Le Monde - 02.10.2019

(Michael S) #1

0123
MERCREDI 2 OCTOBRE 2019 économie & entreprise| 17


L’Espagne ralentit, bridée par l’instabilité politique


La croissance de la troisième économie européenne a été révisée à la baisse pour le premier semestre


madrid ­ correspondance

A


vec un taux de crois­
sance deux fois supé­
rieur à la moyenne
européenne, l’Espagne
reste l’un des principaux moteurs
économiques d’une Europe grip­
pée. Cependant, les derniers chif­
fres macroéconomiques témoi­
gnent d’un ralentissement plus
accentué que prévu.
Lundi 30 septembre, l’Institut
national de statistiques a revu à la
baisse la croissance enregistrée au
deuxième trimestre : entre avril et
juin, le PIB a augmenté de 0,4 %,
contre 0,5 % annoncé dans un
premier temps. Au premier tri­
mestre, la croissance s’est limitée
à 0,5 % et non pas 0,7 %, et celle de
2018 a aussi été corrigée : elle res­
sort finalement à 2,4 % au lieu de
2,6 %, signe d’une courbe qui s’est
infléchie plus rapidement que le
gouvernement ne le prévoyait. La
croissance s’était en effet élevée à
3,8 % du PIB en 2015, 3 % en 2016 et
2,9 % en 2017.
Alors que la consommation des
ménages et les investissements
stagnent, ce sont surtout les ex­
portations, en hausse de 1,7 % au
deuxième trimestre, les créations
d’emplois (+ 0,5 %) et les dépenses
publiques qui soutiennent la
croissance. A l’inverse, le contexte
international, marqué par le
Brexit, le coup de froid de l’écono­
mie allemande ou la guerre com­
merciale, participe au ralentisse­
ment. Le manque de stabilité poli­
tique, du fait du blocage provoqué
par l’incapacité des partis à gérer
la fragmentation parlementaire,
n’est pas non plus étranger à cette
situation, selon les analystes. Le

10 novembre seront organisées
les quatrièmes élections législati­
ves en quatre ans, le gouverne­
ment socialiste de Pedro Sanchez
est en intérim depuis mars, et le
royaume fonctionne grâce à la
prorogation du budget 2018.
« Au­delà du contexte internatio­
nal, l’incertitude provoquée par
l’instabilité politique a un effet né­
gatif sur les investisseurs, souligne
l’économiste de l’IE Business
School Fernando Fernandez. L’ab­
sence de gouvernement en exercice
provoque, en outre, une situation
fiscale complexe : des décisions en
matière de dépenses ont été prises
qui n’ont pas pu être compensées
dans le budget par des augmenta­
tions de recettes. Le gouvernement
est resté passif devant le dérapage
des régions autonomes. Et le déficit
structurel ne cesse d’augmenter,
notamment du fait de l’augmenta­
tion des dépenses en retraites, sans
qu’aucune réforme n’y réponde. »

Dérapage budgétaire
Non seulement l’objectif de 2,2 %
de croissance en 2019 apparaît
compromis, mais les analystes ta­
blent sur un dérapage budgétaire
qui menace les engagements du
royaume dans la réduction du dé­
ficit public, très loin du taux de
1,3 % fixé avec Bruxelles et de l’es­
poir du gouvernement d’afficher
un excédent primaire (sans comp­
ter le coût de la dette). Le gouver­
nement table à présent sur 2 % de
déficit public en 2019. La Banque
d’Espagne prévoit, elle, que le défi­
cit se maintienne à 2,4 % du PIB,
comme en 2018, et 2 % de crois­
sance. Au premier semestre, le dé­
ficit des administrations publi­
ques a augmenté de 17 % par rap­

port au premier semestre 2018 et
a déjà atteint 2,1 % du PIB.
Depuis le début de l’année, le
gouvernement a en effet multi­
plié les décrets­lois ayant un im­
pact sur les dépenses. Après l’aug­
mentation, en janvier, du salaire
minimum de 22 %, fixé à
900 euros sur quatorze mois, la
hausse du salaire des fonctionnai­
res et des retraites, il a pris de
nombreuses mesures sociales en
mars, dans un contexte préélecto­
ral, alors que son projet de budget

avait été rejeté, que les élections
anticipées étaient convoquées le
28 avril, que le Parlement était dis­
sous. Comme l’augmentation des
congés paternité, de cinq à huit
semaines, la hausse des aides so­
ciales pour les chômeurs de plus
de 52 ans ou pour les familles pau­
vres avec enfants, pour un coût de
près de 1 milliard d’euros.

Solution fragile
Or, privé de budget, il n’a pas pu
mettre en œuvre les réformes pré­
vues pour financer ces nouvelles
dépenses, comme la hausse des
impôts sur le diesel, la suppres­
sion de niches fiscales, les nouvel­
les taxes sur les transactions fi­
nancières ou les géants du numé­
rique. Pour contrôler les comptes
publics, Madrid n’a pas d’autres
choix que de faire confiance à la
croissance et de geler les investis­
sements publics prévus, notam­
ment dans les infrastructures fer­
roviaires. Une solution fragile. La
ministre des finances, Maria Jesus

Montero, a reconnu, dans les pa­
ges du journal La Razon, que retar­
der le budget à l’an prochain pro­
voquerait « des difficultés », car
« les nouveaux prélèvements fis­
caux doivent permettre de couvrir
les dépenses ».
L’autorité indépendante de res­
ponsabilité fiscale (Airef) a averti
dans un rapport que la proroga­
tion du budget aura pour consé­
quence « un retard dans le néces­
saire processus de consolidation
fiscale qui garantisse l’arrivée réa­
liste à des niveaux plus sûrs d’en­
dettement ». La dette a en effet re­
présenté au deuxième trimestre
99 % du PIB, trois points de plus
que l’objectif marqué par Bruxel­
les. « L’Espagne, avec 14 % de chô­
mage, un déficit structurel de 3 % et
une dette de près de 100 % du PIB, a
besoin d’un gouvernement solide
et large, qui permette de mener des
réformes afin d’affronter un possi­
ble changement de cycle économi­
que », ajoute M. Fernandez.
sandrine morel

Privé de budget,
le gouvernement
n’a pas mis
en œuvre les
réformes prévues
pour financer
les nouvelles
dépenses

L’industrie électronique japo­
naise n’en finit pas de s’effondrer.
Aujourd’hui, c’est son dernier
producteur d’écrans plats, le com­
posant le plus cher d’un smart­
phone, qui menace de disparaître
et appelle au secours son client,
Apple. Pourtant, les pouvoirs pu­
blics ont fait beaucoup pour em­
pêcher cette glissade meurtrière
qui menace la présence nip­
ponne dans la haute technologie.
Après avoir vu s’écrouler ses
producteurs de puces, le gouver­
nement nippon a créé en 2012 un
fonds destiné à sauver ses der­
nières pépites. Et notamment la
production d’écrans plats. Il a or­
chestré la fusion des derniers fa­
bricants du pays, Sony, Hitachi et
Toshiba, dans une seule entre­
prise appelée Japan Display. Pour
soutenir son développement,
elle a été dotée de 2 milliards de
dollars (1,8 milliard d’euros). In­
troduite en Bourse en 2014, elle a
pu récolter 3 milliards supplé­
mentaires et est devenue le lea­
der mondial de ce secteur straté­
gique. Aujourd’hui, ce fleuron est
au bord de la faillite.

Autrefois dominant
Sur son dernier exercice fiscal
connu, d’avril à juin, la firme a
enregistré une perte nette de
770 millions de dollars, quasi­
ment égale à son chiffre d’affai­
res. Un plan de secours avait été
concocté en avril avec des action­
naires taïwanais et chinois conti­
nentaux. On apprenait le 26 sep­
tembre que l’un d’entre eux, le
groupe Harvest Fund Manage­
ment, basé à Shanghaï jetait
l’éponge. En catastrophe, c’est,
comme souvent, vers le client

que l’entreprise s’est tournée.
Apple, qui représente 60 % de
son chiffre d’affaires, avait déjà
avancé 200 millions de dollars, il
devra s’engager beaucoup plus.
Une information à ne pas met­
tre dans les mains de Donald
Trump, qui tente de convaincre
les géants de la high­tech améri­
caine de revenir produire au pays.
D’ailleurs, Apple a récemment
annoncé son intention de fabri­
quer des ordinateurs portables de
haut de gamme Mac Pro dans
une usine au Texas. Mais il lui
faut aussi sauver l’industrie élec­
tronique japonaise. La laisser s’ef­
fondrer reviendra à se livrer pieds
et poings liés à son meilleur en­
nemi, Samsung, grand rival dans
les smartphones, mais aussi four­
nisseur majeur d’écrans et de pu­
ces mémoires. Voilà qui n’est pas
de très bon augure pour faire
baisser le prix de ses produits. Or
les iPhone se vendent moins bien
qu’avant et sont jugés trop chers.
Justement, Japan Display, qui a
complètement raté la dernière
génération technologique, celle
des écrans OLED, fournit des mo­
dèles moins chers à cristaux li­
quide, qui conviennent encore
aux modèles d’entrée de gamme.
Pauvre Japon, autrefois domi­
nant, contraint à jouer les utilités.
Un destin funeste, qui n’arran­
gera pas le moral des industriels
nippons confrontés à la récession
de leur production manufactu­
rière. Comme l’Allemagne, autre
champion de l’export manufactu­
rier, le pays ne parvient plus à
s’extraire du piège de la « vieille
industrie », celle des autos et des
machines. Mauvaise passe.

PERTES & PROFITS|JAPAN DISPLAY
p a r p h i l i p p e e s c a n d e

Apple au secours


de l’industrie japonaise


LES  CHIFFRES


1 210 MILLIARDS


C’est, en euros, le montant
de la dette espagnole,
soit 99 % du PIB.

3,2 MILLIONS
C’est le nombre de chômeurs
en Espagne au deuxième
trimestre, soit 13,8 % des actifs.

0,4 %
C’est le taux de croissance
du PIB au deuxième trimestre.
Le gouvernement table
sur une croissance de 2,2 %
cette année.

C

B

A

NOTRE CONSEIL, VOTRE SUCCÈS


VOTRE PRODUCTIVITÉ


EST NOTRE PRIORITÉ.


Nos conseillersvous offrent des
solutions sur mesure pourrépondre
à vos besoinset êt re à la hauteur
de vos ambitions.

OFFRES EX


CLUSIVES


AU^0801


800 001


*

Contactez unconseillerDell dès aujourd’huiau 080 1 800 001*ourdv sur notresiteDell.fr LIVRAISONGRATUITE

Sécurité, Productivité, Croissance.


Windows 10 Professionnel est
la solution idéale pour les entreprises.

© 2019 Dell Inc. ou sesfi liales.Tous droits réservés. Dell, EMC et d’autres marques sont des marques de Dell Inc. ou de sesfi liales. Dell S.A, Capital 1 782 769 € Siège
Social 1 rond-point Benjamin Franklin 34000 Montpellier. France. N° 351 528 229 RCS Montpellier –APE 4651Z. Prix et spécifications techniques corrects à la date
de parution. Prix et spécifications techniques modifiables sans avis préalable. Photos non contractuelles. Dell n’est pas responsable des erreurs de typographie ou de
photographie. Les offres promotionnelles sont limitées à 5 systèmes maximum par client. Les offres et les prix indiqués en ligne sont uniquement valables pour les achats
effectués à la boutique en ligne Dell. Pour plus de renseignements, merci de bien vouloir contacter notre équipe commerciale. Les Conditions Générales deVente et de
Services de Dell s’appliquent.Vous pouvez les consulter à l’adresse http://www.dell.fr. *De 9h à 18h du lundi au vendredi (Numéro gratuit).

LIVRAISON
GRATUITE

B.XPS 13
À partir de

1 049 €
HorsTVA et Li vraison gratuite
Windows 10 Pro, Intel®Core™i
8e génération
4 Go de mémoire, SSD 128 Go

C.Vostro 3580
À partir de

479 €
HorsTVA et Li vraison gratuite
Windows 10 Pro, Intel®Core™i
8e génération
4 Go de mémoire, SSD 128 Go

A. Inspiron 15 5000
À partir de

57 9 €
HorsTVA et Li vraison gratuite
Windows 10 Pro, Intel®Core™i
8e génération
8 Go de mémoire, SSD 128 Go
Free download pdf