Les Echos - 07.10.2019

(Michael S) #1
monde où il pourrait ne plus y avoir
d’impression papier », explique-t-il
avant de décliner ses espoirs. Il
rappelle que son groupe se hisse
dans le top 50 des entreprises qui
déposent le plus de brevets au
monde.
Par exemple, Ricoh a su saisir
des opportunités pour vendre des
machines destinées à l’impression
sur textile (notamment sur des
T-shirts et des sacs en toile). « Mais
cela ne compense pas l’impression
papier qui représente encore 80 %
de nos revenus », poursuit Elie
Choukroun. Il mise donc davan-
tage sur le service en numérisa-
tion et en archivage auprès
d’entreprises désireuses d e
réduire leur coût d’impression et
leur consommation de papier.

Une porte d’entrée
vers le stockage
Peu à peu, Ricoh développe ses
activités de sociétés de services
informatiques auprès des PME
mais aussi d’A mazon. Pour ce der-
nier, il assure les réparations de
ses consignes de livraison auto-

matiques. L’an dernier, la fil iale
française est devenue membre du
Syntec numérique, l’association
professionnelle du secteur. Fort de
son réseau de maintenance de
proximité, Ricoh France forme
certains de ses salariés au déploie-
ment d’installation d’é quipe-
ments informatiques et de logi-
ciels. Ces d erniers ont parfois pour
mission de montrer comment...
imprimer moins.
Comme son concurrent Xerox,
Ricoh voit aussi ses services
comme une porte d’entrée vers
des espaces de stockages de docu-
ments en ligne. En juillet dernier,
la maison mère a fait l’acquisition
de Docuware, un spécialiste du
partage de fichiers, pour un mon-
tant tenu secret. Après cette opé-
ration, les dirigeants du groupe
ont indiqué qu’ils présenteraient
un p lan stratégique à trois a ns d’ici
à la fin de l’année. « En France,
nous voulons pouvoir apporter
encore d avantage de services à notre
base installée de clients », déflore
Elie Choukroun, sans exclure des
acquisitions en France. —Fl. D.

Ricoh se mue en installateur informatique


pour s’adapter au « zéro papier »


En annonçant une nouvelle vague
de suppression de postes, HP ne
fait pas exception sur le marché
des imprimantes. L’an dernier, le
japonais Ricoh s’était lui aussi
séparé de 4.000 personnes, dont
plus de 300 en France en dépit
d’un mouvement de grève des
salariés. « Nous étions arrivés à nos
limites économiques », regrette
Elie Choukroun, le président de la
filiale française de Ricoh et de ses
plus de 2.000 salariés pour
650 millions d’euros de recettes
annuelles. Mais le patron veut
désormais regarder devant.
Certes, le volume de papier
imprimé baisse d’environ 5 % par
an chaque année mais« cela fait
quinze ans que nous imaginons un

En France, le groupe
japonais se diversifie dans
l’impression sur textile,
mais aussi dans la mise
en place chez ses clients
de systèmes de numérisa-
tion et de partage
des documents. Il a
racheté Docuware cet été.

(qui fabrique des serveurs) et à
retrouver des couleurs sur le mar-
ché du PC. Mais l’activité dans les
imprimantes s’enfonce dans le
rouge de trimestre en trimestre
depuis le début de l’année.
En 2018, HP a enregistré un chif-
fre d’affaires de 58,5 milliards de
dollars, pour un bénéfice net de
5,3 milliards. Ses derniers résultats
trimestriels pointent une chute de
5 % de ses ventes d’imprimantes et
de consommables. Ce qui n’a pas
empêché Enrique Lores, le patron
de cette activité, de succéder à Dion
Weisler qui cède sa place pour des
raisons de santé. « Nous a llons trans-
former agressivement notre façon de
travailler », commente le dirigeant
espagnol dans un communiqué. Le
nouveau numéro un entend res-
tructurer HP pour l’adapter aux
nouvelles habitudes de consomma-
tion de ses clients, en particulier en
matière de cartouches d’encre, qui,
pendant longtemps, ont été la vache
à lait de l’entreprise.
Mais les salariés rechargent
aujourd’hui de moins en moins
souvent le toner de leur imprimante
au fur et à mesure de la numérisa-
tion des échanges et des politiques
« zéro papier » dans les bureaux.
« L’impression papier diminue de
5 % par an », estime le patron de
la filiale française d’un rival d’HP.

La concurrence chinoise et le
ralentissement de la conjoncture
économique des derniers mois ont
contrecarré les ambitions du
groupe, qui visait un accroissement
de ses parts de marché en 2017. C ette
année-là, HP a racheté pour 1 mil-
liard de dollars les activités impri-
mantes de Samsung, pensant faire
un relais de croissance d e son entrée
sur le marché du format A3.

Développer les services
HP compte dorénavant se concen-
trer davantage sur les services et
proposer par exemple de vendre ses
imprimantes à des prix cassés, mais
en s’assurant que son client s’engage
à acheter ses cartouches chez HP.
Seules ses imprimantes les plus chè-
res offriront la liberté de s’approvi-
sionner en cartouches d’une autre
marque. L’entreprise n’a pas évoqué
ses projets sur le marché naissant de
l’impression 3D. Ce plan devrait
coûter environ 1 milliard de dollars
mais en rapporter tout autant, cha-
que année, à partir de 2022. Pour
2020, HP annonce une hausse de
son résultat net par action par rap-
port à ses objectifs, inchangés, pour
l’année en cours. Vendredi, le cours
perdait 9 % à la Bourse de New York.

(


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Les derniers résultats trimestriels d’HP pointent une chute de 5 % de ses ventes d’imprimantes et de consommables. Photo Charles Krupa/AP/Sipa

Florian Dèbes
@FL_Debes
avec Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien


Le « nouveau chapitre » q ue
s’apprête à rédiger le prochain
patron d ’HP aura des a irs d e déjà-vu.
Près d’un mois avant de prendre son
poste de PDG, Enrique Lores est
monté en première ligne ce jeudi
pour justifier un nouveau plan de
suppression de postes à grande
échelle chez le fabricant américain
d’ordinateurs et d’imprimantes.
L’entreprise veut supprimer entre
7.000 et 9.000 emplois, soit presque
un salarié sur six du groupe aux
55.000 salariés. Ce plan mondial va
s’étaler sur une période de trois ans.
Des départs volontaires en prére-
traite mais aussi des licenciements
sont prévus, notamment dans les
services administratifs et les fonc-
tions supports. HP, qui emploie près
d’un millier de personnes en France,
notamment dans la région de Gre-
noble, n’a pas détaillé les réductions
d’effectifs prévus par pays.


Restructurations
Ce nouveau plan est décidé alors
que l’entreprise s’est déjà beaucoup
restructurée ces deux dernières
années. Sous la houlette de Dion
Weisler, son patron sur le départ,
HP s’est déjà séparé de plus de
4.500 personnes entre 2017 et 2019
et de 3.000 autres salariés en 2016.
Cela a aidé HP à digérer la scission
avec Hewlett-Packard Enterprise


lEnrique Lores,


le nouveau PDG


du fabricant


d’ordinateurs


et d’imprimantes,


prend ses fonc-


tions en novembre.


lIl prévoit


9.000 départs.


Nouvelle vague de suppressions


d’emplois chez HP


INFORMATIQUE


Basile Dekonink
@Bdekonink

L’annonce a dû faire pâlir le petit
fantôme de Snapchat. Alors qu’elle
renoue avec la croissance depuis
plusieurs mois et qu’elle doit pré-
senter ses résultats du troisième
trimestre dans les prochaines
semaines, la maison mère de la
messagerie éphémère va désor-
mais devoir composer avec un
encombrant voisin : « Threads », la
nouvelle fonctionnalité Instagram
dévoilée jeudi par le groupe de
Mark Zuckerberg.
Le patron de la firme de Menlo
Park pourrait bien avoir joué ici son
plus vilain tour à Snapchat, qu’il a
échoué à racheter par deux fois et
dont il s’emploie depuis à copier les

innovations. « Threads » est une
messagerie hébergée sur Insta-
gram et réservée aux « amis pro-
ches », que l’utilisateur choisit
parmi ses contacts. Une manière de
recentrer l’application de partage
de photos sur les échanges privés –
un changement de philosophie
annoncé depuis mars par Zucker-
berg – et... une spécificité propre à
Snapchat jusqu’ici.

Rouleau compresseur
« Threads » est surtout centré sur
l’image, comme son rival. L’applica-
tion s’ouvre directement sur la
caméra, permet de partager du
texte, des photos et des vidéos ins-
tantanément ainsi que du contenu
éphémère avec les « Stories », un
ensemble de fonctionnalités popu-

larisées par son concurrent. Seul
élément distinctif : la possibilité
d’ajouter un « statut », reliquat du
service de messagerie instantanée
de Microsoft MSN.
Pour les marchés, la menace est
claire. Snap a perdu un peu plus de
7 % à l’annonce de « Threads », un
trou d’air qui l’a ramené à son plus
bas depuis quatre mois.

Entre-temps, Snap avait enthou-
siasmé Wall Street avec des indica-
teurs à la hausse : 13 millions d’utili-
sateurs q uotidiens supplémentaires
en avril et juin, un chiffre d’affaires
qui flambe (388 millions de dollars,
+48 % sur un an) et une refonte de
l’application enfin digérée avec une
augmentation de 60 % du temps
passé sur Discover, l’onglet destiné
aux médias lancé en 2015.
Le groupe californien a même
profité de cet élan pour émettre, en
août, 1,1 milliard de dollars d’obliga-
tions c onvertibles en vue d’éventuel-
les acquisitions. Mais le rouleau
compresseur Instagram – plus de
1 milliard d’utilisateurs actifs, contre
203 millions pour Snapchat – pour-
rait donc mettre un terme à l’embel-
lie. D’autant plus qu’une autre plate-

forme, TikTok, chasse sur ses terres
avec une réussite insolente.
La firme dispose tout de même
d’un avantage non négligeable
avec ses filtres de réalité augmen-
tée, un véritable terrain de jeu pour
l’audience prisée des adolescents
et pour les marques.

« Projet Voldemort »
Et Snap pourrait bénéficier d’un
concours inattendu : l’enquête de la
FTC sur d’éventuelles pratiques
anticoncurrentielles. Depuis des
années, le groupe californien a
d’ailleurs pris soin de consigner
tous les coups bas de son adversaire
dans un dossier baptisé « Projet
Voldemort », du nom du mage noir
de la saga « Harry Potter », et qu’il a
partagé avec le régulateur.n

RÉSEAUX
SOCIAUX


Le groupe de Mark
Zuckerberg a dévoilé
une nouvelle message-
rie privée sur Insta-
gram, qui commence
à ressembler furieuse-
ment à Snapchat.


La maison mère de
l’application au fan-
tôme, qui retrouve
des couleurs depuis
le début de l’année,
perdait jusqu’à 7 %
en Bourse à l’annonce.


Mark Zuckerberg veut donner le coup de grâce à Snap avec Threads


203

MILLIONS
Le nombre d’utilisateurs
de Snapchat, contre plus
de 1 milliard pour Instagram.

« Nous allons
transformer
agressivement
notre façon
de travailler. »
ENRIQUE LORES
Nouveau PDG d’HP

HIGH-TECH & MEDIAS


Lundi 7 octobre 2019Les Echos

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