Les Echos - 02.10.2019

(Brent) #1

Les Echos Mercredi 2 octobre 2019 // 33


Propos recueillis par
Erick Haehnsen


Comment la Caisse des Dépôts
repense-t-elle son rôle à tra-
vers la Banque des territoires?
Chaque année, la Caisse des Dépôts
ce ntralise une part de l’épargne du
livret A et du livret de développe-
ment durable et solidaire (LDDS)
pour la transformer en prêts à lon-
gue durée. Nous mobilisons ainsi
quinze milliards d’euros, principa-
lement en faveur des collectivités
territoriales e t des bailleurs sociaux,
ainsi qu’un milliard d’euros en
investissement pour financer de
grandes infrastructures. Sur ce
point, nous intervenons toujours en
co-investissement avec un effet de
levier de s ept. C’est-à-dire qu’un mil-
liard d’euros que nous investissons
permet d’entraîner 7 milliards de
co-investissements. Nous sommes
également autorisés à intervenir
sur le très long terme avec des prêts
jusqu’à 80 ans afin d’aider les
bailleurs sociaux à acquérir le fon-
cier dans les métropoles. En effet,
avec le phénomène mondial de
métropolisation, les villes grandis-
sent et attirent de plus en plus
d’entreprises, d ’universités,
d’emplois, de familles, de jeunes...
Cela crée de vives tensions sur le
foncier. Ces prêts à très long terme
facilitent grandement l’équilibre
des opérations immobilières dans
le logement social. Pour coordon-
ner nos actions, la Banque des terri-
toires exerce trois activités complé-


mentaires : le conseil en ingénierie
territoriale, le financement et les
opérations.

Comment intervenez-vous
dans le logement?
La Banque des territoires est aussi
un opérateur immobilier global au
travers de CDC Habitat, filiale de la
Caisse des Dépôts. Laquelle gère
328.000 logements sociaux via C DC
Habitat social, Maisons et Cités et
les Sidom (Sociétés immobilière
d’outre-Mer) et construit chaque
année 20.000 logements sociaux -
avec un objectif de mise en chantier
d’ici 2029 de 49.000 logements
sociaux et 29.000 logements en
outre-mer, dont une majorité de

logements sociaux. En parallèle, le
groupe a mobilisé, entre 2008
et 2016, près d’un milliard d’euros
d’investissement pour rénover plus
de 63.000 logements en matière
énergétique. CDC Habitat gère éga-
lement 87.000 logements intermé-
diaires (10 % à 15 % moins chers que
le marché en zones tendues) et en a
lancé 5.500 nouveaux. Enfin, le
groupe gère des logements accom-
pagnés, via Adoma, pour 88.000
personnes en difficulté qui ne peu-
vent accéder à un logement de droit
commun : jeunes en insertion, tra-
vailleurs précaires, bénéficiaires de
minima sociaux, travailleurs
migrants, familles monoparenta-
les...

De quelles manières vos
actions se coordonnent-elles?
Avec CDC Habitat, le programme
« Copropriétés dégradées », par
exemple, concerne les immeubles
d’habitation q ui ont u n lourd défaut
d’entretien. Il s’agit de programmes
lourds. Il faut exproprier, remettre
un syndic, resituer les commodités
(eau, électricité...), payer les factu-
res en souffrance des charges des
parties communes, réhabiliter...
Parfois, mieux veut démolir et
reconstruire. En tout cas, ce type de
programme illustre la coordination
des actions que mène la Banque des
territoires. Mais nous intervenons
aussi dans la rénovation thermique
qui concerne cinq millions de loge-
ments ainsi que des bâtiments
publics.

Comment vous adressez-vous
aux collectivités territoriales?
Je pense en particulier au pro-
gramme « Action Cœur de ville »
pour laquelle nous avons mobilisé
1,7 milliard d’euros sur cinq ans.
Autre grand programme, « Ambi-
tion Rénovation Energétique »
(AmbRE) qui concerne la rénova-
tion thermique de 280 millions de
m² de bâtiments publics dont
150 millions de m² pour les écoles,
collèges et lycées. La Banque des
territoires met d’ores e t déjà à dispo-
sition des collectivités, dans le cadre
du Grand plan d’investissement
(GPI), une enveloppe de 2 milliards
d’euros de prêts sur f onds d ’épargne
de la Caisse des Dépôts. S’y ajoutent
500 millions d’euros de fonds pro-
pres de la Caisse des Dépôts sous
forme d’investissement. Nous
menons également un plan d’inves-
tissement pour développer la cou-
verture en fibre optique des territoi-
res ruraux (6 millions de prises).
Par exemple, d ans le Centre-Val-de-
Loire, nous investissons 72 millions
d’euros et devenons copropriétai-
res d’un réseau déployé dans les
zones rurales par TDF qui propo-
sera de la fibre aux particuliers et
aux entreprises. Avec « Aqua Prêt »,
nous mobilisons également deux
milliards d’euros.n

INTERVIEW//Olivier Sichel est directeur général adjoint de la Caisse des Dépôts. Il dirige la Banque


des Territoires créée en 2018 pour, notamment, investir davantage dans les projets de collectivités.


« Nous opérons selon un triptyque :


conseil, financement et opérations »


l’emprunt était difficile. Ce n’est plus
le cas depuis t rois ou quatre a ns, mais
son avantage concurrentiel sur les
autres prêteurs tient à sa capacité à
proposer des taux à long terme, sur
20, 25 ou 30 ans. » Et l’élu socialiste,
maire d’Issoudun, dans l’Indre, de
citer l’exemple du réseau d e chaleur
urbain qu’il s’apprête à déployer
dans sa commune pour réduire les
émissions de CO 2 , avec l’aide d’un
prêt de la Banque des territoires.
« Ce type d’investissement s’amortit
sur cinquante ans », précise-t-il.

Rebond (relatif)
des investissements
Si la Banque des territoires lui sem-
ble un partenaire « efficace », ses
effets sur le redémarrage des inves-
tissements dans les collectivités
sont toutefois limités par la baisse
des dotations, nuance André Lai-
gnel. « Moins les communes en reçoi-
vent, moins elles ont de capacité
d’autofinancement et moins elles
peuvent investir », résume-t-il. Une
étude de l’AMF et de la Banque des
territoires sur la situation finan-
cière des communes et des inter-
communalités observe un rebond
des investissements en 2017, après
un fort recul les trois années précé-
dentes. « Mais cette reprise n’a pas
gommé les précédents retraits,
regrette le vice-président de l’AMF.
Sur les cinq premières années du
mandat, o n estime la baisse des inves-
tissements à 15 %. Et la remontée des
dotations en 2018 a été contrebalan-
cée par une hausse du coût des tra-
vaux publics. »

Eliane Kan


Depuis mai 2018, un n ouvel acteur a
fait son apparition dans le paysage
du financement aux collectivités
locales : la Banque des territoires,
structure de la Caisse des Dépôts et
Consignations qui propose ses ser-
vices d’ingénierie et de financement
aux villes, aux intercommunalités,
aux bailleurs s ociaux o u encore a ux
entreprises publiques locales. Lors
de son arrivée au poste de directeur
général de la CDC, à l’automne 2017,
Eric Lombard avait promis de faire
de la lutte contre la fracture territo-
riale la première mission de l’insti-
tution. En partenariat avec l’Asso-
ciation des maires de France
(AMF), la Banque des territoires t ra-
vaille notamment à la revitalisation
des cœurs de ville.
« Il y a toute une série d’investisse-
ments pour lesquels le soutien de la
Banque des territoires est très utile,
commente André Laignel, premier
vice-président délégué d e l’AMF. On
a connu une période où accéder à


La Banque des Territoires
a pour raison d’être de
mobiliser l’épargne en
faveur des collectivités.
Mais son action devra
prendre en compte le
contexte, notamment
la baisse de la capacité
d’autofinancement des
communes, souligne
l’Association des maires
de France (AMF).


La fragile reprise


des investissements


dans les collectivités


STRATÉGIE


Olivier Sichel rappelle que « la Banque des territoires est aussi un
opérateur immobilier global au travers de CDC Habitat, filiale de
la Caisse des Dépôts. » Photo Caisse des Dépôts/Jean-Marc Pettina

Dans ce contexte, l’élu juge que
« les prêteurs reçoivent moins de
demandes des collectivités qu’ils ne
pourraient en honorer ». « Je con-
nais des communes qui n’ont pas de
dette, mais ne peuvent pas emprun-
ter pour autant, car elles n’auraient
pas les moyens de commencer à rem-
bourser », illustre-t-il. L’élu craint
un « trou d’air » important à partir
de 2020, l es communes ayant mobi-
lisé leurs moyens pour honorer
leurs promesses avant les élections
municipales. S’ajoute aux incertitu-
des la suppression de la taxe d’habi-
tation, contexte sur lequel la Ban-
que des territoires n’a pas de prise.
« Pour investir, conclut André Lai-
gnel, il faut avoir confiance en l’ave-
nir, et sur le plan financier, celle-ci
n’existe pour l’instant pas. »n

« Je connais des
communes qui
n’ont pas de dette,
mais ne peuvent
pas emprunter
pour autant,
car elles n’auraient
pas les moyens
de commencer
à rembourser »
ANDRÉ LAIGNEL
Premier vice-président
délégué de l’AMF

« Nous
intervenons
toujours en co-
investissement
avec un effet de
levier de sept.
C’est-à-dire
qu’un milliard
d’euros que nous
investissons
permet d’entraîner
7 milliards de co-
investissements. »

COMPRENDRE L’ARTMODERNE


21
NOV

LesAvant-Gardes :
autour desFauves
et des cubistes

19
DÉC

Entrearchaïsmeet
expressionnisme,
une nouvelle esthétique

23
JAN

Lesrévolutionsdans
l’art:Bauhaus,
Constructivisme,
Abstraction

27
FÉV

Dadaet les
Surréalistes,l’art
commeterraindejeu

19
MAR

L’ArtDéco et les
Expositions
internationales
de 1925et 1937

23
AVR
abst
etrec
euro

28
MAI
Nouv
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25
JUIN
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