Les Echos - 02.10.2019

(Brent) #1

Les Echos Mercredi 2 octobre 2019 PME & REGIONS// 25


innovateurs


le déménagement des entreprises
et un peu des particuliers
(15 %). L’autre moitié est effectuée
dans la logistique pour une cin-
quantaine de clients dont Eurocop-
ter à Marignane et le CEA à Saclay.
Son chiffre d’affaires atteignait
24 millions d’euros en 2016 mais
avec les difficultés financières, il a
vendu en 2017 son activité de loca-
tion de camions avec chauffeurs
(pour Castorama, etc.), comptant

104 véhicules et 89 salariés, au
groupe Berto en Avignon.
Cette cession n’a pas suffi à relan-
cer le groupe toulousain qui avait
quadruplé son chiffre d’affaires de
2004 à 2015 en rachetant plusieurs
entreprises et en se diversifiant
dans la logistique, la location de
camions et l’archivage des docu-
ments. Rives Dicostanzo avait aussi
ouvert un entrepôt de logistique
près d’Airbus à Toulouse en 2015.

l’usine de Crusta C à Boulogne-sur-
Mer sera transférée dans l a nouvelle
entité, qui devrait être opération-
nelle d’ici à l’é té 2020. L’entreprise
joue la carte environnementale sur
cette nouvelle entité, qui sera cou-
verte de panneaux photovoltaïques
et dont les terrains seront tondus
par des moutons. L’investissement
atteint 9 millions d’euros, pour une
unité très automatisée qui produira
4.000 tonnes de crevettes chaque
année. Elle emploiera 20 person-
nes, mais cet effectif pourrait dou-
bler à terme. En effet, Crusta C a
réservé une emprise foncière per-
mettant, le cas échéant, de doubler
les capacités.
En parallèle, les volumes ainsi
libérés de l’unité de Boulogne-sur-
Mer vont permettre à l’entreprise d’y

Olivier Ducuing
— Correspondant à Lille


Crusta C, le spécialiste de la crevette
tropicale, fondé par Franck Nguyen
en 1993, et basé dans le Gers, se dote
d’une nouvelle chaîne de cuisson de
crevettes surgelées à Arras. Cette
usine sera spécialisée dans la pro-
duction de crevettes en petits for-
mats (250 et 500 grammes) à desti-
nation du marché libre-service
estampillés « ASC », c’est-à-
dire aquaculture durable.
« L’Europe du Nord ne veut que d es
produits ASC. Et quand on regarde la
carte, Arras est le nœud logistique
pour aller vers l’Europe du Nord »,
explique Franck Nguyen. L’actuelle
production de gamme ASC dans


HAUTS-DE-FRANCE


Le leader français
de la crevette en
marque distributeur
vise notamment
l’Europe du Nord.


nous sommes consultés pour un
déchet, nous le caractérisons, réali-
sons la formulation adaptée pour le
recycler en partenariat avec universi-
tés et instituts de recherche, identi-
fions la filière locale et faisons ensuite
son suivi environnemental », expli-
que-t-il. Neo-Eco, basé à Haubour-
din (Nord), a déjà développé une
vingtaine de filières de recyclage et
plus de 200 écoproduits et écoma-
tériaux. Ils sont ensuite exploités
par une société créée pour l’occa-
sion dans son incubateur. Une dou-
zaine de start-up ont a insi été créées
générant 200 emplois. La toute pro-
chaine, encore incubée chez Neo-
Eco, sera Valame, pour recycler
l’amiante et en tirer sable et magné-
sium. Avec une centaine d e contrats
en cours, Neo-Eco devrait doubler

cette année son chiffre d’affaires, de
2 millions d’euros en 2018. « Depuis
un an et demi, tout le monde prend
conscience de cette nécessité de met-
tre en place des boucles d’économie
circulaire », poursuit Christophe
Deboffe. Ses clients vont des collec-
tivités aux industriels, entreprises
de BTP ou de la grande distribution,
en passant par les recycleurs.

Chantiers du Grand Paris
Neo-Eco travaille ainsi pour deux
sociétés HLM nordistes, Villogia et
LMH, a fin d e recycler l es matériaux
issus de la déconstruction
d’immeubles et de les réutiliser
dans leurs constructions neuves.
De même est-il sous contrat avec la
Société du Grand Paris pour valori-
ser les déblais de ses 200 km de tun-

Date de création : 2015
Président : Matthieu Burin
Montant : 5 millions d’euros
Effectif : 30 personnes
Secteur : bâtiment

Chantal Houzelle
@HouzelleChantal

« Un Français sur deux n’est pas
satisfait des travaux de rénova-
tion de son habitation. C’est donc
un marché très anxiogène, tant
pour les particuliers que pour les
artisans du bâtiment », estime
Matthieu Burin, président de
Travauxlib. Pour imposer sa
marque sur ce vaste chantier
encore peu numérisé, la société
qu’il a cofondée en septem-
bre 2015 avec Arnaud Kleinpe-
ter change d’identité pour deve-
nir Hemea. Un nom collant
mieux à la valeur ajoutée de son
service d’accompagnement per-
sonnalisé qui veut faciliter et
sécuriser les projets de rénova-
tion et d’architecture d’intérieur.
En forte croissance (300 %),
l’entreprise a convaincu Daphni
d’entrer au capital à l’occasion
de sa seconde levée de fonds

Christophe Pouget

bouclée à 5 millions d’euros.
Chef de file de l’opération, le
fonds d’investissement en
assure 85 % avec Breega Capital,
actionnaire historique qui a par-
ticipé au premier tour de 1,8 mil-
lion en 2017 aux côtés de Xavier
Niel. Le fondateur d’Iliad est
aujourd’hui rejoint par d’autres
business angels VIP tels Michaël
Benabou (Vente-privee.com),
Frédéric Utzmann (Effy) ou
Patrice Thiry (ProwebCE), qui
complètent les 15 % restants.

Test avec Groupama
Bien installée en région pari-
sienne et lyonnaise, la société va
étendre son réseau national,
d’abord dans la métropole bor-
delaise début 2020. « Nous envi-
sageons un ancrage dans 5 à
10 grandes villes comme Toulouse
ou Nantes », projette Matthieu
Burin. « Rien qu’en Ile-de-France,
le marché est évalué entre 10 et
15 milliards. » Pour l’heure,
Hemea, accrédité par la Banque
de France p our g arantir des paie-
ments sécurisés, travaille avec
250 entrepreneurs du bâtiment
et architectes d’intérieur triés sur
le volet. « Le coût moyen de
nos 150 chantiers en cours, qui
concernent à 95 % des particu-
liers, varie de 30 à 40.000 euros,
avec un plafond à 1 million. »
Depuis début 2019, Hemea pro-
pose en partenariat avec AXA
France la première garantie
« Bonne fin de chantier » pour
des travaux à hauteur de
500.000 euros. « Nous sommes
en train de créer une assurance
décennale dédiée aux artisans
avec Groupama », annonce-t-il.n

LA LEVÉE DE FONDS HEMEA


L’ex-Travauxlib veut créer


un réseau national


Date de création : 2014
Directeur : Yves Gervais
Investissement : 12 millions
Equipe : 1.550 personnes
Secteur : aéronautique

Stéphane Frachet
— Correspondant à Tours

Le laboratoire Prométée, dédié
aux programmes et moyens
d’essais pour les transports,
l’énergie et l’environnement,
vient de boucler sa deuxième
phase d’investissements avec
8 millions d’euros apportés par
la région Nouvelle-Aquitaine.
S’y ajouteront 4 millions p our les
bancs de tests et souffleries
financés par l’université de Poi-
tiers, l’Isae-Ensma (Ecole natio-
nale supérieure d e mécanique et
d’aérotechnique), le CNRS et des
industriels, dont le CNES. « Ces
outils vont nous permettre de
poursuivre notre politique d’équi-
pements lourds et de regrouper
des bancs qui sont situés sur
l’aéroport de Poitiers », se félicite
Jacques Borée, professeur

CNRS

nels (44 millions de tonnes de
déchets) et, idéalement, en réutili-
ser pour les installations des JO de
2024 à Paris. Avec le groupe CB, pro-
ducteur de granulats, et le cimen-
tier Eqion il est en train de monter
une filière pour refaire du béton à
partir de gravats du BTP. De même
a-t-il mis au point, à partir des sédi-
ments des fossés et des canaux de la
métropole lilloise, un produit bre-
veté baptisé « Hydrocyls » qui va
être utilisé pour améliorer les
caractéristiques de rétention et de
stockage de réservoirs d’eaux plu-
viales. Neo-Eco compte 21 ingé-
nieurs, effectif qui devrait monter
à 30 d’ici à la fin de l’année. Après
avoir ouvert un bureau à Lyon, il
s’implante à Paris et, l’année pro-
chaine, dans l’Ouest.n

Il était implanté sur 12 sites dans
le Sud de la France, jusqu’à
Angoulême et Grenoble.

Douze pays
Grâce à cette acquisition, DMax
s’étend au Midi et double de taille.
Créé en 2006, le déménageur pari-
sien a grandi par acquisitions.
Après avoir démarré en Ile-de-
France et en Normandie, il a créé
une agence à Lyon en 2017 et
racheté les Déménagements
Leclercq dans le Nord en juin 2018,
portant son effectif à 200 salariés. Il
a réalisé un chiffre d’affaires de
16 millions d’euros en 2018, à 85 %
dans le déménagement, principale-
ment pour les entreprises, et à 15 %
dans la logistique et les services, en
desservant 12 pays.
Le groupe emploie désormais
430 personnes, possède 350 véhicu-
les et engins de manutention et se
renforce dans la logistique. Il cher-
che maintenant à s’implanter dans
l’est de la France, le Sud-Est et la Bre-
tagne, ses clients internationaux lui
demandant d’avoir une couverture
nationale. Il diversifie aussi ses acti-
vités. « Devant la diminution des
déménagements de bureaux avec la
numérisation, nous élargissons nos
services au montage de mobilier, au
garde-meuble et aux travaux de
second œuvre », dit Jérôme Jaman.n

Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse


Le déménageur DMax implanté à
Clichy (Hauts-de-Seine) rachète son
homologue Rives Dicostanzo à Tou-
louse q ui était en redressement j udi-
ciaire depuis le 25 avril. Le groupe
parisien reprend 230 des 234 sala-
riés et 150 véhicules ou engins de
manutention dont une centaine de
camions. « Nous avons acheté le
fonds et repris l es congés du p ersonnel
pour 800.000 euros, mais nous
devons investir en tout 3 millions
d’euros pour reconstituer le fonds de
roulement et remplacer les camions
vieillissants », explique Jérôme
Jaman, président et fondateur de
DMax. Les deux marques cohabite-
ront au début puis seront unifiées.
Rives Dicostanzo a réalisé un
chiffre d’affaires de 16 millions
d’euros en 2018, à moitié dans


OCCITANIE


Le déménageur
d’entreprises DMax
reprend son homolo-
gue toulousain,
en redressement
judiciaire, et 230
des 234 salariés.


Déménagement : DMax double


de taille avec Rives Dicostanzo


Le groupe emploie désormais 430 personnes et possède 350 véhi-
cules et engins de manutention.Photo Alexandre Nicolas/DMax

Neo-Eco fait émerger de nouvelles


filières d’économie circulaire


produire des crevettes décortiquées
et sans additifs, une tendance forte
du marché, indique Franck Nguyen,
qui pousse aussi les feux sur les pro-
duits allégés en sel, sans sulfite, et les
crevettes alimentées sans OGM.

6 millions d’euros
pour Boulogne
Un programme global de 6 millions
d’euros sur cinq ans sera dévolu au
développement de l’usine boulon-
naise. « On pense que c’est une année
charnière. Le marché de la crevette est
devenu relativement stable, on y voit
clair sur la consommation et les prix,
la demande chinoise est moins forte,
moins exponentielle », analyse
Franck Nguyen. Crusta C, qui a réa-
lisé 120 millions d’euros de ventes
l’an dernier, dont 70 % en marques
distributeur et 15 % à l’export, espère
20 millions de plus à brève
échéance, tout en augmentant ses
parts à l’export. Mais cette dynami-
que concerne l’ensemble du groupe
familial JMI. Entièrement intégré,
de la pêcherie jusqu’à l a distribution,
il a réalisé 166 millions d’euros en
2018, avec 1.200 salariés.n

Crusta C implante une usine


de crevettes à Arras
Lorraine : Jinjiang
supprime une
centaine de postes
LORRAINE L e groupe c hinois
Jinjiang va supprimer une
centaine d’emplois (sur 140)
au sein de FVM Technologies,
sa filiale de sous-traitance
automobile en redressement
judiciaire à Villers-la-Monta-
gne (Meurthe-et-Moselle).
FVM Technologies fabrique
des carters de boîtes de
vitesse pour Renault, son uni-
que client.


en bref


Incendie de site
Seveso maîtrisé
à Toulouse
OCCITANIE Echaudée par les
polémiques de l’incendie de
Rouen, la préfecture de la
Haute-Garonne a préféré
annoncer elle-même mardi
qu’un début d’incendie a eu
lieu sur le site classé Seveso de
l’entreprise STCM, spécialiste
de la gestion des déchets, dont
des batteries au plomb. Le feu
a été stoppé par la société.

15


MILLIONS D’EUROS
L’investissement total de
Crusta C dans le Pas-de-Calais.

d’aérodynamique à l’Isae-
Ensma et directeur adjoint de ce
campus dédié à l’aéronautique
et aux transports, qui est installé
sur le site du Futuroscope. Ce
pôle regroupe 900 étudiants,
400 doctorants et 250 cher-
cheurs et ingénieurs.

Un besoin de formation
Grâce à Prométée, qui a déjà
mobilisé 15 millions en 2015, ils
ont accès à des plateaux techni-
ques mutualisés, dont des bancs
de tests de propulsion pour les
carburants du futur des fusées
ou du comportement des turbi-
nes et des réacteurs. Parmi ces
instruments, le trou Martel per-
met d’étudier la détonation et
l’explosion des lanceurs. « Dans
ce domaine des lanceurs, qui vit à
l’heure d’une concurrence mon-
diale, nous allons reproduire un
pas de tir au 1/40e, qui sera plus
précis et plus moderne », pour-
suit-il. Une e xtension d e
2.000 mètres carrés est prévue
pour accueillir ces nouveaux
moyens de recherche. Le chan-
tier débutera d’ici à 2021. Au-delà
de la R&D, le Conseil régional de
Nouvelle-Aquitaine répond à un
impératif de formation. « Nos
entreprises du secteur aéronauti-
que nous demandent de former
1.000 ingénieurs supplémentaires
par an », a souligné son prési-
dent, Alain Rousset. Deux nou-
velles formations d’ingénieur en
apprentissage verront le jour
autour de l’aérotechnique à
l’Isae-Ensma ou de l’énergie et
l’environnement à l’Ensi.n

LE PROJET PROMÉTÉE


12 millions pour propulser


la recherche aérospatiale


Nicole Buyse
— Correspondante à Lille


Christophe Deboffe, qui a créé Neo-
Eco il y a onze ans, définit lui-même
ce bureau d’ingénierie-conseil
comme « un facilitateur d’économie
circulaire » qui monte des filières de
valorisation de déchets. « Quand


LA PME À SUIVRE
HAUTS-DE-FRANCE


Ce bureau d’ingénierie
environnementale
identifie des filières
de recyclage et met au
point des écoproduits
et écomatériaux.

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