Courrier International - 10.10.2019

(Brent) #1

Courrier international — no 1510 du 10 au 16 octobre 2019 31


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Les richesses, les ressources, les libertés sont
mal partagées. 36 cartes et infographies
pour mieux comprendre ces fractures mondiales

PRÉNOM

Atlas des inégalités 8,50 € x .... exemplaire(s) = €
Frais de port off erts 0€
Total = €

□ Monsieur □ Madame
NOM

ADRESSE

8,50


(^) €
Frais de port
oƒ erts
en circulation sur les réseaux
sociaux qui moquent le régime.
Ce n’est plus seulement le mili-
tantisme politique qui est réprimé.
Désormais, il suffit d’un simple
mot désobligeant sur le président
ou un commentaire du genre
“liberté pour untel” pour finir
au poste. Ce cauchemar fait que
tout le monde évite de se prome-
ner au centre du Caire.
Au prix d’un déploiement sécu-
ritaire sans précédent, le régime
a réussi à faire en sorte que tous
les lieux susceptibles de servir de
point de rencontre entre mani-
festants soient vides. C’en était
au point que tout le monde avait
vaguement l’impression que le
simple fait de se retrouver dehors
pouvait être considéré comme
un délit.
Loin du centre-ville, avec sa
place Tahrir [qui a été l’épicentre
de la révolution de 2011], une
grosse manifestation de sou-
tien au président a été organisée,
près de la place Rabia Al-Adawiya
[devenue célèbre pour le massacre
de militants des Frères musul-
mans par les forces de l’ordre,
dans la foulée du coup d’État du
maréchal Sissi, en août 2013].
“Nous sommes avec toi”, scande
la foule, tandis que des vedettes
de la chanson égaient le public.
Tout le monde sait qu’ils sont là
sur ordre, employés des petites
—Al-Modon Beyrouth
V
endredi 27 septembre,
quand le soir est tombé
sur Le Caire, on n’en
aurait pas cru ses yeux. Tout
était calme. La ville tout entière
semblait dormir, comme si tous
les habitants s’étaient couchés
plus tôt que d’habitude. Jamais
nous n’avions vu pareille chose.
Les rues du centre-ville, d’or-
dinaire grouillantes de monde,
étaient comme dans l’attente de
la clientèle.
De larges aplats d’asphalte vides
s’étalaient entre les carrefours,
eux-mêmes transformés en forte-
resses derrière les véhicules de la
police. De rares voitures passaient
à toute allure, et les quelques per-
sonnes qui devaient absolument
rentrer chez elles avaient pour
principale préoccupation de ne
pas se faire contrôler leurs télé-
phones portables.
Facebook. Car du jour au len-
demain il est devenu courant
d’être arrêté par un policier en
civil qui exige qu’on ouvre sa page
Facebook devant lui, pour trouver
des messages, vidéos ou photos
qui pourraient trahir des sympa-
thies pour les manifestants. Cela
a suffi pour mener en prison un
nombre impressionnant de per-
sonnes, vu la quantité d’images
Égypte
Peur sur Le Caire
La capitale de l’Égypte vit pratiquement
sous couvre-feu depuis que des centaines
de manifestants ont osé défier le régime policier,
au prix de disparitions et de milliers d’arrestations.
classes moyennes et badauds qui
en profitent pour emporter des
plateaux-repas qu’on y distribue
gracieusement. Il y a aussi des
jeunes, tous habillés de la même
façon. Aux sons du concert, beau-
coup ont l’air de marionnettes
aux mains du sultan. Certains se
prêtent aux jeux contraints pour
ne pas perdre leur gagne-pain.
Au cours des jours précédents,
il y avait déjà eu plus de 2 000
arrestations, la plupart du temps
des gens pris au hasard dans la
rue. Mais des personnalités ayant
un profil politique qui déplaît
au régime n’ont pas été épar-
gnées, tels l’avocate et militante
d’Alexandrie Mahinour El-Masry,
le professeur de sciences poli-
tiques Hassan Nafea ou le militant
Alaa Abdel Fattah. Celui-ci avait
été récemment libéré de prison,
après une précédente condamna-
tion politique, mais devait encore
pointer quotidiennement au poste
de police de son quartier. Ce jour-
là, il n’en est pas ressorti, et sa
famille a ensuite annoncé qu’il
avait été déféré devant le parquet.
Psychiquement brisés. Les
milieux littéraires aussi ont payé
leur tribut, avec la disparition de
deux grands talents. Le roman-
cier Muhammad Aladdin était
sorti pour aller chez un ami, mais
il n’est jamais arrivé chez celui-
ci, ni revenu à la maison ; la poé-
tesse Amina Abdallah, qui avait
des appréhensions devant les
appels à manifester et qui avait
conseillé de ne pas y répondre, a
été arrêtée alors qu’elle faisait des
courses, samedi matin.
Mais n’ayez pas l’idée incongrue
de demander au syndicat des écri-
vains de faire une déclaration de
solidarité. Ce syndicat se couche
devant le régime comme le font
toutes les instances et organisa-
tions de ce pays. On ne peut qu’es-
pérer qu’ils vont réapparaître, et
qu’au moins leur intégrité phy-
sique sera préservée.
Car ce n’est plus la peine de se
demander s’ils vont être psychi-
quement brisés. C’est le sort ordi-
naire de tous ceux qui passent
dans les mains de la police, une
police dont la brutalité est montée
d’un cran depuis qu’un simple
passage en prison ne suffit plus à
intimider les Égyptiens mais est
devenu pour nous une marque
d’honneur.
—Hicham Aslan
Publié le 29 septembre
↙ Liberté, démocratie. Peur, destruction.
Dessin de Tjeerd, Pays-Bas.

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