Le Monde - 05.10.2019

(Marcin) #1

0123
SAMEDI 5 OCTOBRE 2019 planète | 9


Bayonne

Rouen

Ajaccio

La Rochelle

Brest

Mulhouse

Poitiers

Reims

Limoges

Nantes

Grenoble

Lyon

Metz

Clermont-
Ferrand

Strasbourg

Marseille

Caen

Dijon

Toulouse

Besançon

Saint-
Etienne

Tours

Orléans

Amiens

Paris

Bordeaux

Nice

Troyes

Perpignan

Lille

Rennes

Montpellier

Le Mans

Bastia

Bayonne

Rouen

Ajaccio

La Rochelle

Brest

Mulhouse

Poitiers

Reims

Limoges

Nantes

Grenoble

Lyon

Metz

Clermont-
Ferrand

Strasbourg

Marseille

Caen

Dijon

Toulouse

Besançon

Saint-
Etienne

Tours

Orléans

Amiens

Paris

Bordeaux

Nice

Troyes

Perpignan

Lille

Rennes

Montpellier

Le Mans

Bastia

1 1 379 sites classés Seveso en France


* pour la France métropolitaine
** de niveaux 4, 5 et 6 sur l’échelle européenne
des accidents industriels qui compte six niveaux
selon la gravité croissante des conséquences de l’accident

0 100 km

Les départements et régions
d’outre-mer ne sont pas à l’échelle.

744 sites classés « seuil haut »

Densité de population
par commune en 2016,
en nombre d’habitants/km^2

635 sites classés « seuil bas »

1 5 15 30

Plus de 250
De 100 à 250
De 50 à 100
Moins de 50

Accidents** les plus graves
survenus dans des installations
classées Seveso depuis 20 ans,
selon leurs conséquences humaines
et / ou environnementales

Nombre de sites classés Seveso
par commune en 2019,
selon leur seuil

ROUEN

1 km 3 km 5 km

Sei
ne

Île
Lacroix

Île
Lacroix

Saint-SeverSaint-Sever

Vieux
Centre

Vieux
Centre

Zone
portuaire

Zone
portuaire

Incendie
le 26 septembre

Incendie
le 26 septembre

Jardin
des plantes

Jardin
des plantes

CauchoiseCauchoise

MONT-
SAINT-AIGNAN

MONT-
SAINT-AIGNAN

BOIS-
GUILLAUME

BOIS-
GUILLAUME

BIHORELBIHOREL

LE PETIT-
QUEVILLY

LE PETIT-
QUEVILLY

SOTTEVILLE-
LÈS-ROUEN

SOTTEVILLE-
LÈS-ROUEN

BONSECOURSBONSECOURS

Saint-
Hilaire

Saint-
Hilaire

(^2) Lubrizol, à Rouen : le développement urbain à l’épreuve du risque industriel
L’usine Lubrizol...
L’usine Lubrizol (incendie le 26 septembre)
La zone industrialo-portuaire
Usines classées Seveso
... située à proximité des habitants...
Zones d’habitat très dense et dense
Limites du vieux Rouen
Ecoles fermées du 26 au 28 septembre
par décision de la Préfecture
Aire d’accueil des gens du voyage
... s’inscrit dans une zone
en développement
Des projets d’écoquartiers
Réaménagement
des espaces publics
La directive européenne Seveso de 1982 (du nom de
la commune italienne où s’est produite une pollution
chimique en 1976) impose une politique commune
en matière de prévention des risques industriels
majeurs. La dernière version de cette directive,
dite Seveso 3, est en vigueur en France depuis 2015.
Elle distingue deux types d’installations (seuil haut et
seuil bas) selon la quantité de matières dangereuses
présentes, déterminant ainsi les mesures de sécurité.
Seveso, une réglementation européenne
dont 277 000 près d’un site
classé Seveso seuil haut
1 km 2,5 millions 500 m
de personnes
dont 1,1 million près d’un site
classé Seveso seuil haut
Population concernée*, dans un rayon de...



  • pour la France métropolitaine
    663 500
    personnes
    Lille
    Rouen
    Dieppe
    Amiens
    Le Havre
    Paris
    Saint-Quentin
    50 km
    La^ M
    an
    ch
    e
    Le panache de fumée de l’incendie s’est
    déplacé vers le nord-est
    Communes concernées par un arrêté
    de restriction sanitaire...
    ... lié à l’incendie de l’usine Lubrizol
    0 1 km
    Usine d’engrais
    AZF, à Toulouse,
    le 21 septembre 2001.
    Violente explosion
    d’un stock de nitrate
    d’ammonium.
    31 morts et plus
    de 2 500 blessés.
    Usine
    pétrochimique
    Noroxo, à Harnes,
    le 28 novembre 2003.
    Vague de légionellose
    diffusée à partir des tours
    aéroréfrigérantes.
    83 victimes,
    dont 18 morts.
    Usine
    pharmaceutique
    Oril, à Bolbec,
    le 23 juillet 2012.
    Pollution de la nappe
    phréatique et du réseau
    d’eau potable
    de 17 communes.
    Usine
    chimique Arkema,
    à Saint-Auban,
    le 6 mars 2017.
    Pollution de la Durance
    et d’un captage d’eau
    potable
    à Villeneuve.
    Sources :
    Insee ; base des installations classées
    et base de données Aria, ministère
    de la transition écologique et solidaire ;
    métropole de Rouen ;
    préfectures de la Seine-Maritime
    et des Hauts-de-France ; Copernicus
    Infographie Le Monde :
    Mathilde Costil ; Eugénie Dumas ;
    Romain Imbach ; Xemartin Laborde
    P
    ourquoi ici et pas ailleurs? Pourquoi si
    près de grandes agglomérations? L’im­
    plantation territoriale des sites Seveso
    n’est le fruit ni du hasard ni de l’incon­
    séquence des entreprises, mais bien souvent ce­
    lui de plus de deux siècles d’histoire industrielle.
    Les zones de plus fortes concentrations sont
    connues : le bassin parisien et les boucles de la
    Seine jusqu’à Rouen, l’agglomération lilloise,
    Lyon et la vallée du Rhône ainsi que la région de
    Marseille et de l’étang de Berre. Au début du
    XIXe siècle, le premier texte sur les nuisances in­
    dustrielles – le décret de 1810 « relatif aux manu­
    factures et ateliers qui répandent une odeur in­
    salubre ou incommode » – commence à sou­
    mettre à autorisation l’installation des usines
    dangereuses, naturellement implantées non
    loin des zones urbaines, donc des bassins d’em­
    ploi facilement accessibles et de grands fleuves
    navigables, voies de communication naturelles.
    « Le décret de 1810 n’était pas rétroactif, il n’a
    donc pas modifié l’implantation des ateliers ou
    usines existants, relate Jean­Baptiste Fressoz,
    historien et chercheur au CNRS. Et peu à peu, les
    nouvelles installations potentiellement dange­
    reuses se sont agrégées à ces dernières car il est
    toujours plus facile de s’installer sur une zone
    déjà “sacrifiée”, que sur un site encore vierge de
    toute activité génératrice de telles nuisances. » En
    outre, ce décret permettait aux entrepreneurs
    de maintenir leurs autorisations au prix de re­
    lances régulières de toute activité, même fac­
    tice. « Même en cas de cessation d’activité, les en­
    trepreneurs pouvaient ainsi, par exemple en ral­
    lumant brièvement un fourneau, maintenir leur
    autorisation d’opérer sur place, ce qui permettait
    de conserver au site une plus grande valeur pour
    d’éventuels repreneurs », poursuit M. Fressoz.
    « Vagues de pétrolisation »
    Ce phénomène est illustré par l’exemple saisis­
    sant rapporté par l’historien Thomas Le Roux
    (CNRS), dans une récente tribune publiée par Le
    Monde : la première contamination environne­
    mentale d’ampleur – des fuites d’acide sulfuri­
    que – survenue sur le territoire remonte aux an­
    nées 1770 et s’est produite à quelques centaines
    de mètres du site de l’actuelle usine Lubrizol...
    Dans les années 1930, puis les années 1960,
    deux vagues de « pétrolisation » de l’économie
    française suscitent de nouvelles installations,
    destinées au raffinage du brut. « Autour de ces raf­
    fineries se grefferont naturellement un grand
    nombre d’usines pétrochimiques, dans l’après­
    guerre, relate l’historien Renaud Bécot, cher­
    cheur associé au Centre d’histoire sociale des
    mondes contemporains. Qui susciteront à leur
    tour la construction d’infrastructures de trans­
    port : ports, gares, autoroutes. » La fin des années
    1960 marque un tournant dans la relation des
    populations au risque industriel : en 1966, l’in­
    cendie de la raffinerie de Feyzin (Rhône), premier
    grand accident de l’après­guerre touchant une
    installation classée, fait 18 morts et suscite de
    nouvelles réglementations en matière de pré­
    vention des risques.
    stéphane foucart
    Risque industriel 2,5 millions de Français
    à moins d’un kilomètre d’une usine Seveso
    L’implantation de sites dangereux dans des zones densément peuplées et à proximité
    des grandes voies de communication est le fruit de plus de deux siècles d’histoire économique

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