
les, qui veulent éviter le risque
de fraude sur des taxes, elle trace
par exemple les bouteilles de
bières chinoises de la marque
Tsingtao. Ce système protège les
valises de transport de fonds. En
cas de hold-up, une encre tracée
se répand sur les billets qui
deviennent détectables par les
forces de police. Nicolas Kerbel-
lec estime que ses solutions ont
contribué à réduire le nombre
de braquages en France. « Ils ont
diminué de 82 % au cours des
cinq dernières années », insiste-
t-il. Olnica, qui ne révèle pas son
chiffre d’affaires, a effectué deux
levées de fonds : 500.000 euros
en 2015 et 1,1 million en 2017,
notamment auprès du fonds
régional Breizh Up.n

L’ INVENTION OLNICA


DR

Un stylo à encre antifraude


traceur moléculaire


Date de création : 2019
Président et cofondateur :
Jean-Damien Louise
Effectif : 3 personnes
Secteur : biotechnologies

Nicole Buyse
— Correspondante à Lille

Incubé à Eurasanté à Lille, Axo-
rus vient tout juste d’être créé,
mais son projet de rétine artifi-
cielle pour les patients atteints
de dégénérescence maculaire
liée à l’âge (DMLA) remonte à
deux ans. En vue de développer
cette rétine bionique fondée sur
un neurone électronique auto-
nome, la start-up s’appuie sur
deux brevets issus des instituts
de recherche IEMN et Ircica, rat-
tachés au CNRS, et à l’université
de Lille. Le projet a fait l’objet
d’un premier prototype : un
pixel de rétine, porté par l a SATT
Nord (Société d’accélération du
transfert de technologies), qui y
a investi 400.000 euros.
La jeune entreprise innovante
vient de lever 827.000 euros
auprès de Finovam, Fira Nord-
Est et Nord France Amorçage. A
l’issue de l’opération, les fonda-
teurs d’Axorus restent majoritai-

d’Hemeria. Après Angels, l’entre-
prise construit la constellation
Kinéis de 25 nanosatellites de 25 kg,
qui fournira à la fois le système
Argos et l’Internet des objets (IoT)
pour suivre des conteneurs, des
petits bateaux, etc. Kinéis, filiale du
CNES, en a la maîtrise d’œuvre, tan-
dis que Thales Alenia Space fait la
charge utile avec Syrlinks.
Le faible coût de cette constella-
tion, évalué à 100 millions d’euros,
favorisera son utilisation en complé-
ment de l’IoT terrestre. Hemeria réa-
lisera les plates-formes d’ici à 2022
en portant son équipe nanosatellites
de 18 à 25 personnes. L’entreprise
cherche maintenant des ventes à
l’international. « Nous espérons un
contrat à l’export pour l’observation
de la Terre l’an prochain », dit Nicolas
Multan.n

Hawatt, fondateur et président
d’Airways Aviation Group. Airways
Aviation devrait investir environ
500.000 euros dans l’achat d’un
simulateur de pilotage dernière
génération. Autre projet de moder-
nisation, l’installation d’un nouveau
service de navigabilité, suivant à
l’heure près les pièces mécaniques à
changer sur les avions. Parmi les
élèves étrangers, l’établissement
compte une cinquantaine d’élèves
chinois et un contingent important
venant du Maghreb.
Airways Aviation Group dispose
d’une flotte d’aéronefs composée de
34 Diamond et d e 16 Cessna. L’un des
enjeux d’avenir pour l’Esma est
d’être « assez attrayant pour attirer
les instructeurs », décrypte Didier
Cerutti. L’Esma emploie 65 salariés
et accueille environ 80 0 élèves
(hôtesses et stewards, techniciens
de maintenance, pilotes, personnel
au sol) dans un bâtiment de
11.600 mètres carrés. Le site, doté
d’un accès direct à l’aéroport Mont-
pellier Méditerranée, dispose d’une
centaine de logements étudiants, de
deux hangars pour l’entretien de la
flotte et la formation maintenance,
de salles de classe, d’installations de
formation des personnels navigants
et de quatre simulateurs. L’Esma et
Airways Aviation cumulent de
nombreuses certifications interna-
tionales.n

OCCITANIE


L’ Esma Aviation
Academy, en redresse-
ment judiciaire depuis
juillet, est reprise par
le groupe britannique.


Airways Aviation
s’implante en France
pour la première fois.


L’école aéronautique Esma reprise


par Airways Aviation à Montpellier


Airways Aviation Group est déjà présent au Royaume-Uni,
en Espagne, au Monténégro et en Australie. Photo Esma

Hemeria livre le premier nanosatellite


industriel français


tres de côté sur 35 de haut, il ne pèse
que 18,3 kg avec son instrument
Argos-Neo qui collectera les données
des balises de suivi des océans, des
animaux et des bateaux de pêche.
C’est pour développer une filière
française de nanosatellites que le
Centre national d’études spatiales
(CNES) a conçu ce démonstrateur
avec Nexeya, un équipementier de
l’aérospatial et de la défense. Cette
ETI a été rachetée en septembre par
l’allemand Hensoldt, sauf sa bran-
che spatiale pour r aison de souverai-
neté nationale. Rebaptisée Hemeria,
cette dernière a réalisé un chiffre
d’affaires de 35 millions d’euros en
2018 avec 180 salariés.
Pour fabriquer Angels, 25 per-
sonnes dont 5 du CNES ont travaillé
chez Hemeria depuis mars 2017. « II
n’a fallu que deux ans et demi pour

Denis Meynard


Reprise en 2016 alors qu’elle était en
redressement judiciaire par le fonds
Fadegest, Carnet de Vol est à nou-
veau en mauvaise posture. Le tribu-
nal de commerce d’Antibes (Alpes-
Maritimes) doit rendre mardi sa
décision sur l’avenir de l’enseigne
nationale de prêt-à-porter masculin
dont les services centraux sont ins-
tallés à Biot. L’enseigne est confron-
tée à la poursuite des pertes de La
Compagnie des vestiaires de
l’homme (LCVDH), la société
implantée à Paris qui l’exploite
depuis trois ans. L’administrateur


Prêt-à-porter : Carnet de Vol


au bord de la liquidation


nommé en avril, au moment de
l’ouverture de la procédure de
redressement judiciaire, a sollicité
une liquidation lors de l’audience du
8 octobre dernier. La juridiction
commerciale a mis sa décision en
délibéré à quinzaine. Accordant
ainsi un délai supplémentaire pour
écouler les stocks et permettre à un
éventuel repreneur de se manifester.

Franchise
Durant cet intervalle, les dirigeants
ont déjà procédé à la fermeture
d’une série de magasins intégrés de
la chaîne, « parmi les moins renta-
bles » de la quarantaine encore en
activité, notamment en Bretagne et
en Auvergne-Rhône-Alpes. Une
quarantaine d’autres ont déjà été

fermés ces derniers mois, notam-
ment parmi ceux qui étaient exploi-
tés en franchise. L’an dernier, la
marque trentenaire de vêtements
élégants rappelant l’aviation, mais
aussi de chaussures et autres acces-
soires, affichait encore son ambi-
tion de séduire les h ommes « pilotes
de leur vie ». Avec pour objectif un
chiffre d’affaires de 20 millions
d’euros ( +30 %) sur 2018, qui n’a sans
doute pas été atteint, l’entreprise
annonçait l’ouverture de nouveaux
magasins, visant la centaine à la fin
de 2019.
Créée en 1989, par Michel Weil,
un commerçant de Besançon pas-
sionné de Saint-Exupéry, l’enseigne
avait été rachetée en 2005 par
Gruppo Industrie Moda (famille ita-
lienne Riorda). Intégrée en 2016 au
family office de la famille Desjon-
quères, via la société Fadeco, égale-
ment actionnaire de La Compagnie
du Lin, elle est depuis dirigée par
Emmanuel Pelillo. Cet ancien direc-
teur général de Stokomani avait
notamment renouvelé la direction
artistique pour tenter de relancer
Carnet de Vol.n

PROVENCE-ALPES-
CÔTE D’AZUR


Après avoir retrouvé
la santé en 2017
et 2018, la marque de
vêtements, dont
l’univers est l’aviation,
a fermé plusieurs
dizaines de boutiques.


Seine : allumage
d’une torchère
d’ExxonMobil
NORMANDIE Le site de la raf-
finerie ExxonMobil de Notre-
Dame-de-Gravenchon, entre
Rouen et Le Havre, émet depuis
samedi une puissante torchère
visible à 40 km à la ronde sur ce
site Seveso seuil haut. L’indus-
triel explique que c’est une
mesure de sécurité de vidange
d’un vapocraqueur à la suite
d’une coupure électrique.

en bref


Démarrage de la
centrale flottante
d’Akuo
PACA L a centrale photovoltaï-
que flottante de Piolenc (Vau-
cluse), plus puissante centrale
de ce type en Europe, a été
mise en service en fin de
semaine dernière par la
PME francilienne Akuo.
47.000 panneaux ( 17 hectares)
posés sur un étang dans une
ancienne carrière fournissent
l’énergie de 4.700 foyers.

res : Jean-Damien Louise, son
président, diplômé de l’Isen (Ins-
titut supérieur de l’électronique
et du numérique) et de HEC, Clé-
mence Cossec, polytechni-
cienne et docteur en neurobiolo-
gie, Hélène Moulet, docteur en
biophysique, ainsi que les deux
coïnventeurs, Alain Cappy,
ancien directeur de l’IEMN et de
l’Ircica, et Virginie Hoel.

Un dixième d’acuité
Avec cette enveloppe, Axorus,
qui a déjà bénéficié d’une aide de
250.000 euros de bpifrance
dans le cadre du concours i-Lab,
va lancer d’ici à la fin de 2019 les
essais sur l’animal au sein de
l’Institut de la vision, à Paris, afin
de fabriquer les différents proto-
types et d’augmenter la densité
des pixels. L’idée est de recouvrir
quelques millimètres carrés de
la rétine, car « plus il y aura de
pixels, meilleure sera la vue »,
explique Jean-Damien Louise.
Si cette phase préclinique, qui
devrait prendre deux ans,
s’avère concluante, la société
pourra passer aux essais sur
l’homme, qui nécessiteront une
seconde levée de fonds. Son but
est de s’approcher d’un dixième
d’acuité v isuelle, seuil minimum
pour voir sans assistance. Axo-
rus espère pouvoir commercia-
liser sa rétine bionique en 2024.
L’entreprise pourrait aussi
codévelopper d’autres implants
de ce type pour la maladie de
Parkinson ou l’épilepsie, par
exemple. « Notre objectif est
d’être une première brique tech-
nologique pour créer l’industrie
de la bionique », espère Jean-Da-
mien Louise.n

LA TECHNOLOGIE AXORUS


Une nouvelle rétine


artificielle pour la DMLA


DR

Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse


Le premier nanosatellite industriel
français Angels a quitté le 16 octobre
les salles blanches d’Hemeria à Tou-
louse pour rejoindre la base spatiale
de Kourou, où i l sera lancé le
17 décembre. Mesurant 22 centimè-


LA PME À SUIVRE
OCCITANIE


Le satellite Angels
de 18 kg seulement,
conçu avec l’aide du
CNES, sera lancé dans
l’espace en décembre
avec un équipement
Argos-Neo.


La date


1989
La date de création de Carnet
de vol par Michel Weil.
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